Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Nouvelle cible de la campagne de nettoyage ethnique de Silwan : les (...)

L’innommable lâcheté d’un régime voyou, sans foi ni loi ! (ndlr)

Nouvelle cible de la campagne de nettoyage ethnique de Silwan : les enfants

Vendredi, 29 octobre 2010 - 7h02 AM

vendredi 29 octobre 2010

================================================

Charlotte Silver ( Palestinemonitor) /Serge Dumont (le temps.ch)
publié le mardi 26 octobre 2010.

http://www.palestinemonitor.org/spip/spip.php?article1581

Traduction : M.C.

« Je leur ai demandé de me donner une minute pour le réveiller. Mais qu’ils n’ont pas attendu, ils sont rentrés et l’ont emmené », dit Mansour Mahmoud en expliquant comment la police israélienne a arrêté son fils. Mahmoud est le père d’Imran Mahmoud, le garçon de 12 ans qui a été filmé en train de se faire violemment renverser par la voiture de David Beeri, chef d’Elad, organisation de colons, à Silwan, quartier de Jérusalem-Est. Moins de dix jours après qu’Imran ait été grièvement blessé par ce chauffeur qui a ensuite pris la fuite, la police de Jérusalem l’a arrêté pour avoir jeté des pierres.

par Charlotte Silver

Depuis l’assassinat de Samer Sahan par un garde des colons le 22 septembre, les forces de police et de sécurité de Jérusalem ont investi les rues de Silwan. Chaque jour, le quartier grouille de policiers qui patrouillent dans les rues à pied et en voiture. Rien que la semaine dernière, la police a mené une campagne d’arrestation massive, arrêtant au moins 23 habitants.

« [Les Israéliens] les appellent les ’rangers des colons’. Ils nous rendent la vie beaucoup plus difficile », dit Mustapha Siyam, qui habite Silwan.

Ce qui frappe particulièrement, cependant, c’est que les arrestations de cette semaine concernent au moins six enfants entre 8 et 12 ans. L’accusation portée contre les enfants est toujours la même — jets de pierres — et ils sont généralement libérés au bout d’une journée. Imran a été arrêté et interrogé quatre heures durant avant d’être condamné à une amende de 2 000 shekels et à deux semaines de résidence surveillée.

Muna Hasan, qui travaille pour le Centre d’Information Wadi Hilweh, a expliqué : « les mineurs sont toujours arrêtés pour avoir jeté des pierres. Mais ces jours derniers, les enfants ne jetaient pas de pierres, il n’y avait rien contre eux. Ils ne faisaient qu’en ramasser dans les rues sans rien en faire de plus. »

Le mercredi 18 octobre, trois mineurs ont été arrêtés à Silwan, dont un garçon en convalescence d’une intervention chirurgicale récente.

Le lundi 16 octobre, trois enfants de 10 à 12 ans ont été arrêtés. L’un d’entre eux, Muslim Auda, 10 ans, est rentré dans sa famille avec les jambes gravement meurtries par les coups que lui ont infligés les policiers en civil qui l’avaient arrêté.

« Les enquêteurs les ont battus, leur ont crié dessus, et ils ont aussi essayé d’en faire des indics. Ils utilisent des méthodes qui ne sont même pas acceptables pour les adultes. Ils font dire aux enfants qui sont les enfants qui jettent des pierres. », dit Hasan.

Imran a raconté à ses parents que pendant l’interrogatoire, la police lui a demandé qui d’autre jette des pierres.

Hasan n’est pas surpris par cette escalade dans le harcèlement. "Ce n’est pas nouveau, bien sûr ; on sait que Silwan a le plus fort pourcentage de personnes arrêtées de Jérusalem-Est, spécialement chez les mineurs… Nous pensons que toutes ces pratiques israéliennes, y compris les arrestations, y compris le fait de laisser les colons faire ce qu’ils font, tout cela relève du même principe : ils veulent mettre de plus en plus la pression sur les Palestiniens.

Silwan est un des quartiers les plus pauvres de Jérusalem. Les familles et les habitants n’ont pas accès à de nombreux services de base, y compris les écoles, les centres communautaires et les ressources pour leurs enfants. En raison du zonage israélienne, une très faible proportion des terres de Jérusalem-Est ont été allouées à la construction. En outre, obtenir un permis de construction coûte jusqu’à 25 000-30 000 dollars. L’impossibilité de bâtir a provoqué un surpopulation des quartiers qui est intolérable.

« Les parents n’ont pas la capacité d’envoyer leurs enfants dans les centres communautaires ou les terrains de jeux extérieurs à Silwan. Il y a aussi les pressions israéliennes qui pèsent sur les parents (lois, taxes et arrêtés de démolition) : toutes ces pressions empirent la situation », dit Hasan.

Malgré ces pressions, la communauté locale, pleine de résilience, a trouvé comment faire face avec ingéniosité. En 2007, les habitants palestiniens de Silwan ont fondé le Centre Créatif Madaa pour avoir un lieu où les enfants puissent développer leur créativité à travers la musique et l’art, et maintenir leur identité palestinienne en toute sécurité.

« Ce sont les habitants eux-mêmes qui ont pris l’initiative de démarrer tous seuls ce projet : ils ne veulent pas attendre que des autorités construisent un lieu pour leurs enfants. », dit Hasan.

En 2008, en réaction à l’ordre de démolition de 88 maisons de Silwan émis par le maire Nir Barkat pour faire place à l’expansion du parc archéologique ’Cité de David’, les habitants palestiniens ont érigé une grande tente. Dans la tente, les habitants organisent la prière, des réunions, des activités pour les enfants et d’autres activités communautaires. Le 21 octobre, l’ancien président américain Jimmy Carter s’est rendu à Silwan et s’est entretenu avec les dirigeants des collectivités locales dans la tente.

La dernière en date de ces organisations créées par les locaux est le Centre d’Information Wadi Hilwah, formé par un groupe d’habitants en 2009. L’objectif du centre est de raconter l’histoire palestinienne de ce village comme moyen de contrer le récit dominant de plus en plus de juif qui a été promulgué par le site archéologique ’Cité de David’.

Selon Hasan, les visiteurs et les touristes qui viennent à la ’Cité de David’ sont exclusivement informés sur les origines du quartier par l’organisation de colons Elad. D’après la présentation d’Elad, cette partie de la ville est avant tout le site archéologique de David, roi de la Judée antique. Ce point de vue étroit efface et rejette l’histoire et la réalité actuelle des habitants palestiniens du quartier.

« Wadi Hilweh a pour but de promouvoir l’identité palestinienne de ce village et aussi de dire toutes les violations contre les Palestiniens de la part des colons et des autorités israéliennes », dit-il. Le Centre d’Information Wadi Hilweh publie également des rapports quotidiens sur les affrontements, les arrestations et les tabassages qui se produisent dans Silwan.

Ainsi, en dépit des tactiques d’intimidation qui empirent lors des arrestations, des interrogatoires et des menaces, la communauté de Silwan ne baisse pas la tête et reste déterminée à survivre.

« Grâce à cette tente et ces centres, les Palestiniens se réunissent entre eux, bâtissent la confiance mutuelle et réfléchissent ensemble aux façons de résister et de faire entendre leur voix à l’extérieur. »

Ils le font tout en sachant que les autorités israéliennes sont déterminées à les faire partir de force à et sont prêtes à employer toutes les méthodes possibles pour y parvenir