Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > La guerre de l’ombre

Source : El Watan

La guerre de l’ombre

Lundi, 4 juillet 2011 - 6h38 AM

lundi 4 juillet 2011

===========================================

En larguant plus de 40 tonnes d’armes diverses aux rebelles libyens pour résister aux troupes d’El Gueddafi, la France n’aurait pas agi seule.

C’est le pavé que son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a jeté hier dans la mare bien sale de l’ONU et de l’OTAN. « Nous avons informé le Conseil de sécurité et nos partenaires de l’OTAN », a répondu hier le patron du Quai d’Orsay à son homologue russe, Serguei Lavrov, qui le recevait à Moscou. « Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », a ajouté M. Juppé, enfonçant un peu plus dans le désarroi son hôte censé être informé mais qui semblait tomber des nues. Et pour cause, Serguei Lavrov ne comprenait pas l’élasticité de la résolution 1973, sujette à différentes interprétations. « Actuellement, une situation très désagréable existe.

Les résolutions (sur la Libye) peuvent être interprétées n’importe comment », a-t-il relevé.

« Alain Juppé a répondu à ma question et sa réponse était que, dans la résolution 1973, le paragraphe 4 permet à n’importe qui de faire n’importe quoi et pour n’importe quelle raison », a ironisé Sergueï Lavrov. Il est évident, à travers la réaction du MAE russe, que Moscou n’a pas été tenue informée de ce largage d’armes en Libye. Il n’a d’ailleurs pas manqué de dénoncer les différentes « interprétations » de la résolution de l’ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile. Pour S. Lavrov, la procédure est claire : « Les Etats membres concernés devront informer immédiatement le secrétaire général de l’ONU et le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes (...) sur les mesures prises à cet effet », comme inscrit dans le paragraphe 4 de la résolution. Sans doute gêné par la tournure prise par cette affaire, M. Juppé à dû reconnaître que « nous avons sur ce point des divergences (avec la Russie), cela ne nous empêche pas de travailler ensemble ».

L’ours blanc, blessé, perd son latin

Et comme pour atténuer l’onde de choc, le chef de la diplomatie française a rectifié, hier à l’antenne de la radio France Inter, que Paris n’avait livré que des « armes d’autodéfense » aux rbelles. Maigre consolation pour l’ours blanc, blessé dans son amour-propre de n’avoir pas été mis dans la confidence par ses amis de l’OTAN.
Encore que l’état-major français avait, dans un premier temps, confirmé les informations du quotidien Le Figaro révélant que la France avait livré des armes aux rebelles libyens. Il y était question d’un parachutage d’armes légères, c’est-à-dire des armes individuelles (fusils-mitrailleurs, lance-roquettes) mais aussi de missiles antichars. Mais au-delà de la nature des armes larguées aux rebelles du CNT, c’est l’opération en elle-même qui jette la suspicion sur la mission de la France et par extension celle de l’OTAN en Libye. Paris a clairement franchi la ligne rouge – invisible il est vrai dans la résolution 1973 – en faisant cavalier seul au mépris de la légalité internationale.

En effet, l’usage de la force, tel que stipulé dans la résolution du Conseil de sécurité, n’est valable que « pour faire respecter une zone d’interdiction de vol afin d’empêcher des attaques aériennes visant les civils ». Or, l’état-major des forces alliées a reconnu depuis plus d’un mois avoir mis hors d’état de nuire l’aviation de colonel El Gueddafi… A quoi servent alors ces armes parachutées par l’armée française ?
A engager l’assaut final contre la forteresse d’El Gueddafi à Tripoli pour « finir le travail » ? Cela a tout l’air d’une symphonie orchestrée par Obama, jouée par Sarkozy et que Medvedev n’apprécie guère.

Hassan Moali