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Funeste pressentiment

Israël : vers une nouvelle politique : pire que pire ? (ndlr)

Lundi, 6 décembre 2010 - 13h53

lundi 6 décembre 2010

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Un casting à donner froid dans le dos à ceux qui connaissent le profil des pressentis ou des élus ainsi que celui de Mohammed Dahlan.

Michel Flament
Coordinateur

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NETANYAHOU CHANGE LES TÊTES POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE D’ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

Hasard du calendrier, certes, mais excellente opportunité pour Benjamin Netanyahou de marquer d’une touche personnelle les grandes institutions sécuritaires du pays. En arrivant au pouvoir, il avait hérité des nominations de ses prédécesseurs. Il a décidé de ne pas prolonger le mandat de personnalités en place car, en changeant les têtes, il pense avoir les coudées franches pour infléchir sa politique comme nous en avions déjà fait part dans ces colonnes et comme le suggèrent les fuites de WikiLeaks.

Chef d’Etat-Major
Yohav GALANT

Le nouveau chef d’Etat-Major, Yohav Galant prendra ses fonctions au début de l’année et il est considéré par la classe politique israélienne comme un « dur ». Il avait mené l’opération « plomb durci » contre Gaza en 2009 et il avait été partisan d’entrer en force au centre-ville pour y pour déloger les dirigeants du Hamas et rétablir le pouvoir de l’Autorité palestinienne. Il avait envisagé de se faire accompagner de Mohammed Dahlan, l’ex-homme fort de Gaza et homme à la fois du Mossad et de la Cia. Il n’a pas été suivi par le gouvernement. Il ne cache pas qu’il est partisan de la méthode forte qui permet d’asseoir la sécurité du pays. Il sait qu’il aura à gérer la situation avec l’Iran et le Hezbollah et qu’il devra proposer au pouvoir politique les options militaires pour éradiquer ou ralentir le problème nucléaire iranien.

Par ailleurs, la situation de l’Egypte doit être analysée à la lumière des dernières élections. Le Ministère de la Défense craint pour la stabilité de l’Egypte quand « l’ère Moubarak » sera passée. Le directeur du ministère, le général Shani a mis en garde que « si Moubarak a été un partenaire solide au Proche-Orient, rien ne garantit que son successeur sera de la même stature face aux multiples dangers terroristes qui se développent dans la péninsule du Sinaï ».

Mossad
Tamir PARDO

Meïr Dagan, l’homme que les égyptiens avaient affublé du sobriquet de « superman de l’Etat juif » avait été nommé par Ariel Sharon pour orienter le service vers une politique plus modérée. Les échecs de son prédécesseur avaient mis en cause l’efficacité du Mossad. Il quitte son service après l’avoir réorganisé et lui avoir rendu sa crédibilité et son aura. Il avait axé sa politique sur les assassinats ciblés comme celui, jamais revendiqué, d’Imad Moughnieh, l’expert du Hezbollah en explosif, qui est soupçonné d’être l’organisateur de l’attentat contre Rafik Hariri. Le doute persiste sur les auteurs de l’élimination d’El-Mabhouh à Dubaï car la signature du Mossad n’avait pas été précisément reconnue. Par ailleurs, il avait intensifié la guerre de l’ombre en créant l’inquiétude et le doute chez les savants nucléaires iraniens qui ont fait l’objet d’attentats mortels. Il avait plus récemment désorganisé les centrales nucléaires avec l’introduction du virus Stuxnet dans les ordinateurs de contrôle.

Le nouveau chef du Mossad, Tamir Pardo, avait intégré la centrale dès 1980 ce qui lui donne une expertise sur les contours de son service et l’assurance d’être immédiatement en position de diriger les opérations. Le gouvernement a innové en nommant quelqu’un du sérail alors que jusqu’à présent des personnalités de l’extérieur étaient appelées à la tête de l’organisation. C’est un ami personnel de Benjamin Netanyahou car il a fait partie des commandos spéciaux de l’Etat-Major (Sayeret Matkal) sous les ordres du colonel Yoni Netanyahou, frère du premier ministre et seule victime du raid pour la libération des otages d’Air France à Entebbe en 1976. Il est réputé pour être un expert en guerre électronique avec l’introduction de la haute technologie et des satellites pour les missions d’écoutes et d’espionnage.

Aman
Aviv KOCHAVI

Le jeune général de brigade de 46 ans, Aviv Kochavi, ancien commandant de la division des opérations de Tsahal, promu général de division, vient de prendre le relais à la tête du renseignement militaire, plus communément connu sous le nom de « Aman ». Il aura à couvrir les informations de la défense nationale et à informer le gouvernement sur l’état des structures militaires de l’ennemi. Ses analyses serviront à la prise de décision des dirigeants israéliens. Mais Aman avait failli par deux fois par l’absence de prédiction de l’offensive arabe d’octobre 1973 et par la mauvaise analyse sur l’initiative de paix de Sadate en 1977.

Kochavi, parachutiste qui a servi comme commandant de brigade lors de l’opération « plomb durci , contrôlera l’unité très secrète 8200, basée à Herzlia, qui est soupconnée d’être à l’origine du virus Stuxnet. Dans la cérémonie de transmission des pouvoirs, il a reçu de son prédécesseur, le général Yadlin, la mise en garde que la prochaine guerre serait multi-fronts et que la ville de Tel-Aviv serait au centre de l’un des fronts.

Knesset
Mohammed DAHLAN et Chaoul MOFAZ

La dernière nomination concerne le président de la prestigieuse commission des Affaires étrangères et de la Défense du parlement israélien. Chaoul Mofaz, numéro 2 du parti d’opposition Kadima, ancien chef d’Etat-major et ancien ministre de la défense nationale, sera un conseil précieux pour les décisions du gouvernement. Malgré son appartenance au parti centriste, il est étiqueté comme « faucon » par les observateurs politiques israéliens. Sa nomination au poste de la défense avait déjà annoncé un virage marqué à droite après l’éclatement de la coalition du premier ministre Ariel Sharon avec le parti travailliste. Nationaliste fervent, il ne manie pas la langue de bois et il s’était distingué par une attitude plus belliciste que Sharon envers les Palestiniens.
Durant ces derniers mois, il a prôné l’intégration de Kadima dans un gouvernement d’union nationale et, au poste fondamental qu’il occupe à présent, il pourra influer sur les décisions de son parti et prendre l’ascendant sur la cheffe de l’opposition Tsipi Livni.

Conséquences politiques

Le changement simultané de plusieurs hauts personnages de l’Etat pourrait signifier que le premier ministre cherche à s’entourer de personnalités proches qui pourraient l’appuyer dans ses nouvelles décisions et l’aider dans son bras de fer avec les Etats-Unis. Barack Obama persiste à vouloir imposer un plan de paix et presse Benjamin Netanyahou de moduler sa position. Le premier ministre est convaincu que, pour des raisons d’identité juive de l’Etat, il est contraint de se séparer des arabes de Cisjordanie soit par un accord négocié, soit par une décision unilatérale d’imposer le mur de sécurité comme une frontière provisoire.

Le temps presse pour Netanyahou qui voit dans les manœuvres de son aile nationaliste une volonté de s’opposer à toute concession. Trente-cinq députés ont adressé une lettre au premier ministre pour lui demander l’annexion pure et simple sous souveraineté israélienne de l’implantation juive d’Ariel, au centre de la Cisjordanie. Par ailleurs, le vote d’une loi imposant un référendum pour toute décision territoriale l’incite à anticiper sa nouvelle politique.

La révélation de WikiLeaks selon laquelle le premier ministre acceptait le principe « d’échange de territoires » a été condamnée par de nombreux membres du Likoud. Le bureau de Netanyahou ministre vient d’ailleurs de préciser que « le premier ministre est favorable à des échanges de territoires uniquement dans le cadre d’un accord de paix définitif ». Le principe d’abandon de certaines implantations figure cependant en filigrane de sa déclaration.

Ainsi, pour faire avaler l’idée de sacrifices et pour donner plus de poids à une décision interne qui est refusée par les nationalistes et les religieux du Shass, le premier ministre israélien attend des nouveaux responsables sécuritaires qu’ils lui donnent les outils pour régler le problème iranien devant être certainement résolu sans l’aide concrète des américains. Une victoire dans ce domaine pourrait atténuait les effets liés à une décision de redéploiement des implantations de Cisjordanie. Il a besoin d’un soutien global pour insuffler du nouveau dans sa politique et tous les nouveaux nommés concourront à la réussite de son projet.

Le Hamas ne s’y est pas trompé et a vu le danger dans l’arrivée de ces nouveaux hommes forts. D’après la radio israélienne, des responsables du Hamas avaient déjà envoyé des messages aux Etats-Unis affirmant qu’ils n’étaient pas opposés à la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a affirmé le 1er décembre que « son mouvement respecterait les termes d’un accord de paix avec Israël s’il était approuvé par référendum ». Les lignes semblent ainsi bouger et quelques nominations à caractère dissuasif suffisent à relancer le processus de négociations avec les palestiniens.