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Turquie-Israël : La rencontre secrète

Vendredi, 2 juillet 2010 - 6h59 AM

vendredi 2 juillet 2010

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Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, et le ministre israélien du Commerce, Benjamin Ben Eliezer, se sont rencontrés en secret à Bruxelles.

Les deux pays tentent de surmonter la crise provoquée par l’offensive israélienne « Plomb durci » début 2009 et aggravée le 31 mai dernier par l’abordage sanglant du bateau turc en route pour Gaza que l’armée israélienne avait arraisonné pour l’empêcher de braver son blocus du territoire palestinien contrôlé par le Hamas islamiste.

En confirmant cette rencontre, la Turquie et Israël renouent de fait le fil diplomatique, même si le tête-à-tête de Bruxelles n’a pas été le fait de deux diplomates, puisque c’est le ministre israélien du Commerce, Benjamin Ben Eliezer qui s’est entretenu avec le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

Cela a d’ailleurs soulevé l’ire du chef de la diplomatie israélienne en titre, Avigdor Lieberman, dénonçant la main de Washington en lançant qu’il avait « découvert que le ministre de la Défense et d’autres responsables de haut rang étaient derrière tout ça et que toute l’affaire avait été orchestrée avec les Etats-Unis ».

L’ultranationaliste Lieberman tenu à l’écart

Visiblement, la rencontre n’était pas fortuite mais très fortement souhaitée par les deux parties.

En témoigne notamment la mise à l’écart de l’ultranationaliste Lieberman au profit du travailliste Ben Eliezer.

Le ministre du Commerce israélien avait pour sa part publiquement déploré la détérioration des relations d’Israël avec la Turquie. Il s’est même prononcé en faveur d’une enquête internationale – sujet tabou s’il en est pour l’armée israélienne – sur les événements du 31 mai. Bref, un terrain d’entente existait déjà entre les deux hommes.

Restait pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à donner son blanc-seing.

Davutoglu et Ben Eliezer ont donc été délibérément choisis et même s’il était officiellement convenu qu’ils réserveraient à leur chef de gouvernement respectif la primeur du contenu de leur rencontre, la révélation urbi et orbi de ce premier petit pas à constitué en soi une seconde avancée, la preuve aussi de son succès, Benjamin Ben Eliezer se devant bien sûr de prendre acte des doléances turques.

Ankara attend toujours en effet des excuses formelles de la part d’Israël, mais aussi un dédommagement pour les familles des victimes turques dont les détails de l’autopsie indiquent que 7 sur 9 ont été mitraillées à la tête.

Réexaminer la marge diplomatique régionale

Ankara demande aussi la libération des trois navires battant pavillon turc qui ont été arraisonnés pendant l’opération israélienne.

Mais du point de vue turc, l’enjeu principal reste le blocus de Gaza, et c’est sur ce terrain miné de la paix régionale que la victoire diplomatique turque serait complète. C’est la question du blocus qu’a du reste reposé la flottille humanitaire internationale en tentant de forcer l’embargo israélien en mai dernier et en payant le prix du sang. Depuis, Israël a dû revoir ses interdits à l’encontre de Gaza au regard du regain d’indignation internationale soulevé par son action militaire au large de Gaza.

En attendant que Turquie et Israël reprennent leurs relations à la hauteur de leurs accords militaires de 1996, ces deux alliés de Washington vont sans nul doute réexaminer la marge diplomatique dans laquelle ils souhaitent s’inscrire.

Pour la Turquie, c’est très important.

Sur les autres dossiers régionaux aussi cruciaux que le nucléaire iranien, l’Irak ou la Syrie, Ankara considère la paix et la stabilité régionale comme des conditions tout aussi existentielles de sa propre prospérité. A chaque fois que l’occasion s’est présentée, la Turquie a en outre rappelé sa stature de puissance régionale ainsi qu’une certaine bonne volonté de médiateur. Malgré les 9 morts turcs du 31 mai.

Source : www.rfi.fr