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Chronique " les prisonniers

En Palestine occupée, on embastille sans se soucier d’« habeas corpus »

Il est du rôle de la Cour Internationale de Justice de s’autosaisir de cette sinistre affaire

dimanche 26 février 2006

La chaîne Palestine News Network a interviewé le Dr Fares Abou Hassan, responsable de l’organisation humanitaire Solidarity International For Human Rights. Il a souligné les violations continuelles des droits de l’homme auxquelles les prisonniers Palestiniens sont soumis dans les prisons Israéliennes.

Abou Hassan a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur la question de la détention administrative, et sur l’importance d’une pleine coopération entre les organisations qui s’occupent des détenus et de leurs dossiers.

- Comment décririez-vous la période que vivent actuellement les détenus ?

A travers les années, les détenus Palestiniens sont parvenus à transformer leurs cellules en des sortes d’écoles ou même d’universités qui font passer des examens aux résidents gradués qui sont déterminés à mettre en vigueur les droits de leur peuple.

Les détenus sont des combattants de la liberté, et l’occupation n’a pas été capable de convaincre le monde du contraire.

Israël s’efforce en permanence de présenter les détenus comme des criminels, mais ils sont déterminés à tenir bon sur la question de leur droit à résister à l’occupation.

La résistance à l’occupation est un droit garanti pour toute nation opprimée, et un droit garanti par la loi internationale. Et pourtant, Israël essaie de convaincre le monde que ces détenus sont des terroristes. Ceci nous appelle à porter davantage d’attention aux détenus, à leurs droits, à leurs souffrances.

Il est nécessaire que leur droit à la participation au processus politique à tous les niveaux soit garanti

- Pensez-vous que les détenus reçoivent l’attention publique et le suivi administratif formel dont ils ont besoin ?

Certains pourraient dire que les partis politiques et les administrations ont récemment été absorbés par les élections, municipales ou législatives, mais ce qui se passe maintenant est considéré comme la véritable mise en oeuvre de la démocratie à travers des consultations électorales.

Les élections nous aideront à mettre le problème des détenus au premier rang des priorités de l’Autorité Palestinienne.

Les élections sont considérées comme un geste de respect envers les habitants, leurs droits et leurs volontés, en leur permettant de choisir leurs dirigeants par un vote.

La présence de détenus parmi les candidats, même si elle est un symbole, est une façon positive de rappeler leur importance et de présenter leurs dossiers au monde.

- De quoi est-il besoin pour rendre plus efficace la présentation de la question des détenus ?

Cette question requiert la coopération de toutes les organisations et de toutes les administrations qui traitent des détenus : nous avons besoin de leurs efforts pour les aider et pour présenter leurs dossiers.

Il faudrait aussi que les gens animent des programmes et des activités qui impliquent des organisations internationales permettant de faire grandir la prise de conscience du cas des détenus.

- Vous avez visité plusieurs établissements de détention : à quelles conditions les détenus sont-ils confrontés ?

Au cours de nos visites à des détenus dans plusieurs établissements de détention, comme au cours de leurs procès, nous avons constaté qu’ils étaient soumis à des humiliations continuelles et des mauvais traitements, sont le but évident est de leur faire perdre courage.

Ces mauvais traitements comportent la mise en isolement, les punitions collectives, les fouilles à nu, la confiscation d’argent et d’objet leur appartenant, en plus du refus des droits de visite et de nombreux exemples d’attaques physiques.

- Quel est le niveau des condamnations actuellement prononcées en ce moment contre des détenus ?

Lorsque a éclaté l’Intifada Al Aqsa en 2000, nous avons remarqué que les tribunaux Israéliens avaient commencé à prononcer des condamnations particulièrement rigoureuses à l’encontre des détenus. Ils ont continué à ce même niveau, en dépit de l’actuel calme relatif.

- Connaissez-vous le nombre précis de détenus actuellement présents dans les établissements de détention ?

Il y a au moins 7 812 détenus répartis à travers plusieurs prisons et établissement de détention.

Negev , 2152 détenus.
Ofer : 850.
Ad Damoun : 340.
Hadarim : 240.
Hasharon : 113 prisonnières
Telmond : 199 prisonnières.
Asqalan : 451.
Be’er Shiva : 460.
Majiddo : 780.
Galboa’ : 954.
Shatta : 378.
Nafha : 795.
Salem, Huwwara, Qadumim et Atzion : 100.

- Comment pouvons-nous faire savoir ce que qu’il en est de la politique Israélienne de « détention administrative » ?

La politique de détention administrative n’a pas été couverte proprement par les média, et insuffisamment dénoncée par les organisations et institutions spécialisées.

La détention administrative est une procédure illégale qui consiste à placer le détenu en détention sur la base d’ordre de détention qui n’ont aucun base légale, et les autorités des prisons Israéliennes renouvellent ces ordres à l’encontre de dizaines de détenus sans même les informer des accusations qui pèsent sur eux.

Elles ont pour but de détruire le moral et la volonté des détenus, et il est nécessaire de faire connaître la réalité de ces procédures illégales à la fois localement et internationalement, même si nous devons porter l’affaire devant à la Cour Internationale de Justice, de la même manière l’affaire du Mur de Séparation l’a été.

Plusieurs détenus ont ainsi passé des années en prison sans jugement, et certains sont encore emprisonnés. Le prisonnier Raed Qawadri a été arête il y a cinq ans, sans qu’aucune accusation soit portée contre lui, sans qu’il ait été jugé, et il y est toujours sous couvert d’ordres de détention administrative.

Egalement, le détenu Walid Khaled a été arrêté il y a quatre ans et est encore emprisonné sous ordres de détention administrative, sans accusation ni procès, en plus de plusieurs autres détenus confrontés à la même procédure illégale.