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Par Carlos Sevilla, Víctor Valdés

De la Place Tahrir à la Puerta del Sol. Le Mouvement du 15 Mai « Democracia real ya » s’amplifie

Samedi, 28 mai 2011 - 22h36

samedi 28 mai 2011

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Malgré l’interdiction des autorités de la ville, plusieurs milliers de personnes occupent toujours la Puerta del Sol à Madrid. En deux jours, leur exemple a été suivi dans des dizaines d’autres villes dans le pays et de très nombreuses concentrations s’organisent également devant la plupart des ambassades espagnoles en Europe .

Ces occupations donnent lieu à de nombreuses discussions, débats, échanges entre participants. Des commissions se mettent sur pied pour assurer le ravitaillement (avec la solidarité active des voisins), la sécurité et la propreté. D’autres réfléchissent aux modes d’actions, aux revendications et aux perspectives du mouvement au-delà des élections municipales du 22 mai. Nous reproduisons ci-dessous une interview d’un des animateurs du mouvement « Juventud Sin Futuro » ainsi que le Manifeste de « Democracia real ya » (LCR-Web)

De la Place Tahrir à la Puerta del Sol : spanish revolution ?

Puerta del Sol à Madrid, Plaza del Carmen à Grenade, Obradoiro à Santiago, Place de la Municipalité à Séville... Le spectre des révoltes arabes hante les places de la péninsule ibérique. Dans le contexte anodin d’élections qui porteront sans doute au pouvoir la droite conservatrice dans une bonne partie des municipalités et des communautés autonomes du pays, un nouveau mouvement social s’est invité sans crier gare. Un mouvement non prévu par les enquêtes, les sondages électoraux et le bipartisme. Un mouvement caractérisé par un protagonisme direct des gens, par leur auto-organisation, leur soif de socialibilité et de vie en commun face à l’individualisme compétitif. Un mouvement qui porte un ensemble de revendications qui vont au cœur de la crise.

Les protestations du 15 Mai ont provoqué une dynamique croissante de mobilisations dans lesquelles, à côté des secteurs de la jeunesse étudiante, indignés et organisés dans « Juventud sin futuro », d’autres secteurs jusqu’alors démobilisés commencent à rejoindre la lutte grâce à une « politique communicationnelle » qui doit beaucoup à la prolifération des réseaux sociaux.

L’occupation de la Puerta del Sol, au-delà de la réappropriation d’un espace public qui semblait réservé au béton, au transit et au commerce, constitue un événement contagieux qui s’est propagé à la vitesse de la lumière sur d’autres places de la péninsule et qui prend le relais d’autres mobilisations européennes contre les plans d’austérité.

Le discours qui jaillit de ces protestations commence à se dessiner. Il est encore balbutiant à l’heure de générer sa propre grammaire. Il ne s’agit pas ici d’évoquer ses faiblesses ou limites, mais bien de souligner la puissance hégémonique que représente pour toute une génération un ensemble de revendications simples et efficaces, résumées par les slogans sur le logement, les salaires, les pensions, la démocratie réelle. Ces slogans condensent un programme de résistance sociale de longue haleine, face à la dictature des marchés et aux plans d’austérité, autour d’un nouveau sujet social.

Carlos Sevilla Alonso