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Source : Al Oufok

Le Liban sous le choc après l’arrestation d’un ex-général espion d’Israël

Vendredi, 6 août 2010 - 22h39

vendredi 6 août 2010

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Le Liban est sous le choc après l’arrestation cette semaine d’un ancien général de l’armée et cadre très respecté du Courant patriotique libre (CPL), les forces de sécurité le soupçonnant de collaboration avec Israël.
Fayez Karam est la première personnalité politique à être détenue dans le cadre de l’enquête qui, depuis 2009, a mené à l’arrestation d’une centaine d’agents présumés de l’Etat hébreu.

Ce maronite est un cadre du Courant patriotique libre (CPL), mené par Michel Aoun, ancien chef de l’armée puis chef d’un gouvernement provisoire au cours des dernières années de la guerre civile (1975-1990).

D’après la presse locale, les enquêteurs tentent de savoir si l’ex-général a fourni à Israël des informations sur le Hezbollah, ennemi numéro un de l’Etat hébreu au Liban. Trois téléphones portables européens, des ordinateurs et des documents auraient été confisqués à sa résidence au nord de Beyrouth.

Depuis l’annonce de son arrestation, le nom de M. Karam, 62 ans, circule sur toutes lèvres et ceux qui le connaissent n’arrivent pas à y croire.
« Nous sommes stupéfaits », affirme à l’AFP Simon Abi Ramia, un député du CPL, qui dit toutefois vouloir attendre les conclusions de l’enquête.
Jeudi, Michel Aoun a affirmé être « choqué » par l’arrestation de celui qu’il connaît depuis des décennies.

Le mouvement de M. Aoun et le Hezbollah ont scellé en 2006 une alliance face à la majorité parlementaire appuyée par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite.

Cette entente en a choqué plus d’un, le Hezbollah étant soutenu par la Syrie alors que M. Aoun avait mené une guerre contre les troupes syriennes présentes dans le pays à la fin de la guerre civile, avant de s’exiler en France.

« Fayez K. était-il au courant des rendez-vous d’Aoun et de Hassan Nasrallah ? », s’interrogeait le quotidien Al Akhbar, proche du Hezbollah, en référence au chef du Hezbollah. Contacté par l’AFP, le Hezbollah a refusé de commenter sur le sujet.

Même les adversaires politiques de M. Aoun ont exprimé leur incompréhension.

« C’est très douloureux. Il ne faut pas (le) condamner avant la fin de l’enquête », a lancé Antoine Zahra, député des Forces libanaises, rival chrétien historique de Michel Aoun. Ironie du sort, l’ancien général dirigeait, dans les années 1980, la section de la lutte contre le terrorisme et l’espionnage, rattachée aux renseignements de l’armée.
« Nous sommes sous le choc, c’est la dernière personne qu’on penserait impliquée », affirme à l’AFP un général à la retraite qui était son « ami ». « Il est très poli, très droit et surtout très discipliné », dit-il.

Selon lui, M. Karam avait été arrêté avec d’autres officiers libanais par les soldats syriens à la fin de la guerre civile, à l’époque où Damas renforçait sa tutelle politique et militaire sur son petit voisin.
Après cinq mois passés dans la tristement célèbre prison syrienne de Mazzé, il se rend en Israël via le sud du Liban alors occupé par l’Etat hébreu, puis s’installe en France. Il ne retournera à Beyrouth qu’en 2005, après le retrait des troupes syriennes.

Le 29 juillet dernier, il avait donné une interview télévisée, rediffusée jeudi soir, où il affirme, d’un air convaincu, que « ceux qui oeuvraient en vue de la dissension dans le pays sont en train de réaliser les objectifs des espions au Liban ».

M. Karam, très populaire dans sa région de Zgharta (nord), s’était même présenté aux législatives en 2009 avant de retirer sa candidature.
Ceux qui collaborent avec Israël encourent une peine de prison à vie assortie de travaux forcés. Si le juge estime que cette collaboration a causé la mort, il peut demander la peine capitale.

(Vendredi, 06 août 2010 - Avec les agences de presse