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Nouveau pilier de ce qui constitue un Etat (ndlr)

La résistance palestinienne passe aussi par la musique !

Dimanche, 6 mars 2011 - 11h32 AM

dimanche 6 mars 2011

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Le Conservatoire National de Musique Edward Saïd, en Palestine, a fait des "petits", et pas n’importe lesquels !

Ci-dessous une lettre que nous envoie Tim Pottier, son directeur, pour nous annoncer le lancement de l’Orchestre National de Palestine, un orchestre de haut niveau, qui s’est formé de manière passionnante, faisant fi de tous les obstacles.

La résistance palestinienne passe aussi par la musique !

"Peu avant de se produire au Palace Al-Hamra à Jérusalem Est – naguère une vitrine de superstars et de rois, quand dans les années soixante il hébergeait un music-hall– Charlie, un violoniste de Los Angelès regardait avec stupeur à travers les grilles de la maison où son père avait grandi, et qui se trouve maintenant dans une banlieue haut-de-gamme de Jérusalem-Ouest. Trois jours plus tôt, Nhassim, un bassiste palestino-chilien qui réside à Berlin s’exerçait dans le hall de la Pension Talitha Kumi, encore un peu perplexe d’avoir trouvé à l’aéroport les jeunes soldats israéliens si désireux de savoir comment et pourquoi il était arrivé au Chili – le pays où il était né. Comme Charlie, lui non plus n’était jamais venu en Palestine. Tareq, un réfugié palestinien qui avait passé son enfance en Syrie, et dont les origines familiales sont à Haïfa, a dû se pincer à plusieurs reprises pour se convaincre qu’il n’était pas en train de rêver durant les deux heures qui aboutissent à l’ultime coup de timbales dans la quatrième Symphonie de Beethoven, le 2 janvier 2011. En tant que réfugié palestinien ayant grandi en Syrie, il n’aurait pas imaginé pouvoir de son vivant jouer dans sa ville d’origine.

Il s’agissait de la première rencontre de l’orchestre, une semaine que peu d’entre nous pourrons oublier – des vagues d’émotions – la plupart des échanges les plus significatifs restant, pour le moment entre nous, pour d’évidentes raisons. Pour ceux qui sont dans la confidence, je n’ai pas besoin d’en dire plus que « Heureuse année ! ». Ces mots n’auront plus jamais la même signification.

Mises à part ces histoires extraordinaires, le plus remarquable a peut-être été la manière dont cet orchestre - un mélange contrasté d’approches internationales de la musique classique - s’est transformé depuis le premier jour de répétition chaotique en un ensemble musical dont un journal publié chez les autorités d’occupation a conclu qu’il n’avait rien à envier à ce qui existe à l’intérieur de leurs frontières.

De la superbe dextérité de Nabih Boulos (et, le dernier soir, de Peter Sulski) et de la saisissante performance vocale de la soprano palestino-japonaise Mariam Tamari, il apparaît que nos spectateurs ont été amplement conscients et fascinés durant toute la soirée. Tout le mérite en revient aux musiciens eux-mêmes et à l’habileté du chef d’orchestre suisse Baldour Brönnimann, qui a fait preuve d’un parfait équilibre entre patience décontractée et discipline de conduite : juste ce qui était requis.

Le premier orchestre professionnel palestinien existe.

Des quarante trois musiciens qui jouent dans l’Orchestre National Palestinien, seize avaient antérieurement été membres de l’Orchestre Palestinien de la Jeunesse, qui s’était produit à guichets fermés au Megaron Mousikis d’Athènes, à l’occasion de la Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien (le 28 novembre 2010).
Au programme, sous la baguette de Sian Edwards, étaient inscrites des musiques de Haydn, de Gershwin, de compositeurs contemporains d’origine palestinienne (Bisharat, Boulos et Khattib), ainsi que trois chansons arabes spécialement adaptées pour cette occasion et chantées par Rawan Eleyan (de Gaza), Oday al-Khattib (d’Hébron) et Osama Diab (de Ramallah).

L’événement a bénéficié d’une large couverture de la part des média internationaux ; y assistaient les dirigeants de la plupart des partis politiques grecs, l’ambassadeur palestinien en Grèce et un grand nombre de membres de la communauté palestinienne à Athènes.

Le tout avait été rendu possible grâce à un généreux financement par la firme de construction CCC, basée à Athènes et présidée par Said Khoury, et grâce aux efforts énergiques de Lena Saleh, membre du bureau du ESNCM (Conservatoire National de Musique Edward Saïd).

Baldur Brönnemann est un chef d’orchestre suisse, directeur musical de l’Orchestre Symphonique National de Colombie, et ce fut une coïncidence plaisante que les archets de notre orchestre junior – l’Orchestre de Jérusalem – soient dirigés par un chef et pianiste colombien résidant en Suisse – Juan David Molano – dans des concerts débutant par les instruments à vent de l’ESNCM, dirigés quant à eux par Katie Rowold et Michael Flynn. Ces jeunes musiciens se sont produits à Birzeit, Naplouse et enfin Jéricho, où un programme dynamique pour les défavorisés est piloté par le professeur de contrebasse Ramadan Khattab. Les progrès qu’ils ont accomplis au cours de la semaine passée au centre d’activités de l’ESNCM à Birzeit nous rend optimistes sur l’abondance de talents qui se trouvent parmi de jeunes Palestiniens pour occuper dans les prochaines années les pupitres de l’Orchestre Palestinien de la Jeunesse et de l’Orchestre National Palestinien.

Avec une telle activité au sein de l’ESNCM au cours des derniers mois, plusieurs propositions intéressantes ont surgi pour les prochaines années. De sorte que, au cas où nous naviguerions avec succès sur les eaux toujours tempétueuses, de jeunes musiciens palestiniens voyageraient bientôt vers de nouveaux horizons stimulants.

Des candidatures pour le progamme 2011 de l’Orchestre Palestinien de la Jeunesse sont déjà agréées, et la publication du détail des auditions interviendra à court terme. Vu le nombre de candidatures robustes déjà reçues, tous les postulants auront cette année à être auditionnés, soit par vidéo soit directement, début avril à l’une des antennes de l’ESNCM.

Merci d’ encourager tous les jeunes musiciens classiques d’origine palestinienne, entre 14 et 26 ans, et qui ont atteint un niveau de compétence sur un instrument orchestral, à poser leur candidature par l’intermédiaire du site web de l’Orchestre Palestinien de la Jeunesse.

Sans le soutien constant de nos amis, ces prochains pas encourageants ne seront pas possibles. Nous vous demandons instamment, en tant qu’ « Amis de l’Orchestre » de renouveler vos cotisations et d’engager d’autres personnes à vous rejoindre dans ce projet considérable, permettant ainsi au Conservatoire National de Musique Edward Saïd de poursuivre sa progression vers des orchestres palestiniens du plus haut niveau."

Fidèlement vôtre,

Tim Pottier (tpottier@ncm.birzeit.edu )
Orchestras Manager
Edward Said National Conservatory of Music
Palestinian Mobile : 00972 (0) 568195492
Bureau : 00972 (0) 26271711
Nos sites web :
Palestine Youth Orchestra http://ncm.birzeit.edu/pyo
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