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Par Daniel Salvatore Schiffer (1)

Le refus des USA de voir la Palestine à l’UNESCO : honte à Obama !

Jeudi, 3 novembre 2011 - 7h54 AM

jeudi 3 novembre 2011

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En décidant d’arrêter de subventionner l’UNESCO, les Etats-Unis vont à l’encontre de la réconciliation des peuples entamée grâce à l’adhésion du pays comme Etat Membre de cette agence de l’ONU. Une attitude indigne du pays dirigé par Barack Obama, prix Nobel de la paix.

S’il est, sur cette terre, une institution qui fait aujourd’hui honneur à l’humanité tout entière, c’est bien l’UNESCO, que l’ONU créa, au lendemain de cette immense tragédie que fut la Seconde Guerre mondiale, en 1946. Et, qui plus est, à Paris, capitale d’une France dont la glorieuse devise nationale - liberté, égalité, fraternité -, elle-même issue de la Révolution de 1789, donna naissance au socle moral de la très démocratique charte de ces mêmes Nations-Unies.

Le vote d’adhésion de l’Etat palestinien comme état membre à l’UNESCO le 31 octobre 2011 (M. MEDINA/AFP)

Ce sigle, UNESCO, constitue, du reste, l’un des plus beaux symboles, en même temps que l’une des plus nobles initiatives, de l’histoire moderne : « United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization ». En français, dans le texte : Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture.

Ainsi cette vénérable et prestigieuse institution se consacre-t-elle, en premier lieu, à l’alphabétisation des populations les plus défavorisées sur le plan socio-économique, à la diffusion de l’enseignement partout ou celui-ci fait défaut, à la lutte contre le racisme partout où ce dernier sévit, à la défense des droits de l’homme et de la femme partout où ils sont niés, à la recherche scientifique et à la préservation du patrimoine culturel mondial. Bref, rien que des causes d’une rare élévation morale, sinon spirituelle.

C’est dire qu’accueillir en son sein, en tant que membre à part entière et non plus seulement à titre d’"observateur", une entité telle que Palestine, comme elle vient de le faire en cette historique date du 31 octobre 2011, représente, comme pour tout autre pays, un énorme sentiment de satisfaction tout autant que de fierté, sinon de joie.

Les Etats-Unis sont-ils un champion de la démocratie ?

Davantage, n’est-ce pas là, en œuvrant ainsi pour la réconciliation entre les peuples et la concorde entre les nations, le meilleur moyen, le plus subtil et efficace à la fois, de plaider, à partir d’un aussi haut pupitre, diplomatique de surcroît, pour la paix elle-même ?

Incompréhensible, donc, ce fait que les Etats-Unis d’Amérique, pays se disant champion de la modernité et garant de la démocratie aux quatre coins de la planète, se refusent obstinément à voir cette Palestine admise aujourd’hui, après s’être déjà opposés il y a un peu plus d’un mois à sa reconnaissance à l’ONU, au sein de l’UNESCO.

Pis, il est pour le moins paradoxal que son président, Barack Obama, ne pipe mot, en tant que prix Nobel de la paix, sur cet important dossier, préférant donc répondre lui aussi, en fin de compte, à de bas mais très rentables calculs électoralistes, eux-mêmes dictés par de puissants lobbys juifs, plutôt que d’écouter sa conscience d’homme libre et responsable.

Quant à cette attitude, de la part des USA toujours, consistant à suspendre dorénavant leur contribution financière, en guise de représailles, à cette même UNESCO (soit presque un quart de son budget annuel), elle s’avère, tout simplement, inqualifiable, sauf à lui attribuer le très laid mais très réaliste terme, en la circonstance, de « honte ».

Obama doit être digne de son prix Nobel de la paix

Je l’ai déjà dit, du reste, à maintes reprises : Barack Obama, par ses assourdissants silences sur les questions humanitaires les plus urgentes comme par ses trop nombreuses compromissions en matière de politique internationale, se révèle un indigne prix Nobel de la paix : un démagogique pitre qui, en ces jours d’Halloween, préfère apparemment s’exhiber, hilare, sur le perron de la Maison Blanche, en y distribuant des citrouilles à des enfants, plutôt que de travailler, sérieusement, à la nécessaire entente entre les hommes et, partant, à l’encore plus impérieuse paix du monde.

Ne se rend-il donc pas compte, Obama, à quel point le pays de l’oncle Tom, qu’il préside avec si peu de courage moral et de vision politique, peut parfois choquer, bien plus encore que décevoir ? Yes, shame on you, Mister President : no, you can’t !

Mais, heureusement pour lui, le comité d’Oslo ne s’avère-t-il pas aussi mesquin que le gouvernement de Washington, car, en d’aussi injustes et abjectes conditions, il pourrait très légitimement retirer lui aussi, en guise d’identiques rétorsions et suivant le même, horrible mais édifiant, exemple, son prix Nobel de la paix à Barack Obama, qu’il lui accorda un peu trop précipitamment et, surtout, bien trop généreusement.

D’aucuns, les vrais pacifistes et authentiques démocrates, ceux pour lesquels les mots ont encore un sens, le réclament, d’ailleurs, depuis un certain temps déjà. Et, il faut bien l’avouer, ils n’ont pas tort !

La réaction honteuse d’Israël

Mais la réaction d’Israël à l’encontre des Palestiniens, suite à leur adhésion à l’UNESCO, ne s’avère pas moins honteuse. Elle ressemble même furieusement à une véritable et tout aussi indigne provocation, en tout point contraire à cet esprit de paix censé régir, idéalement, les rapports - un dialogue sain et constructif - entre ces deux peuples.

Ainsi, cette brutale et inique décision, en guise de réponse punitive de la part de l’actuel gouvernement israélien, d’accélérer la colonisation dans les territoires occupés de Cisjordanie, comme de geler le transfert de fonds destinés à l’Autorité Palestinienne (50 millions de dollars permettant la survie de 140.000 fonctionnaires palestiniens) est-elle, elle aussi, scandaleuse.

Quant à la coupure d’Internet que vient d’opérer Israël dans la Bande de Gaza, coupure destinée à y isoler davantage encore les Palestiniens, c’est là une pratique, particulièrement ignoble, que l’on croyait réservée, jusqu’ici, aux seules dictatures.

Non, l’intellectuel juif que je suis, qui alla naguère défendre au péril de sa vie Jérusalem et Tel Aviv des « scuds » de Saddam Hussein lors de la première Guerre du Golfe, ne reconnaît plus, là, Israël.

Davantage, ce vil type de châtiment sonne comme une terrible trahison, l’une des pires qui soit, de ce que l’âme juive porte - je continue malgré tout à le penser - de meilleur en elle !

(1) Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, auteur de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas » (PUF), signataire du JCall (European Jewish Call For Reason - Appel des Juifs Européens à la Raison), mouvement de juifs progressistes préconisant la cœxistence, pour une paix juste et durable, des Etats d’Israël et de Palestine.