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A son tour, la Syrie entre dans la zone de turbulences

« Les forces de sécurité tirent sur des manifestants et font cent blessés »

Dimanche, 20 mars 2011 - 17h44

dimanche 20 mars 2011

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Les forces de sécurité ont tiré, dimanche, à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur des milliers de manifestants à Deraa dans le sud de la Syrie, faisant plus de cent blessés, a indiqué à l’AFP un militant des droits de l’homme sur place. « Les forces de sécurité aidées par la police ont tiré des gaz lacrymogènes contenant des produits toxiques et ont tiré à balles réelles sur les manifestants, dont le nombre dépasse les 10 000 personnes », a dit ce militant à l’AFP.

Deraa, théâtre de manifestations depuis trois jours, « est devenu un volcan de feu », criait-il au milieu de la manifestation qui se déroulait dans la vieille ville. Les forces de sécurité sont aidées par des policiers et des agents en civil. La Syrie, où la loi d’urgence est en vigueur depuis 1963, est depuis le 15 mars le théâtre de manifestations à la suite d’un appel d’une page Facebook réclamant plus de libertés.

La mosquée al-Omari, transformée en « un hôpital de campagne », accueillait les blessés. « Des coups de feu ont été entendus dans différents endroits de la ville, et les affrontements se poursuivent entre manifestants et forces de l’ordre », a-t-il ajouté. Selon ce militant, une délégation gouvernementale composée du vice-ministre pour les Affaires étrangères Fayçal Meqdad et du ministre de l’Administration locale Tamer al-Hijé s’est rendue dans les maisons des manifestants tués vendredi pour « exprimer ses condoléances ». Mais cette délégation a été mal accueillie par les manifestants « qui ont crié Celui qui frappe son peuple est un traître ».

Les manifestants avaient commencé à défiler dans l’après-midi à partir de la mosquée al-Omari, a ajouté le militant, qui a fait état de « nouvelles arrestations » à Deraa. « La ville est encerclée par l’armée, mais celle-ci n’est pas intervenue », a-t-il dit. Samedi, des dizaines de manifestants ont été arrêtés et plusieurs autres blessés par les forces de sécurité à Deraa, selon des militants des droits de l’homme, au lendemain d’une manifestation dans cette ville qui a fait au moins quatre morts.

Les associations de défense de droits de l’homme appellent depuis des années le pouvoir syrien à suspendre les tribunaux d’exception, à libérer « les détenus politiques et de conscience », et à cesser les arrestations arbitraires, alors que les médias sont étroitement contrôlés par l’État.