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Accueil > NAKBA > Le district de Beersheba ( n° 3 de notre série de 14 districts) > District de Beersheba : al-’Imara

Et si on parlait de la Nakba ! (numéro 3)

District de Beersheba : al-’Imara

Vendredi 21 octobre 2011 - 11 H 50 AM

vendredi 21 octobre 2011

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous avons ouvert une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

Le district de Beersheba

1 al Imara 2 al Jammama 3 al Khalasa

Les villages détruits du district

al-‘Imara (?) ; al-Jammama (?) ; al-Khalasa (?).

Le village d’ al-‘Imara

al-‘Imara avant 1948

Le village, qui était classé en tant que hameau dans le Palestine Index
Gazetteer, était situé au milieu d’une vaste plaine. Des routes secondaires le reliaient
à Beersheba et à Gaza, à 22 km en direction du nord. En raison de l’aridité de la
région, qui recevait 200 à 300 mm de pluie par an, l’agriculture pluviale n’était pas
possible. Ceci veut dire que les habitants de al-‘Imara dépendaient de cultures
saisonnières dans les lits des wadis (gorges de rivières sèches une partie de l’année)
du voisinage. Un cours d’eau saisonnier important, Wadi-al-Shalala, apparaissait à
environ 2,5 km à l’ouest du village, et la source de Ayn-al-Shalala était également
proche, vers l’ouest. Les villageois cultivaient les terres au nord et au sud du site du
village. Un poste de police avait été construit sur le territoire du village à environ 1 km
au sud du village lors de la période du mandat britannique.

Occupation et nettoyage ethnique

Une « bataille de petite envergure » a été signalée dans le voisinage du
village par le New York Times aussi tôt que le 26 décembre 1947, lorsqu’un patrouille
sioniste se heurta aux habitants du lieu. Une grande étendue de terrain autour de
al’Imara fut occupée par l’armée israélienne lors de la seconde trêve de la guerre,
à peu près vers la fin septembre et les premiers jours d’octobre 1948. Le troisième
bataillon de la brigade Yiftach organisa deux opérations de « nettoyage » en violation
des accords de trêve, selon l’historien israélien Benny Morris. Morris ne mentionne
pas si al-‘Imara même fut alors occupé, mais le quartier général de la brigade déclara
que « tous les Arabes étaient expulsés », qu’il avait confisqué leurs provisions et fait
sauté les citernes.
Il se peut que le village soit tombé aux mains israéliennes auparavant.
La « History of the Haganah » relate que les troupes du Palmach (compagnies de
choc mobiles de la Hagannah) s’étaient emparées du poste de police au sud du
village dès que les Britanniques l’eurent évacué, quelque temps avant le 15 mai
1948. Ce qui est sûr, c’est qu’à la fin de 1948, le village était fermement tenu par les

mains israéliennes. Au début de janvier 1949, la brigade Golani disposait d’une base
dans et autour du village, et s’en servit comme base de départ pour une opération
ratée visant à occuper le village de Rafah dans la bande de Gaza, où se trouvait le
grand quartier général égyptien.

Implantations israéliennes sur les terres du village

La colonie de Urim fut construite sur les terres du village à environ 1 km au
sud du site en 1948.

Le village aujourd’hui

Le site du village a été complètement recouvert par le kibbutz d’Urim. Bien
que le kibbutz ait été établi en 1946 près du village d’al-‘Imara, lors de la guerre
de 1948 il se déplaça sur l’emplacement de l’ancien poste de police britannique.
À environ 2 km au sud-est du kibbutz actuel se trouvent des restes de plusieurs
structures de pierre. Ces dernières proviennent de maisons qui avaient appartenu
à des familles de bédouins et n’étaient pas considérées comme faisant partie de
al-‘Imara.


Pour en savoir plus : english-

arabic,

Images : Palestineremembered.com et photographium

Revenir à la présentation générale des faits qui constituent la Nakba.

Consulter l’article numéro 2

Consulter l’article numéro 1