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« Wait and see » (ndlr)

Le premier ministre a exigé "la libération immédiate des ressortissants français qui étaient à bord des bateaux arraisonnés et qui sont encore en Israël

Mardi, 1er juin 2010 - 19h07

mardi 1er juin 2010

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La France a confirmé, lundi 1er juin, que huit de ses ressortissants étaient actuellement retenus en Israël après l’attaque par un commando israélien de la flottille internationale qui faisait route vers Gaza. Devant les députés, le premier ministre, François Fillon, a exigé « la libération immédiate des ressortissants français qui étaient à bord des bateaux arraisonnés et qui sont encore en Israël ».

A Nice, Nicolas Sarkozy, qui a condamné « à titre personnel (...) l’usage disproportionné de la force par les Israéliens », a précisé que les huit Français sont détenus « dans un centre de rétention » à Beer-Sheva, au centre du territoire israélien et qu’"une procédure est en cours pour qu’ils puissent quitter le pays". L’Elysée a précisé que ces personnes avaient « apparemment refusé l’expulsion » et étaient suivies par les services consulaires français.

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Dans la matinée, Youssef B., un autre Français détenu en Israël, a été expulsé vers la France, ce qui a créé une incertitude sur le nombre exact de ressortissants français emprisonnés. Le Quai d’Orsay en avait évoqué sept, tandis que la radio RTL parlait de dix personnes et que le Comité national pour la flottille de la liberté (CNFL) en dénombrait huit. Cette incertitude tiendrait à la double nationalité de certains membres des associations, selon le CNFL, qui fait état de la présence de Franco-Algériens et de Franco-Turcs sans pouvoir préciser le nombre de personnes concernées.

« L’AGRESSION, CE N’EST PAS NOUS QUI L’AVONS CHERCHÉE »

Youssef B., qui a atterri à Paris dans la matinée de mardi après avoir passé près de 24 heures aux mains des autorités israéliennes, assure pour sa part n’avoir été en contact qu’avec sept autres Français : six membres du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP, dont il est le responsable de la communication), et Thomas S., de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP). A plusieurs médias il a expliqué qu’il y avait eu « des instructions précises : aucune provocation, quand bien même les Israéliens viendraient à bord ». « L’agression, ce n’est pas nous qui l’avons cherchée, nous avons été agressés », a-t-il ajouté, reconnaissant toutefois que « dans d’autres bateaux, la résistance a été plus rude ». « Ils prennent d’assaut le bateau, puis nous rassemblent dans la salle qui nous sert de dortoir, et là on n’a plus le droit de bouger, ils nous ont conduits directement à Ashdot. »

Joint par LeMonde.fr, Youssef B. ne pouvait donner aucune précision sur l’état de santé et de détention des autres détenus. « Je n’ai appris qu’à Paris qu’il y avait eu des victimes à cause de l’assaut des militaires israéliens, et que certains des humanitaires avaient été conduits à la prison de Beer-Sheva. Avant de sortir de l’avion, et à partir du moment où j’ai été fait prisonnier sur le cargo, j’ai été absolument seul : on était cloisonnés et soigneusement séparés les uns des autres. »

L’homme explique également que les prisonniers restant avaient délibérément choisi – comme acte de résistance – d’être traduits devant les tribunaux israéliens.

« Après être descendus du bateau, dans le port d’Ashdot, nous avons été interrogés un par un. On nous ont demandé notre état de santé, quelques renseignements personnels, et de choisir entre l’expulsion dans notre pays d’origine ou le passage devant la justice, avec des menaces de sanctions. Je me suis dit que je serai plus utile en France, en tant que conseiller de communication du CBSP, pour témoigner de ce qu’il s’était passé. J’ai donc refusé d’être jugé en Israël ».

« ILS SONT PERSUADÉS DE N’AVOIR RIEN À SE REPROCHER »

Il poursuit : "Si beaucoup sont encore aujourd’hui prisonniers des Israéliens, c’est parce qu’ils sont persuadés, en tant qu’humanitaires pacifistes attaqués par des soldats armés et cagoulés, de n’avoir rien à se reprocher aux yeux de la justice. Ils ont donc choisi de passer devant le tribunal pour voir jusqu’où irait Israël, et ils continuent à protester avec les moyens qu’il leur reste."

Selon Marc Hecker, chargé de recherches à l’Institut français des relations internationales, trois associations françaises pro-palestiniennes étaient représentées dans la flotille : la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), le Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient (CVPR) et le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP), l’association de Youssef B. « 

Cette dernière a longtemps créé un certain trouble au sein des organisations pro-palestiniennes : contrairement à la plupart des grandes associations pro-palestiniennes qui se veulent laïques et qui sont souvent proches de l’extrême gauche, le CBSP se réclame d’une inspiration religieuse. De fait, le CBSP n’a été que tardivement intégré à la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine ».