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Le battement d’aile d’un papillon.......... Jamais cette affirmation ne s’est révélée si justifiée ! (ndlr)

De Sidi Bouzid à Pékin

Lundi, 21 février 2011 - 6h42 AM

lundi 21 février 2011

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Le nom de Mohammed Bouaziz, 26 ans, qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid (Tunisie) restera gravé dans les mémoires et, très probablement, trouvera également sa place parmi les personnages qui auront participé à changer le cours de l’Histoire.

Son geste désespéré, militant et d’un courage inouï a été le déclencheur d’un réveil des consciences qui, de Tunis au Caire, de Casablanca à Ramallah, de Tripoli à Amman, d’Alger à Bahrein, de Koweit à Khartoum, de S’ana à Doha, n’en pouvaient littéralement plus, et souvent sans s’en rendre compte, d’être étouffées par des pouvoirs d’un autre âge et des pratiques de « gouvernance » ( le mot est à la mode) transformant des citoyens en pions corvéables, manipulables et dressables à merci.

En ce moment même, et en dépit de médias majoritairement encore muselés, chaque heure apporte par une voie parallèle ou autre, une information entretenant l’attention des opinions publiques sur le développement de ce phénomène majeur qui, pour l’instant, ne semblait concerner que le Proche et le Moyen-Orient.

Cependant, il apparait qu’un nombre significatif de citoyens, habitant hors de ces deux zones géographiques en pleine ébullition, ne peut s’empêcher de se poser la question de tenter de savoir si une telle rebellion est transposable dans son propre pays et quels en seraient les effets. Le compte à rebours est-il en fin de course ? le couvercle de la marmite commence-t’il à frémir ? même si la marmite de nos grands mères ne comportait pas de soupape de sûreté, les gouttes bouillantes qui s’en échappaient constituaient des signaux d’alerte ! mais, que dis-je ? la cocotte-minute , ustensile indispensable à la ménagère du 21è siècle, est-elle encore capable de résister au degré d’indignation (mot incontournable ces temps-ci) qui fait fuser furieusement la vapeur par le trou d’échappement prévu suffisant à cet effet en des temps normaux , mais nous ne sommes plus dans des temps normaux ?

Et puis et enfin : « et la Chine, dans ce paysage en voie de dévastation/reconstruction, espérons les, salutaires ? »

Un milliard trois cents millions de Chinois + des millions dispersés dans le monde à la conquête des plus beaux fleurons de nos industries, savoirs-faire, marchés, emplois.

Parallèlement, des hordes immenses de ruraux chassés des villes où ils pensaient faire fortune et n’osant plus réintégrer leur campagne désertée sauf par le commissaire politique, et errant à travers cet immense pays, conscients de leur funeste sort au milieu d’une opulence insolente et souvent incommensurable (cf Ben Ali, Moubarak et consorts).

Certes, c’est la première fois qu’un pays compte un tel nombre d’habitants et il n’y a pas, historiquement, de précédent sur lequel s’appuyer pour éviter les faux pas et choisir, parmi les différentes voies, la mieux adaptée pour mener une politique satisfaisant le plus grand nombre sans pénaliser les plus déhérités répartis sur un immense territoire où il y a autant de différence entre un Cantonnais et un Pékinois qu’entre un Inuït et un habitant de Tombouctou.....sauf, que pour les deux premiers, ils revendiquent fièrement d’être Chinois.

Il n’empêche qu’il est raisonnable et judicieux de se demander si l’onde élargie du battement d’aile de Mohamed Bouaziz n’atteindra pas, si ce n’est déjà fait, les rivages de « l’Empire céleste » et quels en seront les effets.

Gageons que les médias, girouettes super huilées, tourniquoteront bientôt en fonction de l’évolution de l’opinion publique mondiale dont la force et l’ existence seront, bon gré mal gré, tôt ou tard, reconnues.

Michel Flament

Coordinateur