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Les messagers de la mort (ndlr)

« Libye : des milliers de tonnes d’explosifs à ciel ouvert »

Vendredi, 28 octobre 2011 - 17h29

vendredi 28 octobre 2011

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Elles dorment sans surveillance dans d’immenses stocks dans le désert libyen ou traînent dans les ruines de Syrte, dernier refuge de Mouammar Kadhafi : des milliers de tonnes de munitions présentent encore une menace mortelle pour la région dévastée, et bien au-delà.

Le danger le plus immédiat -les petits stocks cachés de munitions des pro-Kadhafi et des milliers d’obus et roquettes non explosés- pèse sur les habitants de Syrte (360 km à l’est de Tripoli), où l’ancien « Guide de la révolution » a été tué le 20 octobre.

Dans la rue du 1er Septembre, l’une des plus grandes artères, des obus de 100 mm intacts reposent au milieu de la chaussée tandis que quelques habitants vaquent dans les décombres alentours.

Guy Marot, spécialiste des explosifs à la Croix-Rouge, y constate « une contamination intense » en munitions non explosées. « Je m’attendais à pire, mais beaucoup de munitions ont fonctionné. Il y a néanmoins énormément de travail », explique-t-il.

La Croix-Rouge répète aux habitants de ne pas toucher aux explosifs. Mais « il y aura forcément des victimes parmi les gens qui déplaceront les munitions », s’inquiète M. Marot.

Face à cette menace, le gouvernement américain a débloqué 40 millions de dollars et envoyé des dizaines d’experts, dont certains sont à pied d’oeuvre dans le centre-ville.

A plus long terme, les bases militaires autour de Syrte menacent la stabilité de tout le Sahel : des quantités invraisemblables d’armes, y compris des missiles dernière génération très performants, restent sans aucune surveillance - de quoi alimenter plusieurs guerres africaines.
« Cela fait des mois que nous avertissons le Conseil national de transition (CNT, nouveau régime libyen) et l’Otan » du danger, déplore Peter Bouckaert, directeur des opérations d’urgence à l’organisation Human Rights Watch (HRW).

Des responsables des Nations unies ont récemment exprimé leur crainte que certaines armes ne soient déjà parvenues aux rebelles du Darfour, limitrophe de la Libye, ou aux insurgés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Dans une installation des faubourgs de Syrte, des inspecteurs de HRW ont découvert « au moins 14 caisses vides ayant un jour contenu un total de 28 missiles SA-24 », un missile sol-air russe très sophistiqué capable d’abattre un avion civil en vol, ainsi que des missiles sol-air SA-7 intacts. Pendant que HRW inspectait les lieux, « des civils et des combattants anti-Kadhafi armés sont arrivés (...) pour déplacer encore plus d’armes », selon M. Bouckaert, qui précise que les armes automatiques légères avaient apparemment déjà été emportées.

Plus loin dans le désert, un arsenal beaucoup plus important dort au milieu des sables, à 120 km au sud de Syrte : l’expert de HRW l’estime à « des dizaines de milliers de tonnes de munitions ».

Entourée de collines au sommet plat, perdue au milieu de nulle part, l’installation, où pas un garde n’a été visible ces derniers jours, compte quelque 80 bunkers de béton contenant des munitions essentiellement russes et françaises.

Obus d’artillerie de tous calibres, munitions pour canons antiaériens, missiles thermiques ou à tête explosive au Semtex, missiles anti-char, roquettes Grad à fragmentation, bombes aériennes lourdes de 250, 500 ou 900 kg, grands tubes formant sans doute les éléments d’un système de missile russe S300 à fragmentation d’une portée de 120 km, pièces détachées (ailettes, têtes explosives, réacteurs) de missiles lourds...
L’inventaire est sans fin. Dans un seul de ces bunkers, à moitié vide, un journaliste de l’AFP a compté 8.000 obus de 100 mm pour chars.
Autour de la base déjà ouverte à tous vents, des milliers de caisses de munitions de toutes sortes jonchent le sable, dispersées à la hâte sur des dizaines d’hectares par les pro-Kadhafi qui craignaient que l’Otan ne les détruise.

Ce qui n’est jamais arrivé : certains bunkers ont déjà été pillés, mais il n’y a aucune trace de bombardement.

Source : Al-Oufok avec les agences