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Stephane Hessel, Boutros Boutros Ghali, Ken Loach, Eric Rouleau, Elias Sanbar, Jean Ziegler, Gisèle Halimi… une conviction les réunit

La solution est dans le Droit

Vendredi, 24 septembre 2010 - 9h31 AM

vendredi 24 septembre 2010

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24 Septembre, 2010

Par : Ousmane Ndiaye

Le 24 novembre prochain s’ouvrira à Londres, la deuxième session du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP). Près d’un mois avant l’événement, intellectuels, journalistes, militants se sont réunis, à l’initiative de Bétoule Fekkar Lambiotte et Marc Cheb Sun (1), pour mieux faire connaître le TRP.

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Stephane Hessel, Boutros Boutros Ghali, Ken Loach, Eric Rouleau, Elias Sanbar, Jean Ziegler, Gisèle Halimi… une conviction les réunit. La paix au Proche Orient passe par l’application du droit international. C’est là tout le sens de la création du Tribunal Russell sur la Palestine.

En 1967, Bertrand Russell, écrivain, prix Nobel de littérature en 1952, écœuré par l’impunité et les crimes de guerre au Vietnam appelle à la création d’un tribunal citoyen. Jean-Paul Sartre accepte de le présider. Il y pèse de tout son aura d’intellectuel engagé. Le Tribunal, n’a aucune validité juridique, mais son impact est retentissant au niveau des opinions publiques. Une prise de conscience sans précédent s’en suit. Elle renforce la légitimité des mouvements de contestation (désobéissance civile, refus d’être enrôlés dans les GI’S etc.). Quatre décennies après la guerre du Vietnam, des citoyens, de tous pays et de tous bords, veulent suivre la même démarche pour accélérer l’histoire.

« La paix est inéluctable. Autant pour les Palestiniens que pour les Israéliens » répète inlassablement Stéphane Hessel, membre du comité de parrainage du TRP. Brahim Senouci, cheville-ouvrière du Comité de soutien Français précise : « attention, ce n’est pas un tribunal pour la Palestine mais sur la Palestine ! Il s’agit de trouver une autre forme de justice, face à l’impuissance apparente du droit international. C’est le procès de l’impunité et de ses complicités ! ».

Complicités ? Oui ! Parce que le TRP se base sur l’avis essentiel émis par la Cour Internationale de Justice de La Haye du 9 juillet 2004. Bien que consultatif, ce jugement dresse un tableau terrible des violations du droit international. Il conclut notamment à l’obligation pour Israël de démanteler le Mur, et de réparer tous les dommages causés à la population palestinienne. Le tribunal s’appuie aussi sur les nombreuses résolutions des Nations Unies qu’Israël refuse d’appliquer.

Parmi les principaux initiateurs du TRP, se trouve une militante israélienne, Nurit Peled. Cette intellectuelle symbolise à elle seule toute l’étendue et la complexité du drame israélo-palestinien. Son père, général fut déchu de l’armée pour avoir osé parler à l’ennemi. Et sa fille, alors âgée de 14 ans, fut tuée dans un attentat kamikaze palestinien. Nurit Peled réclame la justice, « rien » que la justice. Tout comme Leïla Chahid et Ken Coates, avec qui l’Israélienne a lancé l’Appel pour un TRP.

Barcelone était la première étape du tribunal citoyen du 1er au 3 mars dernier. Le TRP a examiné et jugé les complicités de l’Union européenne et de ses Etats membres. Au terme de longues heures de débat, d’expertise et contre-expertise. Verdict : l’Europe est coupable de complicité dans l’occupation des territoires palestiniens et dans les violations des droits du peuple palestinien par Israël. Trois autres sessions sont à venir. Londres, étape clé, le 24 novembre. Le TRP y examinera la responsabilité des sociétés multinationales (parmi lesquelles Alstom et Veolia qui construisent le tramway israélien sur des territoires colonisés entre autres).

L’enjeu médiatique est important : la quasi-totalité des médias français étaient absents à Barcelone. Or la force (l’efficacité aussi !) du TRP réside, essentiellement, dans son relais au niveau de l’opinion. « Ce tribunal Russell doit être mieux connu encore pour unir des réseaux et créer des mouvement d’opinions » exhorte Stéphane Hessel qui est, notamment, le dernier rédacteur vivant de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une conviction argumentée : « la primauté du droit international est la base de règlement du conflit. Ici, plus encore que les Palestiniens, nous soutenons la justice. L’affaire de la flottille de Gaza est une conséquence de l’impunité. Pour espérer la paix, il faut casser ce mépris du droit ... Au fond, ce tribunal est un appel à la raison. La voix de la raison, c’est l’application du droit, même s’il est imparfait ».

Johannesburg sera la troisième étape. Le TRP se penchera sur la responsabilité de l’Onu. Enfin, une session à New York fera la synthèse des différentes audiences.