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Un bon reflexe : « se mettre à la place de » - Valable en tous les cas et en tous les lieux (ndlr)

BRUTALITÉ - Par NICOLAS DEMORAND

Vendredi, 4 novembre 2011 - 9h58

vendredi 4 novembre 2011

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Mettons-nous un instant à la place des Grecs.

Leur pays est en faillite.

Au G20 de Cannes ou de Canossa, leur Premier ministre fut convoqué comme un laquais par le couple franco-allemand.

Obligé de faire antichambre pendant deux longues heures.

Renvoyé à sa banqueroute pendant une conférence de presse où se joue le destin de son pays.

S’il veut faire un référendum, la question lui sera dictée.

S’il veut de l’argent, il devra faire allégeance à ceux qui désormais gouvernent chez lui.

L’alternative ? Le protectorat ou la honte. Personne ne sait comment évoluera la crise européenne. Elle peut toucher demain l’Italie ou l’Espagne, après-demain la France, déjà sous surveillance.

Lequel de ces pays accepterait un tel traitement, une telle humiliation ?

Que diraient à la télévision, devant leur peuple, leurs citoyens, des dirigeants élus qui ne dirigent plus rien ? Sale atmosphère en Europe.

Dangereuse brutalité des rapports entre des Etats membres d’une construction politique qui fut précisément créée pour dépasser, via un destin commun, les relations internationales à l’ancienne, marquées par la domination dérégulée des forts sur les faibles.

Le sauvetage de l’Europe et de l’euro, toujours pas assuré, toujours aussi incertain, se paye déjà au prix fort : la résurgence de la forme la plus archaïque de la politique dont on imaginait, un peu trop rapidement, avoir été définitivement débarrassé.

Mettons-nous donc un instant à la place des Grecs : la meilleure position pour contempler les premiers ébranlements au cœur du rêve européen.