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Le Président Richert (Conseil Régional d’Alsace) étant passé à l’acte :

2è Lettre ouverte à Philippe Richert d’un citoyen mis devant le fait accompli

Dimanche, 17 octobre 2010 - 13h58

dimanche 17 octobre 2010

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"Strasbourg, le 17 octobre 2010

Monsieur Philippe Richert,

Objet : portraits sur la Maison de la Région.

Monsieur Philippe Richert,

Vous êtes Président du Conseil Régional mais aussi Président du groupe France-Israël au Sénat, et la presse dit que vous pourriez devenir ministre dans le prochain gouvernement.

Vous venez de faire afficher sur la Maison de la Région, à côté des portraits de deux journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier détenus en Afghanistan, celui de Gilad Shalit, soldat de l’armée israélienne que vous considérez aussi comme « un otage ». Des élus du Conseil Régional dénoncent le fait que ces affichages, en façade de notre maison commune, n’aient pas été décidés par l’Assemblée Régionale.

France 3, et beaucoup de chaines de télévisions et de radios mènent tous les jours une campagne pour qu’on n’oublie pas les deux journalistes français capturés en Afghanistan, pour obtenir leurs libérations ainsi que celles de leurs trois accompagnateurs afghans. Cela est légitime et contribue à la défense de la liberté de la presse.

Pour ces chaînes, il n’est pas question de mélanger le cas de ces journalistes et celui ….du soldat israélien Gilad Shalit capturé près de son char d’assaut dans le cadre d’une opération militaire israélienne contre la bande de Gaza !

Israël maintient en prison 10 000 palestiniens, qui sont jugés - lorsqu’ils le sont - par des tribunaux militaires qui n’ont rien à voir avec une justice digne d’un état de droit.

Parmi eux figurent des enfants, en contradiction avec les lois internationales, le jeune franco-palestinien Salah Hamouri condamné pour des « intentions » jamais prouvées. Parmi eux se trouvent aussi des parlementaires et des élus locaux palestiniens. Les prisonniers palestiniens de Gaza détenus en Israël, ne peuvent pas recevoir de visite de la part de leurs familles, bien que l’Etat d’Israël dispose de prisons bien gardées et d’une armée hyper-dimensionnée. Le maintien en détention de 10 000 prisonniers sert à faire pression sur les familles palestiniennes et la population. Ces prisonniers constituent autant d’otages aux mains du système colonial israélien.

Israël colonise progressivement, et souvent brutalement, la Palestine en utilisant des moyens militaires et de propagande gigantesques. Israël apparaît à beaucoup comme une dictature militaire coloniale raciste, malgré les discours de nombreux politiques israéliens, américains et européens …qui voudraient faire passer ce régime pour une …démocratie !

La résolution 1514 XV des Nations Unies réaffirme le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance ».

Le soldat Gilad Shalit a été capturé près de son char, avant une des nombreuses attaques israéliennes contre la bande de Gaza. J’imagine que la Résistance à l’occupation n’est pas en mesure de garantir des visites au soldat capturé, car elle, et la population, sont exposées à des actions terroristes meurtrières inopinées de l’armée coloniale israélienne par air, mer et terre.

Dans ces conditions, Gilad Shalid doit être considéré comme un prisonnier de guerre et non comme un otage.

En Indochine ou en Algérie, lors des guerres pour l’indépendance, croyez-vous que le Général Giap ou le FLN permettaient à la Croix Rouge Internationale et aux familles françaises de rendre visite aux soldats français prisonniers de guerre ? La sécurité des combattants l’empêchait, et dans le cas de la Palestine, j’imagine qu’il en est de même.

Pour obtenir la libération du soldat Gilad Shalit, sa famille et ses amis en Israël, ainsi que le Parlement européen, ont suggéré d’encourager le gouvernement israélien à procéder à un échange de prisonniers avec le Hamas. Le problème est qu’Israël ne veut pas négocier sérieusement sur cette question, ce qui ferait le bonheur à la fois de ce soldat, de sa famille et de ses amis, mais aussi de nombreux Palestiniens. Gilad Shalit est en réalité l’otage du gouvernement israélien.

Demander la libération du seul prisonnier, Gilad Shalit, ignorer Salah Hamouri et les 10 000 prisonniers palestiniens, est perçue par beaucoup de personnes comme un soutien au colonialisme israélien, de nature à renforcer son impunité face aux violations des résolutions de l’ONU, du droit humanitaire et du droit international et dans ses attaques meurtrières contre la population palestinienne à Gaza et ailleurs, dans ses plans de colonisation.

Il y a bien d‘autres personnes dans le monde qui sont « otages », à commencer par les nombreux palestiniens qui souffrent de la faim à Gaza, du fait du blocus illégal israélien, et en Cisjordanie colonisée et occupée. Le milliard d’habitants dans le monde qui souffre de la faim est otage de la dette imposée par les multinationales, les multiples paradis fiscaux, la Banque mondiale, le FMI…qui les appauvrissent. Ils sont otages des dictatures que nos gouvernements soutiennent en Afrique et en Asie…

Est-ce l’intérêt des habitants de notre région que de nous imposer un tel parti pris ?

Certains disent que dans cette affaire vous faites passer les intérêts du gouvernement israélien avant ceux des journalistes français détenus en Afghanistan, avant ceux de la Région.

Aussi, avec d’autres, je demande le décrochement du calicot du soldat israélien.

Je vous prie, Monsieur le Président de la Région Alsace, de recevoir mes salutations distinguées.

Alfred Zimmer "