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Tout se tient : Yemen, l’épine dans le pied du « noyau dur » (ndlr)

Yemen : Saleh s’accroche, l’opposition s’insurge

Jeudi, 17 novembre 2011 - 7h52 AM

jeudi 17 novembre 2011

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Yémen . L’Onu refuse toujours de passer une résolution contraignante assortie de sanctions si la répression se poursuit. A Takz, 15 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des frappes à l’arme lourde. La situation reste figée.

Saleh s’accroche, l’opposition s’insurge

Le Conseil National des Forces de la Révolution yéménite (CNFR) a appelé, samedi dernier, l’Onu à imposer des sanctions au régime de Sanaa et à protéger les civils. Le CNFR, qui est une coalition de toutes les forces réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, s’élève contre le massacre de Takz qui a eu lieu vendredi dernier. « C’est un défi au Conseil de sécurité de l’Onu qui, dans sa résolution 2014 sur le Yémen, adoptée le 21 octobre, a souligné le droit de manifester pacifiquement », dénonce un communiqué du Conseil de la révolution.

Ce dernier estime que le régime ne se conformera pas aux résolutions internationales tant que des mesures de rétorsion n’auront pas été infligées aux responsables de la répression sanglante. Le CNFR invite « la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour mettre fin aux massacres de civils ». Réclamée depuis longtemps par l’opposition, une résolution contraignante de l’Onu n’a toujours pas vu le jour, Saleh mettant en avant la menace qu’Al-Qaëda représente au Yémen, se plaçant en rempart contre l’avancée terroriste. Dans sa résolution 2014, le Conseil de sécurité se contente de demander au président Saleh de signer le plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe.

« La mise en œuvre de cette résolution commence par le départ du chef du régime », rappelle le Conseil de la Révolution qui fédère, depuis sa création en août, l’opposition parlementaire, les jeunes protestataires, les militaires dissidents et des personnalités indépendantes.

Arrivé à Sanaa pour préparer un rapport sur la situation actuelle, l’émissaire de l’Onu, Jamal Ben Omar, se contente de déclarations frileuses soulignant la nécessité de parvenir rapidement à un règlement politique. Ben Omar a rencontré des représentants des jeunes protestataires et a promis d’envisager la mise en place d’une commission d’enquête sur les éventuels abus dans la répression des manifestants. Des paroles qui sont loin de contenter le CNFR.

L’armée yéménite a bombardé, vendredi 11 novembre, à l’artillerie lourde, un rassemblement anti-régime à Takz dans le sud-est du Yémen, faisant quinze morts, dont des femmes et des enfants, et une quarantaine de blessés, selon des sources médicales. Des accrochages ont eu lieu le lendemain à Takz entre les forces gouvernementales et des combattants tribaux qui soutiennent les protestataires.

Pas d’avancées

L’émissaire de l’Onu a émis l’espoir que sa mission soit l’occasion de régler les questions encore en suspens au sujet de l’application d’un plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe. Ce plan prévoit la démission du président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, en échange d’une immunité pour lui-même et ses proches.

Le président yéménite a toujours refusé l’application de ce plan. La répression du mouvement de contestation a fait plusieurs centaines de morts depuis janvier. La précédente mission de Ben Omar s’était terminée début octobre sur un échec. Un chef de l’opposition, Yassine Saïd Noomane, réitère que le CNFR est prêt et qu’il « revient au président Saleh de prendre la décision de signer l’initiative du Golfe, que l’opposition a déjà paraphée ».

Dans l’autre camp, le pouvoir continue de repousser l’application du plan de résolution, prétextant qu’il « reste encore des détails à régler », a affirmé Tarek Al-Chami, porte-parole du parti présidentiel. L’opposition refuse, quant à elle, le dialogue tant que Saleh n’aura pas démissionné.

Le plan du Golfe prévoit un transfert du pouvoir au vice-président Hadi, la formation d’un gouvernement de réconciliation et l’amorce d’une période de transition avant l’organisation d’élections présidentielles. Hadi, un homme de consensus, devrait être élu président pour une période transitoire de deux ans, qui serait consacrée notamment à l’élaboration d’une Constitution, à la réorganisation et la restructuration des forces armées ainsi qu’au règlement de la question du Sud, empreinte de velléités d’indépendance .

M. S.