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Caricatures, censure et liberté d’expression

La grande bouffonnerie ou l’obsession du complot

par F. Meziane

dimanche 19 février 2006

« Aujourd’hui, il n’existe plus de contrôle direct sur les journalistes, cela semblerait vulgaire. Le système est devenu tellement perfectionné que les gens qui sont mis en situation de faire du commentaire journalistique n’auraient même pas l’idée de prononcer un mot déviant. Désormais, la censure ne peut exister que lorsque, par le plus grand des hasards, le système de sélection et de reproduction a une défaillance. Ça n’arrive presque jamais. Le système est devenu parfait et la censure inutile... » Michel Naudy (Almanach critique des médias).

Il y a quelques semaines, on nous annonça la sortie d’un livre, parait-il assez sulfureux, sur Cécilia Sarkozy, ex-femme de notre prochain président de la République. Ce livre intitulé Cécilia Sarkozy, entre le cœur et la raison était annoncé pour le 24 novembre 2005. Au dernier moment, alors que 25000 exemplaires étaient prêts à être distribués, First, l’éditeur du livre décida de tout annuler suite à l’intervention du ministre de l’intérieur. Le PDG ayant estimé "qu’il n’était pas possible de se mettre à dos un présidentiable, de surcroît ministre de l’intérieur" (Libération 18 11 2005).

On apprenait aussi, à la même période, que Yannick Noah, personnalité préférée des français, a vu son interview, à l’hebdomadaire Paris-Match, censurée de quelques passages où il menaçait de quitter la France si notre prochain président s’appelait Sarkozy.

Il y a quelques mois, une affaire faisait grand bruit en Grande Bretagne. Daily Mirror, un journal britannique, révéla l’existence d’une note secrète provenant de la Maison Blanche où Georges Bush évoque le projet de bombarder le siège de la chaîne arabe satellitaire Aljazeera. Cette opération militaire n’a pas eu lieu à cause, parait-il, de l’opposition de Tony Blair que le président américain souhaitait consulter. Conscient des réactions qu’elle peut entraîner, le gouvernement britannique interdira à la presse de publier des extraits de cette note confidentielle. Ce projet de bombardement d’une chaîne de télévision ne provoqua pas la moindre réaction en France et pour cause personne n’en a parlé, pas même Reporters Sans Frontières. Pourtant il s’agit d’une atteinte à la presse sans précédent dans l’histoire.

Entre 2002 et 2005 plusieurs journalistes ou intellectuels français ont fait l’objet de pressions, de menaces et de harcèlements, simplement parce qu’ils ont osé montré la réalité de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Curieusement aucune de ces personalités n’a bénéficié du soutien public de ceux qui hurlent aujourd’hui. Pire, plusieurs d’entre eux ont été écartés, démissionnés, ou simplement virés, quand ils ne sont pas aussi traînés devant les tribunaux. Dans cette liste on peut citer : Daniel MERMET (France Inter), Sylvain CYPEL (Le Monde), PLANTU, Charles ENDERLIN (France 2), Pascal BONIFACE (PS), Alexandra SCHWARTZBORD (Libération), Alain MENARGUES (RFI), Edgar MORIN (philosophe), Sami NAÏR (MDC)...

En 2004, on apprenait que le groupe France Télévision refusait de diffuser un spot publicitaire du groupe optique Visual. D ans ce spot on voyait un sosie de G. Bush, portant des lunettes, s’excuser publiquement d’avoir confondu des bactéries d’anthrax avec du sucre et des armes de destructions massives avec des silos à grains.

Les exemples dans lesquels la liberté d’expression a été bafouée sans que les journalistes et les médias ne trouvent rien à redire, sont malheureusement multiples. Il faudrait sans doute écrire plusieurs livres pour pouvoir les répertorier. Or depuis le déclenchement de l’affaire des caricatures danoises, on assiste à une levée de bouclier pour dénoncer cette atteinte à la liberté d’expression. Plusieurs journaux ont décidé par "solidarité" de procéder à leur tour à la publication de ces caricatures. Cet élan de grande solidarité de la presse pour la défense de la liberté d’expression contraste de façon brutale avec le silence assourdissant de la presse française sur l’affaire du projet de bombardement américain de la chaîne d’Aljazeera. Comme si la contestation par des musulmans de quelques dessins mêmes pas drôles, était plus grave que le largage de quelques bombes américaines sur les locaux d’une chaîne d’information.

Ces exemples mettent en doute la sincérité des médias et des journaux qui évoquent la liberté d’expression pour justifier leur acharnement à publier et à republier les caricatures insultantes à l’égard des musulmans.

Comment expliquer qu’aucun journal n’ait dénoncé la campagne de harcèlement et d’intimidation menée par la ligue de défense juive et le bétar contre plusieurs médias et journalistes à chaque fois que ces derniers commettaient un article où ils parlaient d’occupation des territoires palestiniens ? Cette campagne a d’ailleurs était si efficace qu’aujourd’hui, pratiquement aucun journal ou homme politique n’ose critiquer la politique d’Israël en Palestine.

Comment peut-on croire à la sincérité de ces médias quand aucun journaliste n’a manifesté le moindre émoi ou la moindre solidarité avec une chaîne d’information arabe victime d’un projet de bombardement américain ?

Qui, en France, a entendu parler de Sami Elhaj, journaliste cameraman détenu dans le goulag de Guantanamo pour le seul motif qu’il travaille pour Aljazeera ?

Pourquoi aucun journal n’a pris l’initiative de publier, par solidarité, des extraits du livre de Cécilia Sarkozy empêché de paraître sur ordre du ministre de l’intérieur ? A moins que, dans ce pays, il ne soit plus facile d’insulter la communauté musulmane que de déplaire à un futur président de la République ?

Montrer le prophète des musulmans avec une bombe en forme de turban relève, parait-il de la liberté d’expression. Imaginons un instant la situation suivante : Un journal français qui tire à 600 000 exemplaires publie une caricature où est représenté Moïse, dont les traits du visage n’affichent rien de sympathique, tenant dans une main un poignard et dans l’autre main la tête d’un enfant. Qui oserait en France défendre ce genre de caricature au nom de la liberté d’expression ?

Pourtant c’est exactement ou presque les mêmes dessins, exceptés que c’est le prophète des musulmans qui y tient le rôle principal, qui ont été publiés par le journal danois, ensuite par d’autres journaux européens, au nom de "la liberté d’expression".
Q u’un quotidien comme France-Soir dont la ligne éditoriale fait plus dans le racolage que dans le débat d’idée, qui en plus, au bord du dépôt de bilan, espère par la publication de ces caricatures redresser ses ventes et sauver sa peau, peut se comprendre.

Que Philippe Val, patron de Charlie Hebdo, connu par son animosité et son irritabilité à tout ce qui se rapporte à l’islam, aux arabes et aux palestiniens (on se souvient comment il a viré Mona Chollet, coupable de sympathie envers les palestiniens) décide d’en rajouter dans l’espoir d’attirer de nouveaux lecteurs racistes afin de remplacer ceux qui l’ont fuit après son soutien à la guerre en Irak et son aventure malheureuse pour le oui à la constitution de Giscard ; peut se concevoir à la rigueur, c’était même prévisible.

Dans ce pays, on sait qu’il n’ y a rien de plus vendeur (après le sexe) que de taper sur les arabo-musulmans. Les livres racistes (toujours au nom de la liberté d’expression) d’Oriana Fallaci sont devenus des best-sellers. Quand François Bayrou gifle un petit arabe devant une dizaine de caméras et de journalistes, il gagne aussitôt cinq points dans les sondages. Quand on instaure le couvre feu pour mater "la racaille", le peuple applaudit.

Charlie Hebdo feint la surprise devant le succès de ses ventes. Pure hypocrisie, pour une fois que tous les racistes de France peuvent se payer la tête des arabo-musulmans, sans être montrés du doigt et avec les honneurs en plus. Mais il est vrai qu’il n’y a pas que les racistes, il y a aussi tous ceux qui pensent, en toute naïveté, qu’en achetant Charlie Hebdo, ils effectuent un acte de résistance. Faire de la résistance en se rendant chez son buraliste, on a connu des actes de résistance plus cou rageux. Il y a enfin tous ceux qui, faute de curé à bouffer, se sont mis à dévorer du musulman tout halal.

Mais que toute la presse (à quelques exceptions très salutaires), télévisions, journaux et radios, se lèvent comme un seul homme pour défendre ce qu’ils appellent la liberté d’expression, a quelque chose de révoltant et de choquant.

Choquant et révoltant, car dans les années trente, c’est le même genre de caricatures et de dessins, (à des degrés divers) qui galvanisa les foules contre les juifs et qui rendra acceptable pour une partie de l’opinion la promulgation des premières lois antijuifs. On connaît malheureusement la suite : déportation, camps de concentration et solution finale.

Le rapprochement est brutal, certes, mais il s’impose. Il ne s’agit pourtant pas de dire qu’on est à l’aube d’une nuit de cristal dont serait victimes les arabo-musulmans, il s’agit simplement de dire que, dans le contexte actuel, afficher la tête du prophète avec un turban en forme de bombe veut dire que l’Islam est par essence terroriste. Cela veut dire que derrière chaque musulman se cache un terroriste potentiel, ce qui légitime toute politique répressive et liberticide envers les musulmans. Plus grave encore, quand, au nom de la lutte contre le terrorisme, les avions américains déversent des bombes sur les populations civiles d’Afghanistan, du Pakistan ou d’Irak, il n’est plus étonnant que le téléspectateur ne se sente plus choqué devant son écran de télévision.

L’unanimité avec laquelle la classe médiatique et intellectuelle a réagi face à la colère légitime et justifiée des musulmans ne peut se comprendre qu’en se référant au contexte d’islamophobie qui s’est répandu partout en occident après le 11 septembre 2001. Ce racisme est encouragé par la radicalisation du discours d’une élite intellectuelle très médiatisée. Un discours d’autant plus percutant qu’il est souvent présenté comme "audacieux, anticonformiste et courageux, bravant l’obscurantisme des intégristes et l’angélisme de nos sociétés occidentales."

Dans La République face à ses minorités (P. 77), Ester Benbassa, historienne des juifs, écrit : « Aujourd’hui, au nom de la laïcité, avec ferveur et dans l’obsession, c’est bien avant tout contre l’Islam qu’on mène le combat, même si cela n’est pas toujours assumé ouvertement. Et derrière ce combat, lorsqu’ il est revendiqué, se cache trop souvent l’hostilité à l’endroit des Arabes. Etre anti-arabe, c’est être raciste ».

La facilité avec laquelle l’islamophobie s’est ancrée dans le paysage politique médiatique français, comme un mode de pensée qui doit être respectée au nom de la liberté d’expression, s’explique par plusieurs raisons :

La première raison est la faillite des organisations antiracistes qui ordinairement constituent un rempart aux idéologies xénophobes. L’immobilisme et la passivité de ces organisations s’expliquent par le fait qu’une bonne partie de la gauche s’est retrouvée elle-même gangrenée par le discours islamophobe, parfois au nom d’une tradition anticléricale, parfois par opportunisme électoral. L’autre partie constituée de l’extrême gauche et des altermondialistes s’est retrouvée tétanisée par les accusations d’antisémitisme émanant d’une partie de l’intelligentsia parisienne. Soupçonnée d’entretenir une alliance "vert, brun, rouge", cette gauche ne pouvait à la fois dénoncer le racisme qui frappe les musulmans, quand ces derniers sont, eux-mêmes accusés d’être les responsables de la "vague" d’antisémitisme qui sévirait en France. Au nom de la hiérarchisation des racismes et parfois pour sauvegarder de futures alliances électorales, cette gauche restera passive, quand elle ne participera pas elle-même à la furie médiatique contre les musulmans de France (l’affaire du voile).

La pensée islamophobe ne pouvait connaître le succès sans le rôle prépondérant des médias qui ont consciemment ou inconsciemment participé et participent encore à la stigmatisation de l’arabo-musulman devenu, tour à tour, quand ce n’est pas tout à la foi, responsable de l’insécurité, de la violence faite aux femmes dans les banlieues et de la "nouvelle judéophobie" en France.

Quand le président du tribunal qui jugeait Marie Leblanc, l’héroïne de la fausse agression antisémite du RER D, veut savoir pourquoi Marie a accusé à tort des arabes et des noirs, celle-ci répond : « Parce que quand je regarde la télévision, c’est toujours eux qui sont accusés ».

Petit à petit, la figure du "maghrébin" petit lascar, voleur de mobylettes et de voitures, a cédé la place à celle de l’arabo-musulman, plus fascinante, plus inquiétante et plus dangereuse.

Dans l’Islam imaginaire, Thomas Deltombe démontre, preuves à l’appui, comment entre 1975 et 2005, au fil de l’actualité internationale, nationale et des faits divers, le discours raciste anti-musulman s’est peu à peu décomplexé pour s’imposer comme une pensé audacieuse et courageuse mais qui en réalité ne fait que flatter une opinion publique généralement hostile à l’Islam. Aujourd’hui , beaucoup de journalistes ou intellectuels ne se gênent plus pour exprimer les opinions les plus nauséabondes sans que cela provoque la moindre réaction. Ainsi à propos de La rage et l’orgueil, le best-seller salué par la presse où on peut lire que les musulmans « se multiplient comme des rats », Charlie Hebdo trouve que l’auteur Oriana Fallaci « fait preuve de courage intellectuel. [...] Elle ne proteste pas seulement contre l’islamisme assassin. [...] Elle proteste aussi contre la dénégation qui a cours dans l’opinion européenne, qu’elle soit italienne ou française par exemple. » (Robert Misrahi dans Charlie Hebdo du 30/ 10/2002).

Dans son enquête Thomas Deltombe nous livre, aussi, quelques clés pour comprendre comment ce discours s’est facilement imposé à travers notamment le recours abusif à des "experts de la peur" invités permanents des plateaux des émissions. Il nous montre aussi la connivence entre des journalistes et des associations pseudo apolitiques comme "Démocratia" de Rachid Kaci de l’UMP ou "Ni putes ni soumises", organisation émanant du PS. Ces "bons" musulmans joueront un rôle essentiel dans la stigmatisation des arabo-musulmans.

Ainsi, dans l’opinion publique, s’est forgée l’image d’une religion de l’Islam arriérée, sauvage et violente. Une religion qui a tourné le dos au progrès et à la civilisation. Une religion d’autant plus inquiétante qu’elle se ramifie en occident en même temps qu’elle se replie sur elle-même.

Pour Esther Benbassa, Cet imaginaire « remplace le fameux " complot juif " qui a fait les beaux jours de l’antisémitisme dans un contexte moins politiquement correct » (La république face à ses minorités. Les Juifs hier, les Musulmans aujourd’hui .P. 84).

L’arabo-musulman est devenu le nouveau bouc émissaire d’une République en perte de valeurs. Quand la devise "Liberté, Egalité et Fraternité" est en panne, on convoque "la Laïcité", seul alibi capable encore de galvaniser les foules. Et quand des petites filles voilées issues des colonies viennent narguer l’ancienne puissance coloniale dans ce qu’elle a de plus sacré, c’est-à-dire l’École, le sang de la République ne fait qu’un tour. Il faut rétablir l’ordre. Il faut reconquérir les « territoires perdus ».

« Face au complot, la République doit se montrer intraitable »
« Le fascisme vert ne passera pas »
« Ne capitulons pas face aux islamistes »
« C’est eux ou nous »
« Non au Mun ich de la République ».

Dans ce combat, le citoyen est sommé de prendre partie, il ne peut être neutre, il ne peut être spectateur, il doit être pour ou contre. Aucune nuance n’est tolérée, on est avec les islamistes ou contre eux.

L’Islam a bon dos. Dans une société qui a perdu tout repère et toute confiance, chaque nouvelle épreuve avec les arobo-musulmans est une nouvelle occasion pour créer une cohésion éphémère autour d’une nouvelle devise : Anti-communautarisme, Laïcité, liberté d’expression.

Le procédé est toujours le même. A chaque nouvelle "affaire", le système se met en branle, en trois temps : la dénaturation, la confrontation, "la manipulation".

La dénaturation :

Il s’agit de ne pas poser les vraies questions et d’imposer par la répétition des mots et des phrases simples et percutantes, une autre conception du problème.

Pour légiférer contre le voile, la question posée était de savoir si on est pour ou contre le voile. Or la vraie question était de se demander s’il est bon d’exclure des petites filles parce qu’elles portent un foulard, un bandana ou un voile. Poser cette question revient à s’intéresser à ces filles et à ce qu’elles vont devenir une fois exclues de l’école. Lors du débat sur le voile, cette question fut écartée. A ce jour, aucun journal, ni chaîne de télévision ne s’y est intéressée.

Dans l’affaire des caricatures, le débat tourne autour de la question de la représentation du prophète et de la critique de l’Islam : Peut-on représenter le prophète ? Peut-on critiquer l’Islam ?

Or ce qui choqua les musulmans, pratiquants et non pratiquants, c’est surtout le contenu de ces caricatures. Un contenu qui diffame les musulmans puisque il sous-entend qu’ils sont tous terroristes. La question qu’on devait se poser était de savoir s’il était permis d’inciter à la haine raciale en représentant les musulmans comme des terroristes potentiels.

La confrontation :

Une fois qu’on a réussi à imposer les termes du débat, il est possible de passer à la deuxième phase qui est celle de la confrontation entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Dans l’affaire du voile, le débat opposera ceux qui disent défendre la laïcité à ceux qu’on a désigné comme opposés à cette valeur républicaine. C’est-à-dire ceux qui sont pour les valeurs de la République contre ceux qui veulent la miner. Dans ce débat aucune nuance n’est permise. Si vous n’êtes pas pour, vous êtes contre.

Dans l’affaire des caricatures, le débat va opposer ceux qui sont pour la liberté d’expression, à ceux qu’on a désignés comme ennemis de cet acquis républicain, c’est-à-dire entre ceux qui sont pour un monde libre et ceux qui sont pour l’obscurantisme.

La manipulation :

Le dernier temps se veut pédagogique. On invite le peuple à faire la différence entre le bon et le mauvais musulman. Pour convaincre l’opinion, on fait appel à la thèse d e la manipulation.

Claude Imbert, islamophobe notoire ayant fait son comming out, (à lire sur ce site ici) affirmait sur LCI que l’Islam est une religion qui apporte une certaine débilité. Comme l’arabo-musulman est un crétin incapable de penser et de réfléchir, ni même d’avoir des émotions de façon rationnelle, il ne peut être, par conséquence, que manipulé ou manipulateur.

Manipulé, il appartiendrait à cette majorité de musulmans incapable de faire état, toute seule et en toute liberté, de ses émotions, de ses opinions et de ses colères. Cette majorité est toujours victime, soit de l’emprise des régimes arabes corrompus et dictatoriaux, soit de celle des groupes extrémistes, salafistes, jihadistes, etc...

Manipulateur, il appartiendrait alors à ces groupes islamistes, proches de groupes, eux même connus pour leurs liens supposés avec d’autres groupes proches d’Alqaïda. Pire, il serait même proche de Tariq Ramadan.

Dans cette affaire de caricatures médiocres, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une autre manifestation du racisme anti-arabe et anti-musulman qui sévit en France.

A ceux qui nous reprocheraient d’être contre la liberté d’expression, je réponds qu’on peut critiquer l’Islam en tant que religion et même de le blasphémer. A Ceux qui font référence à Voltaire pour justifier l’injure et l’appel à la haine, je leur réponds que dans le contexte de l’époque Voltaire prenait, lui, des risques sérieux en s’en prenant à la puissante Eglise catholique. Que dénoncer l’Islam en France n’a rien de courageux et ne comporte aucun danger hormis de celui d’acquérir la célébrité et augmenter les ventes de ses publications. Je leur réponds qu’ils oublient aussi par ignorance ou mauvaise foi que Si Voltaire a critiqué le prophète des musulmans il a aussi écrit en 1770 :

« Dans cette prodigieuse étendue de pays [terres gouvernées par le Koran] il n’y a pas un seul mahométan qui ait le bonheur de lire nos livres sacrés et très peu de littérateurs parmi nous connaissent le Koran. Nous nous en faisons presque toujours une idée ridicule, malgré les recherches de nos véritables savants. (...) l’Alcoran passe encore aujourd’hui pour le livre le plus élégant et le plus sublime qui ait encore été écrit dans cette langue. Nous avons imputé à l’Alcoran une infinité de sottises qui n’y furent jamais » (Voltaire par lui-même, Complexe, Bruxelles, 1994, pp35-36).

Entre l’appréciation de Voltaire et celle de Michel Houellebecq (« La religion la plus con, c’est quand même l’Islam, quand on lit le coran, on est effondré...effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau parce que les juifs ont un sacré talent littéraire... »), Les islamophobes de France ont déjà choisi leur camp.

Tours, le 12/02/2006. F. Meziane, un indigène de la République 37.