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Par Lilian Rosengarten

Les Palestiniens : dernières victimes de l’Holocauste

Mardi, 24 mai 2011 - 19h54

mardi 24 mai 2011

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Lilian Rosengarten

Où est le cœur de l’âme juive ? L’âme, en tant que compassion éthique, l’esprit juif comme il se battait pour survivre au cauchemar le plus sombre des lois raciales nazies. Comment la première et la deuxième génération des victimes de tels crimes racistes abominables, à vous figer le sang dans les veines, pendant le pogrom nazi du nettoyage ethnique, vivent-elles la forme actuelle de nationalisme en Israël ? Par quel coup démoniaque du sort, les juifs qui il y a simplement deux générations souffraient de la plus cruelle bestialité raciale, victimes des lois de purification raciale et antisémites nazies, peuvent-ils justifier la destruction de toute une population palestinienne en défonçant sa terre, en en chassant les habitants et en exerçant un pouvoir par la force militaire pour en faire leur propriété de « droit ».

Comment peut-on justifier la complicité, dans la déshumanisation par les Israéliens de la population palestinienne, de la communauté juive des États-Unis, y compris ces nombreux universitaires et survivants des camps qui ont joué un rôle déterminant pour la compréhension de l’expérience de l’Holocauste. Comment les juifs peuvent-ils, eux qui subirent collectivement la violence, regarder ailleurs pour justifier un autre ghetto, celui de la plus grande prison au monde, Gaza ? Comment pouvons-nous encore détourner la tête, avaler les mensonges, le mythe d’un État juif qui devrait se protéger de la destruction des forces du mal qui l’entourent ? Au nom de cette peur, quelle folie peut donc justifier des décennies de brutalités, d’humiliations, de viols de la terre, de ces visages interminables de FDI ayant la mission de tuer l’autre, de haïr l’autre, de supprimer « les animaux » qui ne comptent pas comme des êtres humains. Les jeunes soldats israéliens qui ont accepté les mensonges racistes sont aux ordres et ont perdu leur humanité. Il n’est pas difficile de comprendre l’orientation de la politique brutale et paranoïaque israélienne à la lumière de l’histoire qui a frappé les juifs, victimes du pogrom nazi.

Puis, les antisémitismes au vitriol ont infligé la plus ignoble des punitions collectives et une brutalité indescriptible. Incontestablement, il a dû être infligé une déficience psychologique extraordinaire intériorisée par les victimes survivantes d’une telle idéologie nazie, monstrueuse et irrationnelle. Laissée à s’envenimer d’une génération à l’autre, la haine intériorisée est enfouie, mais finalement les victimes violentées se sont trouvé une cible pour projeter leur haine, de sorte que ce cycle de paranoïa irrationnelle et de sévices continue sur sa lancée destructrice.

On ne peut comprendre ce cycle de folie simplement en termes rationnels. Sa force de vie est attachée à l’intérieur d’un cancer évolutif, dans une peur irrationnelle de l’extermination, une victimisation et une haine aujourd’hui ciblées sur les dernières victimes du cauchemar de l’Holocauste, les Palestiniens. Le cycle se répète sous la forme d’un racisme et d’une punition collective qui donnent lieu à d’atroces souffrances alors que les bourreaux aveuglés par leur haine cessent d’être des êtres humains. Comment peut-on expliquer le vitriol qui ressort avec un tel émoi des propos du syndic de CUNY, Jeffrey Wiesenfeld, quand il a dit, « Ce sont des gens (les Arabes, les Palestiniens) qui vénèrent la mort de leurs enfants, et ce ne sont pas des êtres humains ». Le racisme autorise la déshumanisation de l’autre. Les nazis pouvaient justifier leurs crimes par un processus de déshumanisation, ainsi que le renforcement d’une idéologie nationaliste dans des proportions les plus grandioses. Dans ce cycle d’horreurs, juifs et Palestiniens sont les dernières victimes de l’Holocauste. Les Israéliens dans leurs efforts pour « survivre » ont été hantés par une peur profondément ancrée de la disparition qui s’est jouée dans ce dernier chapitre, comme des bourreaux qui voient dans leurs anciens voisins palestiniens (d’avant 1948) des destructeurs maléfiques qui conspirent seulement pour détruire tout ce qui est juif en Israël. Dans ce dernier chapitre, les juifs sont devenus les bourreaux qui doivent anéantir les Palestiniens.

Le New York Times rapportait le Jour de la Nakba (15 mai) : « Aux frontières d’Israël, des affrontements meurtriers ont éclaté dimanche alors que des milliers de Palestiniens - marchant depuis la Syrie, le Liban, Gaza et la Cisjordanie - ont fait face aux troupes israéliennes lors de la commémoration de la création d’Israël, la Nakba. »

En fin de journée, après les violents affrontements entre FDI et manifestants palestiniens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que les manifestations avaient pour but la destruction d’Israël, pas la création d’un État palestinien. Et de poursuivre, « Les meneurs de ces manifestations violentes, leur combat, ne visent pas les frontières de 1967, mais l’existence même d’Israël qu’ils décrivent comme une catastrophe qui doit être résolue ». « Il est important que nous regardions la réalité avec les yeux grands ouverts, et que nous prenions conscience des gens avec qui nous traitons, et de quoi nous traitons. » Ceci est un message optimiste pour le monde et en particulier pour les juifs américains qui doivent toujours voir Israël dans sa version idéalisée de pays démocratique confronté à un énorme risque de disparition.

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a salué les manifestants lors d’un discours télévisé, parlant des morts comme de martyrs. « Le sang des morts de la Nakba n’est pas versé en vain » disait-il, « Ils sont morts pour les droits et la liberté du peuple palestinien ».

Israël est maintenant de plus en plus isolé et ne peut survivre s’il continue dans cette voie de la paranoïa et du racisme. Les juifs doivent ouvrir les yeux et admettre qui sont les véritables victimes. Cela nécessite que les Israéliens soient capables de prêter dignité et humanité aux Palestiniens en tant qu’êtres humains, avec des cœurs et des âmes égalant les leurs. L’alternative est trop horrible à envisager, un cycle continu de haines, une blessure gangreneuse purulente qui ne connaît aucune fin dans son nihilisme et sa destruction.

Nous avons actuellement une occasion extraordinaire d’engager un débat et un dialogue ouverts sur le racisme juif. Dans le passé, à toute idée de juifs racistes, il était répondu qu’une telle idée était odieuse et inqualifiable. Toute contestation était étouffée et les critiques de la politique israélienne étaient catalogués comme des, « juifs honteux, juifs antisémites et ennemis d’Israël ».

Nous, les défenseurs de la liberté et de la dignité pour tous les êtres humains, nous devons continuer à nous exprimer et soutenir un Israël et une Palestine libres, un État, symbole du droit, pour toutes les victimes chassées du racisme, de vivre en harmonie et dans la dignité.

Lillian Rosengarten, réfugiée de l’Allemagne nazie est bouddhiste, poète, écrivain et pacifiste. Elle a écrit cet article pour PalestineChronicle.com