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Sans commentaires quant aux ravages !

La blogueuse de Damas était un étudiant américain

Mardi, 14 juin 2011 - 9h02 AM

mardi 14 juin 2011

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Un Américain de 40 ans étudiant en Ecosse a avoué se cacher derrière la jeune lesbienne blogueuse de Damas, devenue icône du mouvement démocratique en Syrie, semant la colère parmi ceux qui avaient soutenu l’opposante et illustrant une nouvelle fois les dérapages de la Toile.

Son blog, intitulé « Gay Girl in Damascus » ("Une lesbienne à Damas") était suivie par des dizaines de milliers de personnes, émues du combat mené par cette soi-disant jeune militante pro-démocratie contre la répression du régime syrien.

Un vent de solidarité avait soufflé sur les réseaux sociaux quand, sur le même blog, une personne se présentant comme un parent de la blogueuse annonçait il y a une semaine qu’elle avait été « enlevée » à Damas. Un groupe « Libérez Amina Abdallah » avait réuni sur Facebook près de 15.000 membres.

Mais tout cela était pure fiction.

La blogueuse, qui se faisait appeler « Amina Abdallah Arraf », était en fait Tom MacMaster, un barbu américain de 40 ans qui étudie en master à l’Université d’Edimbourg, en Ecosse. « Je n’aurais jamais cru provoquer ce niveau d’intérêt », écrit Tom MacMaster dans une « lettre d’excuses aux lecteurs » diffusée dimanche sur son blog.

Tom MacMaster et son épouse (photo Picasa).

Des doutes avaient émergé depuis plusieurs jours. La semaine dernière, la publication d’une photo censée représenter « Amina » s’était révélée celle d’une Londonienne dont le portrait a été volé sur sa page Facebook.

Tom MacMaster, interrogé par le Washington Post, avait démenti fermement être le véritable auteur du blog.

« Tandis que le narrateur était fictif, les faits sur ce blog sont authentiques et ne sont pas trompeurs quant à la situation sur le terrain », écrit MacMaster dans sa lettre d’excuses.

« Je ne pense pas avoir fait de mal à qui que ce soit. Les événements qui se déroulent là-bas sont façonnés par des personnes qui les vivent au jour le jour. J’ai seulement essayé de les illustrer pour un public occidental », ajoute l’étudiant.

Tom MacMaster milite depuis des années pour la cause démocratique au Moyen-Orient. Sa femme étudie également à Edimbourg en vue d’un doctorat sur l’économie syrienne.

Selon le Washington Post, Tom MacMaster utilise le pseudonyme « Amina » depuis au moins cinq ans et a démarré le blog « Gay Girl in Damascus » en février dernier.

La révélation du faux blog a suscité la colère parmi les partisans de la « Syrienne » qui s’était mobilisée après son « enlèvement ». « A M. MacMaster, je dis : Honte à vous !!!... Ce que vous avez fait en a heurté beaucoup et nous a tous placés dans un position dangereuse », écrit l’éditeur syrien du site « GayMiddleEast.com ».

Dans une interview au New York Times, Tom MacMaster admet « se sentir mal pour les personnes à qui j’ai fait du mal ». « Cela me rend malade », ajoute-t-il.

Le faux blog soulève une nouvelle fois la question de la fiabilité des réseaux sociaux sur internet, largement utilisés dans le cadre de la couverture du « Printemps arabe », où l’accès à l’information sur le terrain est très restreint.

Les précédents ne sont pas rares : en 2004, un homme a révélé être le véritable auteur du blog de « Plain Layne », une jeune femme qui racontait sa vie de bisexuelle. En 2001, Debbie Swanson avouait se cacher derrière « Kaycee Nicole », une adolescente en phase terminale, finalement décédée, et dont les tourments avaient été suivis par des milliers de personnes pendant trois ans.