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Par Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

Le but ultime du plan du Grand Moyen-Orient

Lundi, 27 juin 2011 - 7h58 AM

lundi 27 juin 2011

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Il serait tragique pour le monde arabe que le combat de ses peuples pour la démocratie et la liberté se conclue non par le renforcement de leurs unités nationales, mais par l’émiettement et la constitution de micro-États sous tutelle étrangère encore plus nette que celle dont est tributaire actuellement le monde arabe.

Le but ultime inscrit dans le plan du Grand Moyen-Orient élaboré du temps de la présidence de George W. Bush par le courant néoconservateur américain alors aux commandes de la plus grande puissance mondiale est l’atomisation du monde arabe en une multitude de petits États dont les contours géographiques seront délimités en fonction de critères ethniques, religieux ou économiques.

Sa mise en œuvre a été entamée durant le second mandat de Bush fils.

L’Irak et le Soudan en ont été les premiers théâtres d’expérimentation. Sous l’apparence d’un État ayant conservé la configuration qui a été la sienne sous le régime de Saddam Hussein, l’Irak est en fait en voie de morcellement inéluctable entre entités kurde, chiite et sunnite qui se proclameront indépendantes à la moindre occasion. Sous la pression américaine et de l’Occident en général, le régime soudanais a été conduit à accepter un processus qui a abouti à la sécession de la région sud du pays.

L’arrivée d’Obama à la Maison Blanche et l’effacement apparent du courant néoconservateur à Washington, n’a pas pour autant signifié que les États-Unis renoncent au remodelage prescrit dans le plan du Grand Moyen-Orient.

Sa poursuite est seulement moins franchement assumée par Obama et son entourage. Leur objectif publiquement affiché se limiterait à soutenir et à encourager dans le monde arabe l’émergence de pouvoirs d’essence démocratique et le respect des souverainetés populaires qui revendiquent d’être prises en compte.

Toutefois en sous-main l’Amérique travaille à ce que les revendications démocratiques qui s’expriment dans ce monde arabe ne s’arrêtent pas à l’écroulement des régimes dictatoriaux en place, soient fourvoyées sur la voie de l’implosion des nations arabes telles que constituées présentement. Il faut reconnaître que la violence et l’esprit clanique de ces régimes ont créé dans le monde arabe les conditions de cette implosion des États à laquelle poussent les États-Unis et bien entendu Israël.

L’Irak et le Soudan ne sont pas les seuls pays arabes en point de mire de la stratégie américano-sioniste. Tous les autres sont concernés par la menace. Les deux États cités en premier ont été les laboratoires dans lesquels a été testée cette stratégie. L’expérience permet désormais aux concepteurs de celle stratégie de moduler sa mise en œuvre ailleurs en fonction des situations intérieures respectives des autres États arabes mais toujours avec l’objectif d’en finir avec leur forme unitaire actuelle.

Au nom de la démocratie et du libre choix des peuples, l’Amérique, l’Occident et les sionistes exigeront que soit pris en compte n’importe quel mouvement qui dans les pays arabes se revendiquera du droit de séparation. Un droit que pourtant la Constitution des États-Unis ne reconnaît pas pour ce qui concerne les États de l’Union. Pour avoir été revendiqué par certains de ces États de l’Union, il fut la cause de la guerre civile dans le pays. Pour démocratiques qu’ils sont, les États-Unis s’interdisent pour eux le concept de sécession qu’ils favorisent, encouragent et attisent ailleurs.

Il serait tragique pour le monde arabe que le combat de ses peuples pour la démocratie et la liberté se conclue non par le renforcement de leurs unités nationales, mais par l’émiettement et la constitution de micro-États sous tutelle étrangère encore plus nette que celle dont est tributaire actuellement le monde arabe. Une perspective qui n’est pas seulement virtuelle malheureusement à voir comment les régimes arabes réagissent aux demandes de changement que leur font les peuples.