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EGYPTE : le Peuple reprend la main (ndlr)

Marée humaine vers la Place Tahrir et à Alexandrie

Mardi, 8 février 2011 - 22h26

mardi 8 février 2011

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Résumé de cette journée historique

Il a suffi d’une goutte d’eau pour faire déborder la gigantesque cuve remplie à ras bord des souffrances, exaspérations, frustrations, maltraitances subies par les Egyptiens depuis plus de 30 ans.

Il y a 13 jours, les plus jeunes ont eu l’immense mérite d’avoir le courage d’oser défier le pouvoir despotique et, grâce à des moyens modernes de communication, de se retrouver en masse sur la désormais célèbre Place de la Libération (Tahrir).

Stoïques, infatiguables, mobiles, ils ont tenu jusqu’au bout à refuser de céder et ont donné l’exemple à leurs aînés de tous types qui les ont rejoints.

Le « pouvoir » a parié sur la lassitude : perdu !
Le « pouvoir » a parié sur le support durable de l’"ami" US : perdu !
Le « pouvoir », sournoisement, comptait sur l’armée : perdu !

Et puis.....il a suffi qu’apparaisse sur l’écran Wael Ghonim, responsable de Google pour le Moyen-Orient, relâché après 12 jours d’enfermement pour que toute l’Egypte prenne enfin conscience, à l’audition du récit de sa détention par ce combattant des ondes, que, cette fois-ci, s’en était trop et qu’il fallait, de gré ou de force faire de cette révolte en marche une révolution aboutie et à part entière.

A 9h58 ce matin les rumeurs suivant lesquelles le Président Moubarak pouvait se trouver en Allemagne pour un séjour médical atteignaient les manifestants

A 10h13, la foule, bien que filtrée par l’armée et le service d’ordre des manifestants, devient dense et une ambiance grave et festive en même temps accueuille les innombrables nouveaux arrivants qui lancent aussitôt un appel à converger en masse vers la Place Tahrir.

A 10h58, Il est annoncé qu’un rassemblement d’enseignants part du siège de son syndicat et se dirige vers le centre ville

A 11h55, Omar Suleiman, l’avatar de Moubarak, annonce qu’il a été constitué un groupe de travail pour examiner des amendements à la constitution. La foule, insatisfaite, fait savoir qu’elle ne bougera pas tant que Moubarak et son gouvernement seront au pouvoir.

De l’étranger, parviennent également des nouvelles qui montrent à quel point le désarroi est total . Il est dit que le Président Obama se prépare à changer son"team" conseil pour le Moyen-Orient. Madame Ashton, pour l’UE durcit le ton, tout en regardant autour d’elle comme si, durant son allocution, quelqu’évènement pouvait arriver l’obligeant à infléchir le contenu de son intervention.

Il est ensuite annoncé que Moubarak aurait signé les fameux amendements.

Bruits et chuchotements se multiplient.

Rien n’y fait, la foule, tant au Caire, qu’à Alexandrie, que partout ailleurs dans le pays, réclame d’abord et avant tout le départ de Moubarak et consorts.

Les chars placés tout autour de la place de la Libération sont entourés d’hommes , de femmes et d’enfants assis par terre, adossés aux chenilles et prenant en quelque sorte psychologiquement possession de ces monstres qui ont eu le mérite de se tenir sur une prudente réserve depuis le début de l’insurrection.

Durant toute l’aprés midi, la foule grossit les rangs des manifestants qui encerclent également le parlement.

21h42 : on apprend que la Maison Blanche a critiqué Omar Suleiman qui a osé prétendre que l’Egypte n’était pas prête à devenir une démocratie.

Il est patent que cette journée de recrudescence de l’insurrection a étonné nombre d’observateurs qui, à l’écoute des médias occidentaux toujours aussi bien intentionnés, pensaient que la vie était redevenue quasiment normale dans la capitale et que seule la Place Tahrir restait encore vaguement occupée par des irréductibles au nombre de quelques centaines.

Il est tout aussi patent qu’une fois de plus, un peuple démontre que, face à la dictature, tôt ou tard, le moment vient où, quelqu’en soit le prix à payer, le réveil des consciences balaye tous les miasmes ainsi que leurs auteurs qui, ayant perdu le sens des réalités, devront céder leur place à ceux qui, abusés pendant si longtemps, instaureront une gouvernance à base de démocratie et de la démocratie telle qu’ils la concevront eux mêmes, tous ensemble.

Michel Flament

Coordinateur