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Source : Al Oufok

Vague montante de xénophobie en Israël

Dimanche, 26 décembre 2010 - 12h15

dimanche 26 décembre 2010

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La vague montante de xénophobie en Israël à l’encontre de citoyens arabes et de migrants africains préoccupe les organisations de défense des droits de l’Homme et a suscité un appel sans précédent du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la tolérance.

Cette hostilité s’étale désormais sur la place publique, comme en témoignent une série de manifestations et pétitions pour défendre « l’honneur des femmes juives » que menacerait la présence de voisins arabes et pour dénoncer « l’invasion de migrants » africains.
Lundi, à Bat Yam, dans la périphérie de Tel-Aviv, ils étaient 200 résidents locaux et militants d’extrême-droite, venus de tout Israël, à manifester aux cris de « Nous ne permettrons pas aux Arabes de prendre nos filles ».

Ce rassemblement a eu lieu après que le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, du parti ultra-orthodoxe sépharade Shass s’est inquiété récemment de l’augmentation de résidents arabes à Bat Yam, qualifiant cette situation de « menace pour l’identité juive de la ville ».
Le maire de Bat Yam, Shlomo Layani, a dénoncé toutefois publiquement la manifestation, déclarant « en avoir honte ».
Le lendemain, des centaines de personnes défilaient dans un quartier populaire de Tel-Aviv appelant à expulser les travailleurs clandestins venus d’Afrique.

Ces dénonciations ont été encouragées par un manifeste de rabbins au début du mois appelant à interdire la vente ou la location de maisons à des non-juifs, ce qui vise particulièrement la minorité arabe en Israël.

L’appel a provoqué un tollé mais aucune sanction.

Des formations d’extrême-droite, dans la mouvance du mouvement d’inspiration raciste Kach (en principe hors-la-loi), ont appelé à soutenir ces rabbins jeudi soir à Jérusalem-Ouest.

La police israélienne a annoncé de son côté mercredi l’arrestation d’une bande de neuf jeunes juifs israéliens soupçonnés d’avoir agressé des Arabes à Jérusalem.

Dans ce contexte, M. Netanyahu a jugé nécessaire d’exhorter mercredi ses compatriotes à la tolérance.

« Nous sommes un Etat de droit, nous respectons toutes les personnes, quelles que soient leurs origines », a-t-il souligné dans un message public.

Pour la porte-parole de l’Association israélienne pour les droits civiques (ACRI), Ronit Sela, cette montée xénophobe s’incrit dans un climat général de « délégitimation » de la minorité arabe et d’hostilé envers des non-juifs, favorisé par la coalition au pouvoir qui inclut des partis populistes et ultra-orthodoxes.

Selon elle, les réactions molles du pouvoir, couplées à des déclarations « racistes et xénophobes » de députés encouragent des projets de loi discriminatoires, incitant à la haine et mettant en danger la démocratie israélienne.

La communauté des Arabes israéliens, descendants des 160.000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’Etat hébreu en 1948, compte plus de 1,2 million de personnes, soit 20% de la population totale d’Israël.

Elle souffre de discriminations, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’achat d’appartements dans des localités juives.

Le quotidien de gauche Haaretz a pressé le président Shimon Peres de mettre tout son prestige dans la balance « pour éteindre les flammes de la haine et du racisme qui se propagent en Israël ».

En revanche, pour le quotidien populaire Yédiot Aharonot, le phénomène « ne saurait être automatiquement assimilé à du racisme » et traduit une opposition à l’arrivée de migrants comparable à ce qui se produit en Europe.

Israël a commencé la construction d’une barrière de sécurité de 250 km le long de sa frontière avec l’Egypte, afin de bloquer les principales voies d’entrée des clandestins.

Le gouvernement israélien prévoit aussi de créer un grand centre de rétention près de cette frontière pour recevoir des milliers d’immigrés, dont 35.000 sans permis de séjour ont réussi à s’installer en Israël depuis 2006.

(Jeudi, 23 décembre 2010 - Avec les agences de presse)