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Source : Nicole Kiil-Nielsen, Parlementaire européenne

Palestine : deux réunions importantes

Mercredi, 21 juillet 2010 - 8h50 AM

mercredi 21 juillet 2010

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John Ging, directeur des opérations de l’UNRWA à Gaza

Lors de notre déplacement à Gaza en mai dernier nous avions rencontré le directeur des opérations de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) à Gaza, M. John Ging, dont l’exposé de la situation nous avait fortement impressionnés. Aussi avions nous décidé de l’inviter au Parlement européen le 5 juillet dernier afin que davantage de députés puissent l’entendre. Les chiffres qu’il nous a donnés suffisent pour qu’on comprenne l’urgence de la situation : 80% des Gazaouis dépendent de l’aide alimentaire. Et l’UNRWA, à court de financements, se retrouve à ne pouvoir donner que 50% du ratio alimentaire journalier aux enfants gazaouis.

Depuis les bombardements de l’année dernière, les écoles et les hôpitaux n’ont pas pu être reconstruits à cause du blocus israélien et de l’interdiction de faire entrer les matériaux de construction dans la bande de Gaza. Résultat : l’UNRWA a besoin de construire des écoles pour que 39 000 enfants gazaouis puissent être scolarisés… Le récent allégement du blocus israélien, décidé par Israël à la suite de la tragédie de la flottille, n’arrange rien : il permet à l’UNRWA de finir la construction, gelée depuis 2007, de 7 écoles et 2 hôpitaux seulement, ce qui ne correspond qu’à 5% des travaux urgents.

De plus, l’UNRWA manque cruellement de fonds : pour 2010, l’agence onusienne a déjà amputé son budget de 100 millions d’euros, en demandant les 75 millions d’euros restants comme aide urgente ! La Commission européenne a débloqué 20 millions sachant que 55 millions d’euros sont encore à trouver pour les réfugiés palestiniens de Gaza.

Devant ce tableau plus qu’alarmant, la conclusion s’impose : malgré l’allégement du blocus par Israël, la situation des Gazaouis s’aggrave. Il faut la levée totale du blocus et permettre aux Gazaouis qui sont massivement au chômage d’entreprendre, de travailler, de se nourrir, enfin d’avoir droit à vivre tout simplement dignement !

Salam Fayyad, Premier ministre de l’Autorité palestinienne

Ce 13 juillet nous avons également pu échanger avec Salam Fayyad, Premier ministre de l’Autorité palestinienne depuis juin 2007. Il est venu au PE pour nous expliquer que son gouvernement a significativement amélioré la situation économique de la Cisjordanie, en continuant avec succès les réformes administratives, institutionnelles, économiques et sociales. Conséquence : 6,8% de croissance enregistrée en 2009, la diminution du déficit publique… Mais ceci concerne seulement la Cisjordanie, nous a-t-il prévenu avant de passer à la description de la situation désastreuse de Gaza. Le Premier ministre a surtout insisté que l’Autorité palestinienne voudrait recevoir moins d’aide internationale, moins d’injection de liquidités pour avoir une économie autorégulatrice, basée sur ses propres recettes… Or, c’est impossible avec l’occupation israélienne en expansion, avec les produits des colonies dont les revenus, qui échappent à l’économie palestinienne, équivaudrait, selon les calculs des experts de son gouvernement, à 25% de l’aide annuelle reçue par l’Autorité palestinienne.

Israël a aussi instauré une série de nouvelles restrictions (notamment les permis de construire en zone C, qui constitue 60% de la Cisjordanie, selon les accords bilatéraux, sous l’administration de l’Autorité palestinienne). Les forces israéliennes n’arrêtent pas de faire des incursions militaires dans les zones C… Tout ceci empêche l’économie palestinienne de se développer, de s’autonomiser… Mais aussi donne un très mauvais signal à la population palestinienne : malgré leurs efforts, l’occupation et l’oppression continuent…

Enfin, M. Fayyad nous a informés que l’Autorité palestinienne aurait besoin de 1,8 milliards de dollars d’aide internationale avant fin 2010 pour pouvoir continuer à construire les bases d’un futur État palestinien qui doit voir le jour au plus tard à la mi-2011. « Il faut maintenant que les Palestiniens sachent que l’occupation a une fin pour qu’ils s’accrochent à quelque chose » a poursuivi le ministre. Ce conflit est un conflit politique, il faut donc une solution politique au plus vite, selon lui. À la fin de son intervention Salam Fayyad a appelé la communauté internationale, et en particulier l’UE à ne pas ménager leurs efforts pour persuader les Israéliens de mettre fin à ce conflit. Sinon, les Palestiniens risquent de prendre les efforts de l’autorité palestinienne pour une « adaptation à l’occupation ». Ce qui serait très dangereux non seulement pour la région mais aussi pour le monde entier, a-t-il prévenu.

De mon côté, je ne peux que déplorer le fait que peu de députés étaient présents à ces deux réunions extrêmement intéressantes.