Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > La résistance est logique, juste et reconnue par le droit international

Provenance CCIPPP

La résistance est logique, juste et reconnue par le droit international

Par Agustin Velloso

mercredi 22 mars 2006

Agustin Vellogo enseigne l’Education comparative à l’université de l’enseignement à distance de Madrid. Il a publié Palestinian education : a national curriculum against al odds (journal international pour le développement éducatif ) et Sanctions, War, Occupation and the De-Development of Education in Iraq (revue internationale pour l’Education).

Le reste n’est que pure propagande, pour servir l’oppresseur, mais pas les victimes.
La résistance est logique, juste et reconnue par le droit international. Le reste n’est que pure propagande, pour servir l’oppresseur, pas les victimes. Jour après jour, sans discontinuer depuis la victoire du Hamas aux élections de janvier, les éléments traditionnellement anti-arabes et pro-sionistes - déguisés en journalistes et en analystes - prédisent un avenir sombre pour les Palestiniens sous le régime du Hamas. En même temps, les mafiosi habituels, déguisés, eux, en leaders politiques oeuvrant au « processus de paix », menacent et font chanter les Palestiniens qui ont choisi une option politique qui ne concorde pas avec les projets d’Israël, des USA et de l’UE pour le Moyen-Orient.

Certains disent que maintenant les « terroristes » ont le pouvoir, que les fondamentalistes musulmans sont susceptibles de resserrer les liens avec d’autres groupes et gouvernements extrémistes de la région. Les pouvoirs occidentaux demandent au Hamas d’arrêter la violence, de reconnaître Israël et de désarmer, alors qu’Israël occupe la terre palestinienne, en vole et en détruit les ressources, tue, estropie et emprisonne des milliers de Palestiniens et leur rend à tous la vie insupportable.

Le coeur du problème palestinien est comme par hasard mis de côté. Encore une fois, les responsabilités sont imputées aux Palestiniens. Maintenant c’est le tour du Hamas (un groupe « terroriste »), mais il y a deux ans, c’était celui d’Arafat (lui-même catalogué comme « terroriste ») ; il y cinq et quinze ans, c’était la première et la seconde Intifada (la « terreur » palestinienne) ; il y a vingt ans, c’était l’intransigeance arabe à l’égard d’Israël (« les nazis palestiniens ») ; et il y a soixante ans, c’était parce que les Palestiniens n’avaient pas accepté la partition de leur pays, entre eux et les Juifs (« la soif de sang des Arabes »).

Au début du XX è siècle, la Palestine était sous mandat britannique. Le colonialisme était toujours très répandu. La Reine a fourni au mouvement sioniste l’occasion de s’installer sur cette terre bien que ce ne soit pas la sienne (déclaration Balfour). Les sionistes ont profité de cette proposition et y ont établi finalement l’Etat d’Israël en 1948. A cette époque, environ 750 000 Palestiniens, qui vivaient là, ont été transformés en réfugiés. Les sionistes ont pris, par la force, une terre habitée par les Palestiniens.

Depuis lors, les choses se sont détériorées pour les Palestiniens, pendant qu’Israël volait toujours plus de terre, empêchant les réfugiés de revenir dans leurs maisons et entravant l’exercice de leurs droits. Depuis 1948, Israël est en permanence en infraction par rapport au droit international, spécialement par la violation des résolutions des Nations unies et des Conventions de Genève, ce qui signifie que la communauté internationale est tout aussi responsable du sort des Palestiniens, aujourd’hui comme au début du conflit.

Le problème palestinien est habituellement présenté comme une question politique fort complexe, avec des ramifications religieuses, historiques et culturelles. En réalité, ce qui a eu lieu en Palestine peut aisément s’expliquer sans se lancer dans la grande technicité : le vol d’une terre, l’expulsion de la population indigène en 1947 et 1948 ; y ajoutez l’occupation en 1967 et une répression violente continuelle de la population pour lui faire abandonner sa terre pour toujours, ou à défaut, de ne lui laisser aucun espoir de la reprendre et de pouvoir faire respecter ses droits humains et nationaux.

Malgré cela, pour beaucoup de gens en Occident - pour lesquels il n’y avait évidemment aucun peuple au Moyen-orient et sur les autres territoires soumis - ce sont les Palestiniens qui sont responsables de la violence et de l’absence de paix dans la région et au-delà. Ainsi, ce sont les victimes qui sont blâmées pour ne pas avoir donné leur accord à leur dépossession, à leur nettoyage ethnique et à leur rude répression.

Peu de gens semblent prêter attention au fait que ni l’occupation de la terre, ni l’exploitation de ses ressources ne peuvent se réaliser sans violence de la part de l’occupant. L’histoire du colonialisme est l’histoire de la violence par les nations puissantes et agressives contre les peuples sans défense. Israël n’est ni le premier ni le seul pays qui profite de sa puissance écrasante : vous rappelez-vous les tanks et les avions de combats contre les pierres et les roquettes artisanales ? Ce déséquilibre montre bien quel côté terrorise l’autre.

Il n’y a aucune équivalence morale entre la violence de l’oppresseur et celle de l’opprimé. C’est une chose d’agresser quelqu’un et c’en est une autre de se défendre soi-même, surtout quand les forces sont aussi disproportionnées en tous domaines. Les Palestiniens, comme toute population sous occupation, ont le droit de résister, un droit reconnu par la loi internationale et il prévaut sur un « processus de paix », sur « les accords d’Oslo », sur « la Feuille de route », et sur toutes autres astuces politiques qui nuisent aux plus faibles.

Les Palestiniens n’ont aucune place sur leur propre terre parce qu’Israël la convoite pour y installer exclusivement des Juifs. C’est pourquoi il est nécessaire de rendre aux Palestiniens la vie insupportable : assassinats, emprisonnements, des conditions de vie comme dans des camps de concentration, sans justice ni espoir, humiliations continuelles... ainsi, ils vont finalement abandonner et partir pour toujours. Il s’agit d’un lent génocide, par petites doses ou, plus précisément, d’un Holocauste palestinien, c’est le mot adéquat et sous-utilisé aujourd’hui pour qualifier ce qui se passe en Palestine et au Moyen-Orient. Les médias occidentaux ne veulent pas le voir, mais lorsque les victimes réagissent par désespoir, alors elles apparaissent en première page sous le titre « Terreur ! ».

Récemment, le « facteur Islam » a été ajouté par la propagande occidentale ; ainsi, cette religion est devenue partie intégrante de « la guerre contre la terreur ». Assez bizarrement, les deux missiles de cinq cents kilos, juifs et chrétiens, qui viennent d’être lancés sur les quartiers d’une Gaza surpeuplée, ne sont pas les produits du fondamentalisme religieux. Les victimes dans ce cas sont des dommages collatéraux ou des « terroristes recherchés », jamais la cible d’extrémistes juifs et chrétiens contre un peuple musulman innocent.

Il y avait un combat de libération de la Palestine bien avant l’Islam politique, le panarabisme et avant le communisme. En deux mots : aucun peuple ne veut être privé de sa terre et devenir un peuple esclave ou réfugié. La résistance est parfaitement logique, juste moralement, et reconnue par le droit international. Le reste n’est que pure propagande, pour servir l’oppresseur, mais pas les victimes.

Chose assez curieuse, quelques personnes de gauche en Occident ont été déçues par la victoire du Hamas. Certaines sont trop timides pour montrer leur soutien, et encore moins pour se réjouir du résultat des élections. Personne à gauche, ni chez les écologistes, ni dans les partis sociaux-démocrates ou libéraux, en Europe et en Amérique, n’a pu empêcher les massacres de Jénine, de Rafah, Hébron, Jabalia,... aucun d’entre eux n’a été capable d’en conduire les responsables devant les tribunaux. Et les Palestiniens devraient attendre encore 50 ans pour obtenir une protection des partis de gauche occidentaux ?

Le Fatah, comme parti dominant de l’Autorité palestinienne, peut manquer aux partis de gauche mais le combat de libération, avec le Fatah, conduisait à plus de Palestiniens tués, emprisonnés et vivant sous le seuil de pauvreté, pendant toujours plus de terre palestinienne s’en allait sous contrôle israélien et ceci, avec la bénédiction de la communauté internationale pour le principe du « processus de paix » !

La gauche demande le dialogue entre les parties, mais elle ne dit pas ce que pourrait dire exactement Abu Mazen à Sharon. Elle demande simplement à Sharon de montrer de la retenue, et à Abu Mazen d’abandonner les droits des Palestiniens. On peut considérer difficilement ceci comme un dialogue, c’est plutôt la loi du plus fort sur le plus faible. La gauche devrait plutôt demander à Israël de se mettre en conformité avec la loi internationale : cesser l’occupation, rendre la terre, libérer les prisonniers, laisser les réfugiés revenir, s’excuser et payer les indemnités pour les dommages causés depuis 1947. Plus tard, la gauche pourrait demander aux Israéliens et aux Palestiniens, de déposer les armes, de se reconnaître mutuellement et même, d’échanger des groupes de musique folklorique.

Las du vol de leur terre et de la violation de leurs droits par Israël, et aussi de la corruption de leurs propres dirigeants, les Palestiniens les ont virés du pouvoir, ce fut un choix tout à fait démocratique, pacifique et de gauche. Après 40 années d’occupation, une vraie gauche devrait dire - mais c’est difficile d’apercevoir la lumière au bout du tunnel (les mensonges du processus de paix) - qu’il est très difficile de combattre deux ennemis à la fois : les sionistes et l’intérieur (les collaborateurs du gouvernement).

Heureusement, les choses ont basculé en janvier dernier. Maintenant, il est temps de soutenir le Hamas. La majorité des Palestiniens a voté pour lui. La parodie du processus de paix est terminée. Laissez tomber avec l’argent des donateurs, il est principalement destiné à rémunérer les connivences de dirigeants et des hommes des services de sécurité, des emplois fictifs, mais nocifs.

Un moment d’espoir est arrivé pour les prisonniers, les veuves, les orphelins, les gens pauvres et opprimés. C’est aussi le temps de l’incertitude, le combat pourrait devenir encore plus dur et plus meurtrier. Les menaces qu’a déjà lancées Israël et quelques nations puissantes laissent entrevoir le prix que les Palestiniens devront payer pour réaliser leurs objectifs nationaux.