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Par Michel Warschawski

La colère d’Hillary Clinton

Jeudi, 25 mars 2010 - 9h47 AM

jeudi 25 mars 2010

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Michel Warschawski

OPINION :

La secrétaire d’Etat a violemment réagi à l’annonce de la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est. Comment l’Etat israélien va-t-il répondre à cette mise au point ?

« Cette fois, c’est la crise » titrait il y a quelques jours le grand quotidien israélien Yediot Aharonot, qui ajoutait : « De vagues excuses, comme on en a eu l’habitude d’en présenter dans le passé, ne suffiront pas. Washington demande des actes. »

Une provocation ? Ou, pire, un faux pas ? L’annonce, par le ministre israélien de l’Intérieur, de la construction prochaine de 1800 nouveaux logements dans la colonie de Ramat Shlomo, à Jérusalem-Est, alors que le vice-président Biden se trouvait en visite officielle en Israël, a été ressentie par l’administration Obama comme un camouflet et semble confirmer que le gouvernement Netanyahou s’est lancé dans une partie de bras de fer avec Washington. Il y a quelques mois, nous écrivions dans cette chronique qu’il y avait des tensions dans les relations israélo-états-uniennes. Cela semble se confirmer.

Dans son discours du Caire, le président Obama avait fait du gel total de la colonisation une condition préalable à la reprise des négociations entre Israël et les Palestiniens, provoquant à Tel-Aviv un haussement d’épaules et à Washington l’agitation du puissant lobby Aipac. Obama avait avalé la couleuvre et décidé que la réforme de la sécurité sociale était plus importante que le bourbier moyen-oriental.

Dans ce contexte, la nouvelle déclaration provocatrice du ministre israélien, alors que le vice-président n’avait pas encore décollé, est vécue comme un camouflet. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a violemment réagi, réprimandant le Premier ministre israélien au téléphone pendant quarante (sic) minutes et exigeant une série de mesures visant à améliorer l’atmosphère. Parmi celles-ci : le gel de la colonisation, y compris à Jérusalem, la reprise de négociations sérieuses avec le président Mahmoud Abbas, l’ouverture de plusieurs check-points, l’allégement du blocus de Gaza et le démantèlement de plusieurs avant-postes « illégaux » en Cisjordanie.

Deux questions s’imposent : Netanyahou va-t-il se soumettre ? Barack Obama va-t-il une fois de plus s’aplatir ? Selon Yediot Aharonot, le camouflet a été trop grave pour que Washington mette fin à la crise en se contentant des excuses israéliennes sur le « mauvais timing » de la déclaration du ministre. D’autant plus que Benjamin Netanyahou est en route pour le congrès de l’Aipac, où les ennemis néo-conservateurs d’Obama sont nombreux. Le Premier ministre israélien devrait y être ovationné et risque bien d’y caresser l’extrême-droite juive américaine dans le sens du poil. C’est d’ailleurs une des – nombreuses – faiblesses du président du Likoud, qui a la fâcheuses tendance de mener une campagne électorale permanente au lieu de se conduire comme un homme d’Etat digne de ce nom [1].

Reste que si personne, d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, n’envisage sérieusement de remettre en question l’alliance stratégique entre les Etats-Unis et Israël, il y a bel et bien une crise de confiance entre l’administration démocrate états-unienne et le gouvernement néo-conservateur israélien. Qui va ciller le premier ? Les paris sont ouverts.

[1] voir aussi Hassane Zerrouky dans l’Humanité