Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > La réconciliation interpalestinienne fausse les calculs d’Israël

Le gouvernement israélien tente de saborder l’accord

La réconciliation interpalestinienne fausse les calculs d’Israël

Mardi, 3 mai 2011 - 8h41 AM

mardi 3 mai 2011

==========================================

En deuxième partie de cet article : le texte intégral de l’accord de réconciliation

Le Comité de rédaction

==========================================

03-05-2011

Par Lyes Menacer

Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, et le chef en exil (à Damas) du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, signeront demain au Caire, en Egypte, l’accord de réconciliation interpalestinien.

L’Egypte a joué un rôle déterminant dans la réconciliation des frères ennemis palestiniens dont la division avait grandement joué en faveur de l’occupant israélien.« La signature de l’accord aura lieu le 4 mai (demain) quand Abbas et Mechaal ainsi que toutes les factions palestiniennes se rencontreront au siège de la Ligue arabe au Caire », a déclaré un haut responsable du mouvement Fatah, Azzam Al-Ahmad, chargé des négociations sur la réconciliation, cité par les agences de presse.

D’autres factions palestiniennes seront présentes à la conclusion officielle de cet accord.

Mercredi dernier et dès l’annonce officielle, d’abord par les services de renseignements égyptiens puis par les Palestiniens, de l’aboutissement des deux parties à un accord, la réaction israélienne ne s’est pas fait attendre.

L’actuel chef du gouvernement d’Israël, Benyamin Netanyahou, était l’un des premiers hauts responsables hébreux à réagir. Pour lui, « le Hamas s’efforce de détruire l’Etat d’Israël et le dit ouvertement », a déclaré le Premier ministre israélien qui, comme si c’était lui le tuteur des Palestiniens, a estimé que Mahmoud Abbas devait « choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas ». M. Netanyahou semble toutefois oublier qu’avec Israël, les Palestiniens n’étaient jamais en paix et ils ne le seront jamais tant que les projets de colonisation ne sont pas arrêtés et Tel-Aviv n’œuvrerait pas sérieusement à la création d’un Etat palestinien indépendant et autonome.

Les responsables de l’Autorité palestinienne ont répliqué à ces « injonctions » israéliennes, qui cachent très mal leurs menaces, en déclarant que la réconciliation entre le Fatah et le Hamas est une affaire interne et qu’il incomberait plutôt à l’occupant israélien de « choisir entre la paix et la colonisation », ont rapporté les médias locaux.

Le Hamas s’est toujours opposé à toute reconnaissance de l’existence d’un Etat israélien et Tel-Aviv voit en lui l’ennemi qu’il faut abattre quitte à tuer tous les Palestiniens, comme il l’a fait durant l’hiver 2008/2009 dans la bande de Ghaza, en livrant une génocidaire guerre d’agression contre les populations ghazaouies sous prétexte de répondre aux frappes d’obus du mouvement islamiste sur les villages frontaliers israéliens.Le mouvement islamiste est aussi contre le processus de paix au Proche-Orient, à l’arrêt depuis septembre dernier en raison du refus de l’occupation de suspendre ses projets de colonisation en Cisjordanie et à El-Qods-Est occupée.

L’Etat hébreu considère le mouvement islamiste du Hamas comme un mouvement terroriste, un détail sur lequel Tel-Aviv insiste pour faire éclater l’accord de réconciliation interpalestinien qui sera signé demain au Caire. Une offensive diplomatique a été aussitôt enclenchée par le Premier ministre Netanyahou une fois l’information relayée par les médias et confirmée par les concernés.

Comme à l’accoutumée, c’est vers les capitales occidentales que le chef du gouvernement israélien s’est tourné pour convaincre celui qui veut le croire que le Hamas constitue un sérieux danger pour la sécurité de l’Etat hébreu. Pourtant, le Hamas ne dispose d’aucune force destructrice comme Tel-Aviv qui refuse même de jouer franc jeu avec la communauté internationale concernant la question du développement de son industrie et armement nucléaires. M. Netanyahou a donc décidé de prendre son bâton de pèlerin dans l’espoir de convaincre ses alliés stratégiques sur le danger de l’unité des Palestiniens qui, selon Israël, risque de faire capoter le processus de paix au Proche-Orient, si d’abord processus de paix il y a.

Outre la pression diplomatique, Tel-Aviv use de l’argent pour faire courber l’échine aux responsables de l’Autorité palestinienne. Après l’annonce de la conclusion de l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, Israël a directement suspendu les transferts de taxes, douanières et autres, à l’Autorité palestinienne qui sont d’un montant estimé à plus de 60 millions d’euros, a rapporté Reuters. La suspension du versement de cet argent, collecté par l’Etat hébreu pour le compte de l’AP, a été qualifiée de « décision illégale » par les Palestiniens qui y voient une mesure de représailles de la part de Tel-Aviv. Ces pressions israéliennes « ne nous dissuaderont pas de mener à terme notre processus de réconciliation », a réagi le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui dirige le gouvernement Fatah en Cisjordanie. « Telle est notre politique, et nous devons travailler plus durement encore pour mettre fin aussi vite que possible à nos divisions », a-t-il ajouté, cité encore par Reuters. C’est l’unité du peuple palestinien qui fait justement peur aux dirigeants de l’entité sioniste qui ont largement
profité des divisions internes palestiniennes pour justifier l’échec des pourparlers de paix et surtout poursuivre leur politique de colonisation en Cisjordanie et à El-Qods-Est occupée.

En prévision de la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’Onu pour le mois de septembre prochain, Tel-Aviv a mis les bouchées doubles pour saboter cette initiative de la communauté internationale, de plus en plus excédée par l’arrogance des Israéliens et leur recours à la violence armée aux moindres tirs d’obus de la part du Hamas. Et lorsqu’on lit dans les colonnes du quotidien israélien Haaretz : « Le spectre qui terrifie Israël : l’Etat palestinien », on comprend pourquoi Tel-Aviv ne veut pas de la réconciliation des frères ennemis palestiniens.

L. M.

Texte intégral de l’accord de réconciliation

Sous le patronage de l’Egypte, les mouvements du Fatah et du Hamas se sont rencontrés au Caire le 27 avril 2011, pour discuter des questions liées à la fin de la division et la réalisation de la réconciliation, en particulier les observations de l’accord national palestinien en 2009.
Les deux côtés ont convenu que les arrangements qui ont été trouvés concernant ces observations pendant les pourparlers doivent être respectés dans l’application de l’accord national de réconciliation palestinienne. Ces ententes sur lesquelles ont convenu les mouvements du Hamas et du Fatah se définissent ainsi :

1 - Les élections
a) La commission électorale
Les deux parties, Fatah et Hamas, se sont accordées sur la nomination des membres de la commission électorale centrale, en accord avec les factions palestiniennes, pour que le président palestinien décrète la formation de cette commission.

b) Tribunal électoral
Les deux parties, Fatah et Hamas, ont convenu la nomination d’au plus douze juges pour composer le tribunal électoral, et le président palestinien prendra les mesures juridiques nécessaires pour sa formation, en accord avec les factions palestiniennes.

c) Le calendrier des élections
Les élections législatives, présidentielles et du Conseil national palestinien se dérouleront en même temps, dans un an à partir de la signature de l’accord national, par les factions et forces palestiniennes.

2 – L’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP)
Les deux mouvements du Fatah et Hamas se sont accordés sur le fait que les tâches et les décisions du cadre directionnel provisoire ne sont pas annulatives, pour celles qui ne sont pas incompatibles avec les pouvoirs du Comité exécutif de l’OLP.

3 – La sécurité
La formation du haut comité de sécurité décrété par le président palestinien et composé d’officiers expérimentés d’un commun accord.

4 – Le gouvernement
a) Formation du gouvernement
Les mouvements du Fatah et du Hamas se sont accordés sur la formation d’un gouvernement palestinien et la nomination d’un Premier ministre et des ministres d’un commun accord.

b) Missions du gouvernement
1. Préparation des élections présidentielles, législatives et celles du Conseil national palestinien.
2. Superviser la résolution des questions de la réconciliation palestinienne interne résultant de l’état de division.
3. Suivi de la reconstruction de la bande de Ghaza et mettre fin au siège.
4. Suivi de la mise en œuvre des dispositions de l’accord national palestinien.
5. Aborder les questions civiles et les problèmes administratifs résultant de la division.
6. Unification des institutions de l’Autorité nationale en Cisjordanie, la bande de Ghaza, et Jérusalem.
7. Régularisation de la situation des associations et institutions locales et de bienfaisance.

5 – Le Conseil législatif
Les deux parties ont convenu d’une activation du Conseil législatif palestinien selon la loi fondamentale.