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Au delà du péché « capital »

La curée

Jeudi, 13 octobre 2011 - 7h49 AM

jeudi 13 octobre 2011

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L’INDECENCE OSTENTATOIRE

Les images diffusées hier soir, par la télévision, de ce « charter » rempli d’environ 80 « hommes d’affaires » se rendant en Lybie pour récolter, dans le cadre d’une reconstruction post conflit (non achevé) , les fruits d’une destruction massive à laquelle les entreprises de certains d’entre eux avaient contribué activement en fournissant les outils de la démolition, avaient un relent nauséabond, provocateur et surréaliste.

Le parallèle se faisait inconsciemment avec quelques scènes de documentaires sur l’Afrique dans lesquels on voit des chacals, terrés dans les fourrés, attendant que le roi des animaux et ses compagnes leurs laissent quelques restes sur lesquels ils vont se ruer pour une curée sauvage.

Là, il s’agissait d’être les premiers, « capio primam partem, quoniam nominor Leo », à venir chercher la récompense d’une intervention militaire décisive ( ?) destinée, notamment, à redorer un blason bien terni par les atermoiements, voire volte faces, sur la conduite tenue lors des soulèvements populaires tunisiens et égyptiens.

Il s’agissait, les cadavres fussent-ils encore chauds, de rafler la mise et de « montrer au monde » que, la France, « cette grande nation dont la planète ne pourrait se passer », avait encore les moyens de jouer un rôle décisif en sortant ses ergots sur fond de cocorico et d’hymne national belliqueux.

Sous haute escorte de protection, le bataillon du business passa en revue ses homologues libyens venus, petit drapeau tricolore en main, serrer la main avide qui se tendait, l’œil rivé sur un horizon plein d’espoir sur fond duquel se déroulait un diaporama où dollars, euros, yen, yuan défilaient dans une course effrénée à la survie dans la panse ventrue de galions voguant sur un bain de sang et de larmes d’innocents sacrifiés sur l’autel du profit à tout prix.

Antoine Roquetin, personnage de La Nausée, de Jean-Paul Sartre, aurait probablement trouvé hier une justification à ce mal-être actuel qui vire, indignation dépassée, à une révolte des consciences.

Michel Flament

Coordinateur