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Interview de Paul Jorion

Vendredi, 2 septembre 2011 - 9h48 AM

vendredi 2 septembre 2011

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Spécialiste des questions économiques

« Aujourd’hui, la Grèce emprunte sur les marchés à 17,82 % sur 10 ans et 42,96 % sur deux ans. C’est un taux de faillite. »

La dette grecque serait « hors de contrôle ». Qu’en pensez-vous ?

On s’en doutait depuis un moment. Car les plans qui ont été imposés l’an dernier à la Grèce par les représentants de la zone euro et du FMI étaient intenables. Notamment les mesures dont on savait qu’elles allaient enflammer la rue : les privatisations, des réductions drastiques, la baisse des salaires, l’augmentation des impôts etc. Et cependant, il y a des dépenses faramineuses qu’on n’a pas voulu remettre en question, ce sont les dépenses militaires. Car elles arrangeaient certains partenaires comme la France et l’Allemagne qui vendent des armes à la Grèce.

Que faut-il faire ?

Il va falloir refaire les comptes et restructurer la dette grecque avec des conséquences considérables pour les Grecs. Aujourd’hui, la Grèce emprunte à 17,82 % sur 10 ans. Et à 42,96 % sur 2 ans ! C’est un taux de faillite. Elle ne peut pas aller chercher de l’argent sur le marché à ces taux-là. Cela précipite la chute de ces États déjà endettés.

Les créanciers européens et notamment français sont-ils particulièrement exposés ?

Ah, oui ! On le sait depuis longtemps. On sait que la Société Générale est particulièrement exposée. C’est pourquoi les prétendues rumeurs qu’il y a eu ces derniers temps n’étaient pas des rumeurs. Mais la lecture de lettres confidentielles que différentes banques envoient à leurs clients fortunés. Il n’y a pas eu de campagne orchestrée par les États-Unis mais des informations qui montrent que la France et l’Allemagne vont devoir payer.

C’est-à-dire les banques…

La situation qui se prépare risque d’être difficile pour les banques françaises dont on voit mal comment elles pourraient échapper à une nationalisation partielle ou un soutien effectif de l’État, le temps de les renflouer.

Propos recueillis
par Marcel GAY pour l’Est républicain