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Accueil > NAKBA > Le district de Gaza ( n°4 de notre série de 14 districts) > District de Gaza : Najd

Et si on parlait de la Nakba ! (numéro 4)

District de Gaza : Najd

samedi 5 novembre 2011 - 08 H 00

samedi 5 novembre 2011

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

Le district de Gaza

Les villages détruits du district

‘Arab Suqrir (390 habitants) ; Barbara (2.410) ; Barqa (890) ; Al-Batani al-Gharbi
(980) ;
Al-Batani al-Sharqi 650) ; Bayt ‘Affa (700) ; Bayt Daras (2.750) ; Bayt Jirja
(940) ;
Bayt Tima (1.060) ; Bi’lin (180) ; Burayr (2.740) ; Dayr Sunayd (730) ; Dimra
(520) ;
Al-Faluja (4.670) ; Hamama (5.070) ; Hatta (970) ; Hiribya (2.300) ; Huj
(1.040) ;
Hulayqat (420) ; ‘Ibdis (540) ; ‘Iraq al-Manshiyya (2.220) ; ‘Iraq Suwaydan
(660) ; Isdud (4.910) ; al-Jaladiyya (360) ; al-Jiyya (1.230) ; Julis (1.030) ; al-
Jura (2.420) ;
Jusayr (1.180) ; Karatiyya (1.370) ; Kawfakha (500) ; Kawkaba (680) ; al-Khisas
(150) ;
al-Masmiyya al-Kabira (2.520) ; al-Masmiyya al-Saghira (530) ; al-Muharraqa
(580) ;
Najd (620) ; Ni’ilya (1.310) ; Qastina (890) ; al-Sawafir al-Gharbiyya (1.030) ;
al-Sawafir al-Shamaliyya (680) ; al-Sawafir al-Sharqiyya (970) ; Simsim (1.360)
Summil (950) ; Tall al-Turmus (760) ; Yasur (1.070).

Le village de Najd

Le village se dressait en un point élevé sur la plaine côtière du sud, et
surplombait les terres agricoles autour de lui. Plusieurs routes secondaires le
reliaient à la grande route côtière entre al-Majdal et Gaza, ainsi qu’aux villages du
voisinage. Son nom signifiait « terre haute » en arabe. En 1596, Najd était un village
de la nahiya (la plus petite unité fiscale dans le système administratif ottoman) de
Gaza, dans la liwa (province) de Gaza, avec une population de 215 habitants. Il
payait des taxes sur plusieurs récoltes, incluant du blé, de l’orge et des fruits, ainsi
que sur d’autres types de produits et de biens, comme des chèvres, des ruches, et
des vignes.

Edward Robinson, un érudit biblique américain, qui voyagea dans la région
en 1838, a noté que Najd se trouvait au sud d’un wadi (lit de rivière sec une partie de l’année). Il a observé les villageois en train de vanner de l’orge en le lançant en
l’air contre le vent avec des fourches en bois. À la fin du dix-neuvième siècle, Najd
était un petit village avec une citerne et un étang. Lorsque la population crût dans la
période du mandat, il s’agrandit en direction du nord-ouest. Les habitants du village
étaient musulmans, et les enfants allaient à l’école au village de Simsim, à 2 km
au nord-est. Les résidents du village travaillaient principalement dans l’agriculture
et l’élevage. Des champs de céréales et des arbres fruitiers entouraient Najd de
tous les côtés. Les arbres fruitiers étaient concentrés sur les côtés nord et nord-
est – où de l’eau d’irrigation était disponible de puits – et dans les lits des wadis
qui traversaient les terres. En 1944/45, 10 dunums (1 dunum = 919 m²) étaient
consacrés aux citrons et aux bananes, et 11.916 dunums étaient dévolus aux
céréales ; 511 dunums étaient irrigués ou utilisés comme vergers. Khirbat Najd
était localisé au sud du village et contenait de grossières fondations en pierre de
bâtiments anciens, de voûtes et de citernes.

Occupation et nettoyage ethnique

Les villageois de Najd furent expulsés le 13 mai 1948, juste avant la
proclamation de l’État d’Israël. L’historien israélien Benny Morris écrit que les
habitants de Simsim, dans le voisinage, furent expulsés en même temps par la
brigade du Negev du Palmach. La brigade lança plusieurs petits raids en direction
du nord et de l’est, en coordination avec l’expansion vers le sud de la brigade Giv’ati
dans la première moitié de mai.

Implantations israéliennes sur les terres du village

Deux colonies furent établies sur les terres du village : Sderot, fondé en 1951
au sud du site ; et Or ha-Ner, fondé en 1957, plus près du site, vers le nord-est.

Le village aujourdhui

Le site est clôturé. Quelques vieux arbres poussent sur lui, ce qui suggère
qu’il a pu être reclassifié comme aire de préservation de la nature.

Le site est
recouvert de cactus, d’arbustes épineux et de sycomores, et contient les murs
écroulés de bâtiments non identifiés dont il est difficile de déterminer l’utilisation
antérieure. Il y a également un canal d’irrigation. Les terres environnantes sont
cultivées par des fermiers israéliens.

Pour en savoir plus : english
arabic

Images : Palestineremembered.com

Revenir à la présentation générale des faits qui constituent la Nakba.