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Par Michel Warschawski

Modification de la loi sur la Citoyenneté d’Israël : une leçon d’instruction civique

Mercredi, 13 octobre 2010 - 7h49 AM

mercredi 13 octobre 2010

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La loyauté à un Etat est un concept manifestement fasciste. En démocratie, à l’opposé, ce sont l’Etat et ses institutions et dirigeants qui sont au service du citoyen et qui doivent être loyaux envers la constitution et le bien-être des citoyens.

« Je ressens depuis quelques temps maintenant comme un relent de fascisme en marge de la société israélienne et nous ne nous en apercevons pas. Nous sommes sur une pente glissante et la plus dangereuse. Lieberman et son parti ont constamment impulsé des initiatives et une législation qui sont à la limite. Lorsque vous mettez toutes ces initiatives bout à bout, vous vous trouvez alors devant un tableau qui ne peut qu’inquiéter tous ceux qui craignent pour le caractère démocratique de l’Etat. »

Que celui qui se fait naturaliser doive respecter les lois de l’Etat – d’accord, mais la loyauté ? La loyauté à un Etat est un concept manifestement fasciste. En démocratie, à l’opposé, ce sont l’Etat et ses institutions et dirigeants qui sont au service du citoyen et qui doivent être loyaux envers la constitution et le bien-être des citoyens.

Yvet Lieberman a appris le concept de démocratie dans les écoles soviétiques, et il l’a enrichi et étendu dans l’esprit du fascisme qu’il a acquis au milieu des bandes du Likoud à l’université hébraïque. Le fascisme n’est pas un fléau mais une doctrine organisée qui fait disparaître le concept de citoyen, un concept qui est au cœur même de la démocratie. Dans le fascisme, l’Etat est la valeur la plus élevée, et les sujets sont tenus de lui être loyaux à l’infini, et de le servir sans réserve.

C’est précisément la perception du fasciste Lieberman.

En ce sens, l’amendement à la loi sur la Citoyenneté présenté par Lieberman et le ministre de la Justice, Yaakov Neeman, n’est pas un problème seulement pour les citoyens non juifs d’Israël, mais pour tous les citoyens soucieux de préserver leur statut de citoyen. L’oppression structurelle de la minorité palestinienne n’est pas l’œuvre de Lieberman et de l’extrême droite, mais du mouvement travailliste, la « gauche saine d’esprit », avec ses alliés de droite et de gauche tout au long des soixante ans de l’Etat.

L’innovation par le ministre des Affaires étrangères réside dans le changement de nature du régime, d’Etat d’apartheid il devient Etat fasciste. Alors que dans un Etat d’apartheid, la communauté au pouvoir jouit du statut de souveraineté, dans un Etat fasciste, aucun groupe de citoyens ne détient ce statut, car il n’y a plus de citoyens, juste des sujets qui ont l’obligation de servir l’Etat.

C’est ainsi que l’amendement proposé à la loi sur la Citoyenneté par Neeman et Liberman s’accorde avec les précédentes propositions législatives du parti Yisrael Beitenu agitant le spectre de la révocation de la citoyenneté, y compris celle de quiconque est né citoyen. Deux types de régime ont annulé la citoyenneté : les régimes fascistes et le régime stalinien, et les deux, tout logiquement, renoncèrent aux principes de démocratie. Il n’y a pas de démocratie sans citoyenneté, et pas de citoyenneté sans démocratie.

La citoyenneté n’est pas un droit qui peut être accordé ou retiré, mais une partie intégrante d’une personne née citoyenne : en démocratie, la seule manière de prendre la citoyenneté à quelqu’un, c’est de lui retirer la vie, par la peine de mort. En ce sens, la difficulté avec la proposition de Lieberman et Neeman ne réside pas dans la question de la loyauté, mais dans leur conceptualisation de la citoyenneté en tant que privilège, quelque chose qui est donné, et non intégré.

L’un de mes commentateurs préférés, Gideon Levy, a écrit que l’adoption de l’amendement à la loi sur la Citoyenneté transforme Israël de démocratie en théocratie. Cette fois, je suis en désaccord avec Levy : il transforme l’Etat d’Israël d’ethnocratie en un régime à caractères clairement fascistes, même si les droits individuels et les élections existent comme dans les démocraties libérales. L’Allemagne nazie était nationale socialiste. L’Etat d’Israël, en 2010, est un régime libéral fasciste.

publié par l’AIC

traduction : JPP pour l’AFPS