Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > « ROULER POUR ISRAEL »

Source : Info Palestine

« ROULER POUR ISRAEL »

Dimanche, 11 avril 2010 - 10h38 AM

dimanche 11 avril 2010

===================================================

Stuart Littlewodd - Al Ahram Weekly

Il semble qu’il n’y ait pas de limite à la dépravation morale des politiciens occidentaux quand il s’agit de promouvoir l’entité coloniale et raciste qu’est Israël, écrit Stuart Littlewodd.

« Je ressemble à un taxi à louer » a dit Stephen Byers, filmé en caméra cachée pour une émission d’information de la chaîne 4. Byers pouvait être « loué » pour 3000 à 5000 livres par jour.

Et c’est ainsi qu’une nouvelle expression est née dans le monde véreux de Westminster : « rouler pour d’autres » [en Anglais « political cabbing » litt : faire le taxi politique - N.d .T]

Quelques mois plus tard, dans une autre émission d’information de la même chaîne, Peter Oborne révèle l’ampleur du phénomène en démontrant qu’un très grand nombre de MP (Membres du Parlement) sont des hommes de paille d’Israël ou « roulent » pour Israël. M. Oborne affirme que la majorité des MP du parti Conservateur sont des « Amis d’Israël » déclarés et que des millions de livres sterling sont versés sur les comptes en banque des MP [membre du Parlement - N.d.T] et des partis bien que seule une toute petite partie de ces « dons » apparaisse réellement dans les comptes.

Sir Richard Dalton, un ancien diplomate anglais qui a été consul général à Jérusalem a observé : « Je ne peux pas croire que ces dons soient désintéressés et je ne pense pas non plus que qui que ce soit puisse le croire ».

M. Oborne a montré que les « Amis d’Israël » Travaillistes et Conservateurs emmènent gratuitement des douzaines de MP en voyage en Israël où ils sont les invités du gouvernement israélien. Très peu d’entre eux évoquent leur intérêt particulier pour ce pays lorsqu’ils s’expriment au parlement. Il a aussi révélé qu’un des des plus gros donateurs du Parti Conservateur avait investi dans des colonies illégales en Cis-Jordanie et dans Bicom, un groupe de relations publiques israélien, et montré que la direction de ce parti est l’objet d’importantes pressions étrangères.

Quel mal y-a-t-il à « rouler » pour Israël ? Eh bien, comme un grand nombre de MP (et aussi de nombreux candidats au parlement) sont exposés à l’influence du lobby israélien, le message d’Israël se propage dans les travaux parlementaires, causant beaucoup de tort à la démocratie parlementaire et à la réputation de l’Angleterre dans le monde et générant un risque pour notre sécurité parce que sa partialité empêche de parvenir à une solution juste en Terre Sainte.

La majorité des MP et des MEP [membre du Parlement Européen - N.d.T] Conservateurs sont membres des « Amis d’Israël ». Le lobby se targue aussi d’avoir, parmi ses membres, un grand nombre de ministres et de MP Travaillistes. Il semblerait qu’il soit nécessaire d’en être membre pour atteindre de hautes fonctions.

Le site « Les amis libéro-démocrates d’Israël » (LDFI) déclare sans honte que son premier objectif est d’optimiser le soutien à l’état d’Israël au sein du Parti et du Parlement, en maintenant au dedans comme au dehors, un nombre de membres du LDFI toujours plus important. Les Amis Conservateurs d’Israël ont mis au point un groupe « d’Influence Rapide » pour cibler les candidats aux sièges secondaires. Pour justifier leur soutien à cette puissance militaire étrangère, les Conservateurs les plus hauts placés affirment qu’Israël « est une force positive dans le monde » et que « dans la lutte pour les valeurs que nous défendons - pour la victoire de la démocratie sur la théocratie et celle de la liberté sur la répression - les ennemis d’Israël sont nos ennemis, et que c’est une bataille qui nous concerne tous ».

Ce parti pris sape un certain nombre des principes qui fondent notre vie publique. Notamment l’obligation pour les détenteurs de charges publiques de ne pas se mettre en situation d’être redevables, financièrement ou autre, envers des personnes ou organisations extérieures qui pourraient chercher à les influencer pendant l’exercice de leurs fonctions officielles. Le dramatique mépris de ce principe se manifeste, plus que partout ailleurs, dans la nomination de porte-drapeaux d’Israël à la présidence de nos organes d’état les plus vitaux : La Commission de Renseignement et de Sécurité, la Commission des Affaires Etrangères, et la Commission pour la Défense du Territoire.

Le Premier Ministre Gordon Brown a dit à des Amis d’Israël Travaillistes que « leur influence sur le Parti Travailliste tout entier était parmi les plus importantes... Je continuerai à faire tout ce que je peux pour défendre et protéger la sécurité des frontières d’Israël... Je ne suis pas seulement un ami d’Israël, je veux aussi garantir l’avenir d’Israël... nous ferons tout ce que nous pouvons pour travailler avec Israël ».

Le leader de l’opposition Conservative, David Cameron, a dit : « J’ai en Israël une foi indestructible- et vous devez savoir que si je deviens Premier Ministre, Israël aura un ami qui ne lui tournera jamais le dos ». Les deux leaders sont des donateurs du Fond National Juif, une organisation aux buts peu recommandables. Le lobbying sera « le prochain scandale politique » a dit Cameron, parfaitement inconscient de l’ironie de sa remarque.

Quand Tsipi Livni, leader de Kadima, le principal parti d’opposition, et ministre des affaires étrangères pendant le bombardement meurtrier des civils de Gaza de l’année dernière, a récemment annulé une visite en Angleterre après qu’un ordre d’arrêt ait été lancé contre elle par un tribunal britannique, Israël s’est plaint et a demandé « qu’il soit mis fin à cette absurdité qui cause du tort aux excellentes relations bilatérales entre Israël et l’Angleterre ».

Brown a répondu en affirmant que Livni était la bienvenue et en promettant de changer la loi qui permet à un tribunal britannique de lancer des mandats d’arrêt contre des personnes suspectées de crime de guerre. Le Secrétaire aux Affaires Etrangères a ajouté que le gouvernement britannique était déterminé à empêcher que de telles menaces pèsent à l’avenir sur des invités de la stature de Livni. « Israël est un partenaire stratégique et un grand ami du Royaume-Uni. Nous sommes décidés à protéger et à développer ces liens » a t-il dit. « Les leaders israéliens comme les leaders d’autres pays doivent pouvoir rendre visite au gouvernement britannique pour s’entretenir avec lui dans de bonnes conditions ».

Livni n’est même pas un ministre en exercice. Et loin de regretter le massacre des habitants de Gaza de l’année dernière, cette abominable créature a déclaré : « Si c’était à refaire, je le referais ! » Aucune personne honnête ne souhaite avoir quoi que ce soit à voir avec elle.

Malgré cela, le procureur général de Grande Bretagne a dit au monde entier que le gouvernement britannique a l’intention de protéger les officiels israéliens de haut rang de toute arrestation en Grande Bretagne. Dans un discours à l’Université Hebraïque de Jérusalem, La baronne Scotland a dit que les leaders israéliens ne devraient pas avoir à craindre d’être arrêtés pour crime de guerre selon le principe de Juridiction Universelle. « Le gouvernement cherche de toute urgence un moyen de changer le système anglais pour que cela ne se reproduise plus. Les leaders d’Israël doivent pouvoir venir librement en Angleterre ».

Pourquoi ? Il ne doit pas y avoir d’endroit où pourraient se cacher ceux qui sont accusés de génocide, de crimes contre l’humanité, d’assassinats extra-judiciaires, de crimes de guerre, de torture et de disparitions forcées. Les états qui ont signé la Convention de Genève -environ 194, Israël y-compris- ont l’obligation de rechercher, puis de poursuivre ou d’extrader tous ceux qui sont suspectés d’avoir commis de « graves infractions » aux conventions et de « remettre ces personnes, quelle que soit leur nationalité, à la justice de leur pays. Ils peuvent aussi, s’ils le préfèrent, et en accord avec leur propre législation, remettre ces personnes à un autre des Hautes Parties contractantes pour qu’elle les juge, à condition que la Haute Partie contractante en question ait une affaire recevable. »

Les conventions de Genève sont des traités auxquels on adhère avec solennité et qui contiennent des règles universelles destinées à limiter la barbarie de la guerre. « Graves infractions » signifie tuer volontairement, torturer, infliger des traitements inhumains, causer de grandes souffrances et de sévères blessures, nuire à la santé, et autres violations sérieuses des lois de la guerre. Israël a une grande expérience dans tous ces domaines.

Brown et Miliband, « roulant » pour Israël comme des fous, se font un plaisir de bafouer nos obligations envers la loi internationale afin de sauver leur douteux amis et permettre aux pires voyous d’Israël de marcher dans les rues de notre capitale.

« Rouler » pour Israël va même jusqu’à faire peu de cas du vol des passeports de plusieurs citoyens britanniques par le Mossad pour assassiner un agent du Hamas à Dubaï. Ce n’était pourtant pas la première fois que cela se produisait. Miliband a annoncé l’expulsion d’un sous-fifre de l’ambassade d’Israël. Cette petite tape sur la main n’a pas même altéré le sourire narquois de M. Posor, l’Ambassadeur d’Israël.

Le membre du Parlement, George Galloway a réclamé une réaction plus énergique : la fermeture de l’Ambassade. « Chaque citoyen qui voyage au Moyen-Orient est mis en danger par les actions du Mossad qui opère depuis l’Ambassade d’Israël à Londres. La protection des citoyens anglais se trouvant à l’étranger nécessite de fermer ce centre d’espionnage chez nous ».

Voilà qui est mieux !

Les amis de Miliband et Brown ne sont pas mes amis - ni les amis de personne d’autre, à mon avis. L’’idée qu’Israël et les gangsters qui dirigent ce pays puissent avoir le moindre intérêt stratégique pour nous est le fruit de leur peu d’imagination. L’avertissement qu’a donné George Washington il y a des années, semble des plus appropriés aujourd’hui : « La nation qui se laisse aller à manifester une affection systématique à une autre en devient l’esclave...un attachement passioné pour une autre nation produit toutes sortes de malheurs ».

Quelle personne intègre accepterait de « rouler » pour un régime qui vole, assassine, fait du nettoyage ethnique et manifeste le mépris le plus absolu pour la loi internationale, les droits humanitaires, les résolutions de l’ONU et les principes qui régissent la conduite humaine en général ?

Qui accepterait de « rouler » pour un régime qui, en utilisant des moyens militaires excessifs, a systématiquement appauvri ses voisins et les a affamés pour les forcer à se soumettre ?

Qui, sil lui restait le moindre soupçon d’honneur, « roulerait » pour un régime dont les leaders sont recherchés pour crime de guerre ?

Je vous préviens, vous qui êtes candidnats au Parlement, quand vous viendrez me demander de voter pour vous, ma première question sera : « Roulez-vous pour Israël ? »

7 avril 2010 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/992...
Traduction : DM