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Rêvons : « et si nous boycottions les médias ? » (ndlr)

Al-Jazeera perd un de ses journalistes vedettes qui l’accuse de « manquement à la déontologie »

Mardi, 10 mai 2011 - 7h46 AM

mardi 10 mai 2011

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Al-Jazeera perd un de ses journalistes vedettes qui l’accuse de « manquement à la déontologie »

Par : Khalil Attiyah

DRGhassan ben Jeddo Ghassan Ben Jeddo, le directeur du bureau libanais de la chaîne qatarie Al-Jazeera, a présenté sa démission pour des « raisons déontologiques et éthiques ».

Dans sa lettre de démission, Ghassan Ben Jeddo, connu pour sa probité et son grand professionnalisme, explique que la réputation de cette chaîne qui a été bâtie grâce au travail et au dévouement de ses journalistes est « actuellement au plus bas ».

Bafouant les règles les plus élémentaires de la déontologie, elle « s’est transformée en salle d’opération d’agit’prop et de déstabilisation » de certains régimes arabes. Ghassan Ben Jeddo (d’origine tunisienne), qui a été interdit en Syrie pour un an et demi après l’assassinat de Rafic Hariri, reproche à la direction qatarie de la chaîne le « deux poids deux mesures » dans son traitement de l’actualité dans la région. « Comment est-il admissible qu’Al-Jazeera accorde une couverture excessive des événements qui se déroulent en Libye, au Yémen et en Syrie et occulte complètement tout ce qui se passe à Bahreïn où le sang des opposants coule encore » ?

Il ne fait pas de doute que cette démission est directement liée au changement de ligne rédactionnelle de la chaîne vis-à-vis du régime syrien. Damas a refusé de recevoir dernièrement le premier ministre qatari, considéré désormais comme « l’émissaire des Etats-Unis et d’Israël », qui avait demandé à s’entretenir avec le président Bachar al-Assad. Depuis ce refus, Al-Jazeera a redoublé de virulence contre la Syrie, allant jusqu’à alimenter la guerre confessionnelle.

La direction de la chaîne à Doha n’a pas encore confirmé la démission de son journaliste vedette. Seul le quotidien libanais Al Safir, proche de la Syrie et du Hezbollah, a eu jusqu’ici l’exclusivité de cette information. Il s’agit sans doute d’un développement capital pour l’activité de la chaîne, voire de sa présence, au Liban, pays considéré comme « central » dans sa stratégie. Certains observateurs craignent que des responsables d’Al-Jazeera ne paient de leur vie cette dérive éditoriale anti-syrienne. Comme cela s’est produit malheureusement à plusieurs reprises au Liban. On s’attend également à d’autres démissions.

Rappelons que depuis l’invasion de l’Irak en 2003 et le remplacement de l’ancien directeur Jassim al-Ali, par l’islamiste Wadhah Khanfar, sous la pression des Etats-Unis, qui disposent de la plus grande base militaire dans la région à quelques kilomètres du siège d’al-Jazeera, plusieurs grands journalistes avaient soit claqué la porte (Washington, Londres, Berlin, Moscou..), soit été licenciés sans autre forme de procès (Paris, Istanbul, Koweït, Bruxelles, Le Caire).