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Al-Quds en danger

Résistance acharnée des familles palestiniennes

par Issa Sharbati

mercredi 14 décembre 2005

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Tu es choqué par ce que tu vois quand tu pénètres dans l’appartement de Sakina Zerba, 50 ans, situé au troisième étage d’un immeuble dans la vieille ville d’al-Quds. Les murs sont lézardés, ébranlés, du fait des travaux de fouilles et des tunnels construits par les Israéliens, qui ne menacent pas seulement sa maison.

L’état de l’appartement de Sakina ne diffère pas trop de celui de l’appartement de Khawla, au deuxième étage, ou celui d’Umm Muhammad au premier. Les traces sont les mêmes, sur les murs et les plafonds des appartements, qui ne sont éloignés que de quelques mètres de la mosquée al-Aqsa.

Dans l’appartement de Sakina, tous les membres de la famille dorment dans une seule pièce, après l’imminence de l’effondrement de l’autre chambre à coucher, à tout moment. Une pièce complètement tailladée, dans tous les coins et tous les côtés, des trous dans le sol qui suscitent la peur, lorsqu’on s’imagine qu’on peut y tomber. Dans la pièce, des vêtements éparpillés, des meubles dont personne n’ose s’approcher pour ranger. Le maximum que les membres de la famille peuvent atteindre reste la porte.

Sakina : Nous ne passons pas par la porte

« C’est notre situation depuis un moment, nous dormons tous dans la même pièce, sur le sol, et nous n’osons pas entrer dans l’autre, ou la ranger. » Elle ne peut cacher son exaspération de voir la maison dans cet état, mais elle ajoute, jetant un regard sur les fentes dans les coins et les murs : « Je souhaiterai avoir des peuples appropriés, mais avec cette situaiton, avec l’humidité et ces destructions permanentes, cela ne sert à rien ». Les destructions dont parle Sakina ne sont pas dues à des failles dans l’architecture de l’immeuble, qui date de plusieurs décennies, ou à des dégâts occasionnés par les membres de la famille, ou même par les dégâts occasionnés par les éléments naturels. Non, ces fentes, ces lézardes dans les murs et les plafonds ont été créés par les creusements et les tunnels faits par les Juifs qui ont pris le rez-de-chaussée. Sakina et les autres membres de la famille entendent les bruits des coups toutes les nuits, à peine mettent-ils leur tête sur l’oreil
ler.

Sakina dit : « La nuit, lorsque le calme revient, et que nous nous apprêtons à dormir, nous entendons alors les coups sur les murs, au bas de l’immeuble, et au matin, nous apercevons les tracteurs venant transporter des sacs remplis de gravats ».

A quelques mètres de la rue où se situe l’immeuble, se trouve l’entrée menant au mur al-Buraq, appelé par les Juifs « mur des lamentations » où des organsiations juives mènent des fouilles à l’intérieur d’une boutique exprorpriée il y a quelques années.

A l’entrée de la boutique, une grille en fer, et une pancarte en hébreu : « zone de fouilles, interdiction d’entrée ». A gauche, une autre pancarte, en hébreu, spécifie le nom de l’association sioniste qui réclame le soutien en faveur de « Jérusalem historique ». Sous la pancarte, une caisse pour recueillir les dons.

« Ils creusent un tunnel, plusieurs pièces ont été découvertes, ainsi qu’un puits d’une dizaine de mètres de profondeur » dit Muhammad Masouda, 18 ans, qui travaille dans la boutique située en face.

Il ajoute : « Je suis entré moi-même, un jour où le responsable juif était occupé ailleurs, et je discute parfois avec les ouvriers, arabes. J’ai compris qu’ils ont mis à jour six pièces, certaines à une profondeur de dix mètres. »

Dans la vieille ville d’al-Quds, dont la superficie ne dépasse pas le kilomètre carré, et où vivent plus de 32.000 Jérusalemites, et 4000 Juifs, de nombreux vestiges témoignent de toutes les civilisations passées sur la ville. Les tunnels dans la vieille ville ne manquent pas, comme les nombreux canaux d’eau datant de l’époque romaine, mais les groupes sionistes, soutenus par le gouvernement, creusent et creusent pour mettre à jour les preuves de la présence juive.

Concernant l’immeuble où vit Sakina, celle-ci dit : « Nous craignons de nous adresser aux responsables israéliens, ils vont probablement nous dire qu’il est dangereux de rester dans l’appartement, que le plafond peut tomber sur nous à tout moment, et qu’il a besoin de rénovation et de travaux. » Elle ajoute : « Ce n’est pas un problème, nous craignons qu’ils ne nous éloignent sous prétexte des réparations, puis ils le livrent aux colons et aux groupes juifs ».

A plusieurs reprises, des groupes de colons sont venus jusqu’à l’immeuble et l’indiquaient, avec la main, disant : il est à nous.

Le directeur des Awqaf musulmans d’al-Quds, l’ingénieur Adnane al-Hussayni, explique de son côté que les « fouilles israéliennes dans la vieille ville, et notamment aux alentours de la mosquée al-Aqsa, ont commencé dès l’occupation de la ville en 1967 ». Il a indiqué que les Awqaf ont maintes fois protesté et essayé de mettre un terme à ces tentatives israéliennes d’entrer dans la mosquée al-Aqsa, à partir de ces tunnels, surtout en 1983. A cette date, le tunnel qui menait à la mosquée a été fermé. Dans son bureau qui n’est éloigné que de quelques mètres de l’immeuble de Zarba, Adnane al-Hussayni indique le tracé du tunnel sur une carte, entourant la mosquée al-Aqsa. Il ajoute, à propos de la maison Zarba, avoir alerté les responsables : « nous suivons et observons de près tous ces mouvements. Le problème est que les fouilles entreprises sont couvertes par les institutions israéliennes officielles, bien que menées par les groupes juifs extrémistes. Malgré toutes leurs fouilles,
ils n’ont pu découvrir aucune trace juive réelle dans al-Quds ».

Al-Hussayni a indiqué le danger représenté par ces fouilles qui mettent en danger les fondations de la mosquée al-Aqsa, car elles se déroulent dans les couches inférieures profondes. « Ils creusent et creusent, ils fouillent, et lorsqu’ils sont face à la réalité, ils creusent en dessous, afin de rechercher ce qui confirme leur théorie. Ainsi, ils maquillent les vérités, essaient de falsifier l’histoire en supprimant les vestiges musulmans ou en les altérant, comme cela s’est réellement passé du côté ouest et sud de la mosquée al-Aqsa, près de la place d’al-Buraq. »

Ibrahim, technicien et spécialiste de l’archéologie musulmane de la ville d’al-Quds, affirme : le changement le plus caractéristique a été entrepris dans la partie sud, soit près du mur d’al-Buraq. Israël a construit un marché couvert, afin de masquer ce qu’ils entreprennent par en-dessous. Il sera difficile de voir. De plus, l’infrastructure pour la construction du temple est déjà prête. La base du projet consiste à ouvrir le tunnel à partir de la porte al-Khalil, jusqu’à la source Silwan, les touristes et les Juifs surtout pourraient alors entrer par le tunnel qui arrive jusqu’au mur d’al-Buraq, et ensuite, vers le bas de la mosquée al-Aqsa, pour ressortir par la source Silwan." Silwan se trouve dans la partie située au sud de la mosquée al-Aqsa, et à l’entrée, une grande pancarte en hébreu qui annonce « la ville de David vous souhaite la bienvenue » masque l’écriteau arabe portant le nom de Silwan.

Des parties juives considèrent que cette partie de la ville est un lieu sacré, ce qui expliquerait les efforts menés par les organisations sionistes pour s’en accaparer et la relier au quartier juif de la ville.

Ce qui se passe au bas de l’immeuble de Sakina Zarba, ou sous la mosquée al-Aqsa ou au-dessus du bourg de Silwan, c’est la même chose : modifier les traits de la ville arabo-musulmane d’al-Quds, pour falsifier l’histoire. Mais il reste encore beaucoup de Palestiniens, comme Sakina, qui s’accrochent aux pierres, même au risque de les voir tomber sur leurs têtes.

Traduit par
Centre d’Information sur la Résistance en Palestine