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Source : Nicole Kiil-Nielsen, Parlementaire européenne

De retour de Gaza, son récit et son indignation

Mardi, 1er juin 2010 - 10h34

mardi 1er juin 2010

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La députée européenne Nicole Kiil-Nielsen est revenue samedi de Gaza, où elle était en délégation officielle. Elle raconte la vie sous blocus et réagit aux derniers événements.

Témoignage

« C’est scandaleux. Face à la lâcheté des institutions, de jeunes citoyens pacifistes risquent leur vie et meurent. » Nicole Kiil-Nielsen est remontée. La députée européenne vient d’apprendre que la flottille transportant du matériel humanitaire à destination de Gaza a été prise d’assaut par la marine israélienne. Ce lundi matin, son téléphone ne cesse de sonner. Pour des interviews ou encore pour savoir si elle ne faisait pas partie du convoi. Non, pas cette fois.

« J’ai été sollicitée pour participer à ce convoi humanitaire. Mais à ce moment-là, nous étions en négociation pour organiser une délégation officielle à Gaza. Nous sommes partis le 24 mai pour Israël. » Malgré une interdiction de dernière minute, la délégation de neuf parlementaires a pu rallier l’enclave palestinienne grâce à l’aide des autorités égyptiennes. « En décembre dernier, Israël nous avait déjà interdit l’accès à Gaza. Cette fois-ci, nous avons dit ça suffit ! C’était la troisième tentative. »

« Un territoire encerclé »

Après sept heures de bus via Rafah, la délégation arrive enfin. Premières impressions : « Un territoire encerclé. » Des drones qui sillonnent le ciel, des bateaux de la marine au large des côtes. « Nous avons vu tous ces tunnels qui permettent aux Gazaouis de s’approvisionner. Tout y transite, de la nourriture à l’équipement électroménager. La reconstruction des bâtiments détruits par les bombardements est devenue impossible car ils ne peuvent pas faire entrer de fer ou de béton. »

« À Gaza, on n’a pas le droit à la vie. On survit. J’ai vu des pêcheurs revenir bredouille car ils n’ont pas le droit d’aller au large. Des bateaux de la marine israélienne sont postés à six miles (11 km). Certains se sont fait tuer car ils avaient franchi cette limite. » Pour la députée, le blocus mis en place en 2007 « donne du grain à moudre aux extrémistes ».

Nicole Kiil-Nielsen se souvient de la joie des habitants quand ils ont su que des bateaux arrivaient pour les approvisionner en matériel humanitaire. « Ils étaient surtout heureux de voir la solidarité internationale car ils se sentent abandonnés. » Un espoir réduit à néant. « J’espère que cette fois-ci, la communauté internationale va prendre les choses en main. »

Marion ABLAIN.
Ouest-France