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PALESTINE OCCUPEE

Chronique quotidienne de l’occupation

Vendredi, 12 mars 2010 - 20h13

vendredi 12 mars 2010

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Numéro : 209

nombre d’entrées : 6

001

Le régime sioniste lance des invitations pour assister à l’ouverture d’une synagogue à l’intérieur de la Mosquée Aqsa

Des sources palestiniennes à Jérusalem occupée ont déclaré que les autorités d’occupation ont commencé à lancer des invitations officielles pour l’ouverture d’une synagogue au cœur de la Mosquée Al Aqsa, le 16 mars.

Ces sources ont ajouté que l’occupation est en pleins préparatifs pour cette journée, ajoutant que selon la prophétie d’un rabbin juif du 18ème siècle, cette synagogue sera établie à la date mentionnée sur les ruines de la Mosquée Al Aqsa.

L’occupation est déterminée à démolir la Mosquée, mais les conditions actuelles ne sont pas favorables pour le faire, ont noté les sources.

Les sources ont précisé qu’il y a un accord entre le gouvernement et les partis en zone sioniste pour l’ouverture de cette synagogue, avec également une coopération Palestinienne de l’« autorité » de Mahmoud Abbas pour faciliter la cérémonie d’ouverture et empêcher toute initiative islamique pour défendre la Mosquée.

A la lumière des préparatifs sionistes pour réprimer toute initiative de défense de la sainte Mosquée ce jour là, l’autorité d’occupation empêche tous les fidèles jérusalémites de moins de 50 ans d’entrer à la Mosquée et a lancé une vaste campagne d’arrestations contre les jeunes palestiniens de la ville sainte.

Pour leur part, les milices d’Abbas ont kidnappé hier jeudi 14 citoyens palestiniens supposés affiliés au Hamas dans les gouvernorats de Tulkarem, Naplouse, Jénine et Qalqiliya.

Source : Palestine Info Traduction : MR pour ISM

[ commentaires : réalité ou intox ? allez savoir... ]

ISM et Palestine Info - Jérusalem - 12-03-2010

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13561&type=communique≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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002

Ce sont 50 000 logements que les sionistes ont l’intention de construire à Jérusalem Est

Quelques 50 000 nouveaux logements dans des faubourgs de Jérusalem au-delà de la Ligne Verte sont à divers stades de planification et d’approbation, ont déclaré les fonctionnaires du plan à Ha’aretz. Ils ont précisé que les projets de construction à Jérusalem pour les prochaines années devaient se focaliser sur Jérusalem Est.

La plupart des logements seront construits dans des quartiers à majorité juive au-delà de la Ligne Verte, avec un petit nombre d’entre eux dans des quartiers arabes. Les projets pour quelques 20 000 appartements sont déjà à un stade avancé d’approbation et de mise en œuvre, alors que les projets des autres doivent être présentés aux comités de la planification.

La construction prévue comprend les 1 600 maisons dans le quartier ultra-orthodoxe de Ramat Shlomo, à Jérusalem Est, qui ont reçu l’approbation mardi 9 mars. Disant que la décision sapait les pourparlers de paix, le vice-président US Joe Biden a officiellement condamné la démarche, que le Ministère de l’Intérieur sioniste a annoncée pendant la visite de Biden en Israël.

Les fonctionnaires du Ministère ont dit que l’annonce ne devait pas coïncider avec la visite de Biden.

Si les projets de construction à Jérusalem Est se réalisent, il sera impossible de résoudre le conflit palestino-sioniste, a dit un militant de l’ONG de gauche Ir Amim.

« Le premier cercle le plus explosif de construction à Jérusalem Est, c’est dans la Vieille Ville, » dit Ory Noy, d’Ir Amim, qui dit chercher à promouvoir les relations palestino-sionistes à Jérusalem. « Le deuxième cercle, ce sont les colonies idéologiques construites au cœur des quartiers palestiniens du périmètre historique, et le troisième, c’est l’expansion des quartiers existants à l’est de la ville. »

La construction prévue à Jérusalem Est « amènera l’entité sioniste au point de non retour en ce qui concerne une solution concertée au conflit palestino-sioniste. » dit-elle.

Les fonctionnaires de la planification municipale a dit que la seule direction vers laquelle Jérusalem pouvait s’étendre était vers l’est. La municipalité a renoncé aux projets de développement vers l’ouest après que le Plan Safdie controversé – un énorme projet de construction projeté sur les collines à l’ouest de la capitale (sic, ndt) – ait été enterré il y a trois ans sous la pression de groupes environnementaux.

Une construction de masse à l’intérieur des quartiers les plus anciens de Jérusalem fut aussi abandonnée, pour d’autres considérations : maintien d’immeubles bas, préservation des bâtiments et des rues historiques et prise en compte de la qualité de la vie (pour cet élément, c’est simple, il suffit que les sionistes quittent la ville, toute la ville ndt).

Les données d’Ir Amim montrent que les projets de construction ayant atteint un stade avancé d’approbation concernent Gilo (3.000 logements), Har Homa (1.500), Pisgat Ze’ev (1.500), Givat Hamatos (3.500), Ramot (1.200), Armon Hanetziv (600) et Neveh Yaakov (450).

Plusieurs projets de construction ne sont actuellement pas très avancés, dont un projet de construction de 1.300 unités d’habitation dans un faubourg au sud de la ville. En plus, un plan de transformer Atarot en quartier ultra-orthodoxe a été mis en attente après que le Maire Nir Barkat ait décidé d’y revitaliser la zone industrielle.

Le régime sioniste – sous la forme de l’Administration des Terres et le Ministère du Logement et de la Construction – est la principale force derrière ses projets. Des entrepreneurs privés et des organisations politiques – dont des groupes de colons, qui construisent au milieu des quartiers palestiniens – font également avancer leurs projets.

Les groupes colons ont planifié l’expansion de la colonie Ma’aleh Zeitim, à Ras al-Amud (porte de Damas), de 60 logements à plus de 200.

La pénurie de logement à Jérusalem s’est aggravé ces dernières années, surtout dans les zones ultra-orthodoxes, poussant des milliers de familles ultra-orthodoxes des cités Haredi Betar Ilit et Modi’in Ilit, en Cisjordanie. Le gel de la construction en Cisjordanie a augmenté la pression pour créer plus de logement à Jérusalem (nouvelle justification sioniste du nettoyage ethnique en cours à Al-Qods. C’est à cause du soi-disant « gel des colonies » !!! ndt)

Source : Haaretz Traduction : MR pour ISM

ISM et Ha’aretz - Jérusalem - 11-03-2010

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13558&type=communique≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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003

Les forces sionistes continuent leurs raids à Jérusalem

Les forces d’occupation continuent de faire des descentes et des fouilles dans les maisons des Jérusalémites dans diverses parties de la ville depuis une semaine. Elles ont arrêtés des dizaines de jeunes, dont Tariq Bakirat, un des gardiens de la Mosquée Al-Aqsa.

Des témoins ont précisé que les soldats ont attendu Bakirat alors qu’il quittait la mosquée de son village, Sur Baher, au sud-est de Jérusalem, puis ils l’ont attaqué, menotté et ramené chez lui où ils ont confisqué son ordinateur personnel.

Les forces sionistes ont également arrêté Ihab Al-Jallad, membre du comité public de Jérusalem, après avoir saccagé sa maison et confisqué ses effets personnels puis ils l’ont emmené vers une destination inconnue.

Hier, les forces sionistes ont déclaré avoir arrêté plus de 20 Palestiniens au cours des derniers jours et elles les accusent d’être impliqués dans les confrontations de la Mosquée Aqsa. Ils ont été emmenés en centre de détention pour interrogatoire.

La radio des sionistes a annoncé que leurs forces avaient l’intention de poursuivre leurs raids dans les maisons palestiniennes et les arrestations à Jérusalem occupée.

Commando des forces sionistes clandestines à Silwan

Des agents de sécurité sionistes clandestins ont attaqué deux militants palestiniens et arrêtés plusieurs autres dans le quartier Silwan, à Jérusalem Est, mercredi après-midi.

Selon les Palestiniens du secteur Bustan, à Silwan, des agents sionistes « déguisés en Arabes » ont attaqué Mousa Odeh, 50 ans, et Muhammad Odeh, 48 ans, tous les deux membres du comité local qui organise les protestations contre les démolitions de maisons. Plusieurs autres résidents palestiniens ont eux aussi été arrêtés par les troupes sionistes clandestines dans le quartier, ont dit les sources locales.

La municipalité sioniste a planifié la destruction au bulldozer 89 maisons à Bustan, un faubourg densément peuplé dans une vallée adjacente à la vieille ville de Jérusalem.

La semaine dernière, le maire sioniste Nir Barkat a lancé les ordres de démolition pour construire un parc à la place.

Source : Ezzedeen AlQassam Brigades Traduction : MR pour ISM

[ commentaires : un parc, en voilà une belle attraction pour les touristes ! Au début du siècle dernier, dans notre pays, on avait installé, à Paris, des zoos humains... ]

ISM et Ezzedeen AlQassam Brigades - Jérusalem - 11-03-2010

http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13560&type=communique≤sujet=Nettoyage%20ethnique

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004

Amir, dix ans, enlevé dans son lit par les soldats

Amir al-Mohtaseb a souri tendrement quand je lui ai demandé de me dire quelle était la couleur qu’il préférait. Assis dans le salon familial, cet après-midi de jeudi dernier, 5 mars, dans la vieille ville d’Hébron, le garçonnet de 10 ans, avec ses taches de rousseur et ses longs cils, m’a répondu, le « vert ». Puis, il a poursuivi en me racontant, en détail et péniblement, son arrestation et sa détention, et l’emprisonnement de son grand frère de 12 ans, Hasan, par les soldats de l’occupation, le dimanche 28 février.

Quelques heures après cet entretien, à 2 h du matin, les soldats ont fait irruption dans sa maison, ils ont arraché Amir de son lit, menacé ses parents de les tuer si jamais ils tentaient de le protéger, ils l’ont descendu au rez-de-chaussée, sous la cage d’escalier. Là, ils l’ont roué de coups si méchamment qu’il a fait une hémorragie, dans le ventre, et il fallut l’hospitaliser dans la nuit. En état de choc et en plein désarroi, Amir restera pendant un jour et demi sans pouvoir ouvrir la bouche ni s’exprimer.

Lors de notre entretien de cet après-midi qui précède cette violente agression, Amir m’a raconté que le dimanche 28, il jouait dans la rue, près de la mosquée Ibrahimi, tout en allant avec Hasan voir leur tante.

« Deux soldats nous ont arrêtés et menottés » dit Amir. « Ils nous ont conduits vers deux jeeps séparées. Ils m’ont emmené dans la colonie et m’ont mis dans un coin. J’avais toujours les menottes. Ils ont mis un chien à côté de moi. J’ai dit que je voulais rentrer à la maison. Ils ont répondu non, et ils m’ont dit que j’allais rester là toujours. Ils ont refusé que j’aille aux cabinets. Ils ne m’ont pas laissé appeler ma mère. Ils m’ont bandé les yeux et je suis resté comme ça jusqu’à ce que mon père puisse venir me chercher, tard le soir. »

La détention d’Amir, dans la colonie, a duré près de dix heures. « Je ne pensais qu’à une chose, c’était à quel point j’avais peur, surtout avec le chien tout près de moi. Je voulais m’enfuir et retourner chez moi », dit-il.

La mère d’Amir et d’Hasan, Mukarrem, m’a dit qu’Amir avait manifesté des signes de traumatisme, dès son retour à la maison. « Il essayait de blaguer, et de rire. Mais ce n’était pas un rire normal. Il était content et terrifié en même temps, ». « Il avait uriné sur lui à un moment pendant sa détention. Il était vraiment effrayé. »

Amir a confié que les nuits qui ont suivi sa première détention, il n’a pas pu dormir, malade d’inquiétude pour son frère en prison, et effrayé à l’idée que les soldats puissent revenir (ce qu’effectivement, ils ont fait). Actuellement, il y a environ 350 enfants qui croupissent dans les prisons et les camps de détention sionistes, subissant des interrogatoires, des tortures et des condamnations interminables, quelquefois sans inculpation. Leur nombre varie constamment, mais des milliers d’enfants palestiniens, entre 12 et 16 ans, sont passés par le système judiciaire militaire sioniste au cours de la décennie passée, depuis le déclenchement de la deuxième Intifada palestinienne. Le régime sioniste a fixé l’âge adulte pour ses propres citoyens à 18 ans, mais par ordre de l’armée, et en violation du droit international, il a décidé que pour les Palestiniens, ce serait 16 ans. De plus, des ordres militaires spéciaux de l’entité sioniste (n° 1644 et 132) permettent d’arrêter et de juger les enfants palestiniens - désignés sous le nom de « délinquants juvéniles » - dès l’âge de 12 ans.

« De cette façon, ils ont une couverture "légale" pour agir comme ils le font, même si c’est contraire aux lois internationales, » dit Abel Jamal, chercheur à Défense de l’Enfance internationale - section Palestine, (DCI-PS), à son bureau d’Hébron. « Cependant, dans le cas d’Amir, ils ont même violé leurs propres lois en l’arrêtant et en le mettant en détention alors qu’il n’a que dix ans. Ces lois sont manifestement extensibles au bon vouloir du régime sioniste. Nous n’avons jamais vu qu’il y ait des poursuites pour de tels crimes ».

J’ai demandé au père d’Amir et d’Hasan, Fadel, de me dire comment on pouvait être parents, sous un tel siège permanent. « Ce n’est pas sans danger pour les enfants d’aller à l’extérieur, car nous sommes confrontés constamment aux agressions des colons et des soldats, » explique-t-il. « En soi, c’est inimaginable pour nous. Et maintenant, nous avons un fils qui est en prison et un autre qui est traumatisé... ils sont si jeunes. »

Le dimanche 7 mars, exactement une semaine après l’arrestation d’Hasan et la détention d’Amir, la famille et des journalistes de la presse locale, tôt dans la matinée, se sont rendus à la prison d’Ofer où Hasan est détenu depuis son arrestation du 28. Après un long cheminement, le juge militaire sioniste a reconnu que le garçon était trop jeune pour rester en prison, Hasan a été relâché mais à la condition de revenir au tribunal, à une date ultérieure, pour finir la procédure judiciaire. Ce procès faisait suite à la première audience de mercredi dernier, à Ofer, où Maan News Agency rapporte que le juge a exigé que Fadel verse au tribunal 2 000 shekels (390 €) pour la caution d’Hasan. D’après Maan, Fadel a alors demandé, publiquement, au tribunal, « Quelle est la loi qui permet qu’un enfant soit jugé devant un tribunal et que l’on exige de son père de payer une amende ? Je ne paierai pas l’amende, et vous devez libérer mon enfant... c’est la loi de l’occupation. »

Tenaillés par les situations de leurs fils, Mukarrem et Fadel disent qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour leur famille sous l’agression sioniste. « Que pouvons-nous faire ? » demande Fadel. « Nous verrouillons les portes. Nous verrouillons les fenêtres. Nous n’avons rien pour protéger notre famille et nos voisins contre les soldats et les colons. Si c’était un Palestinien qui enlevait, frappait et emprisonnait un enfant sioniste, le monde entier se mettrait en rébellion contre cela. On le verrait partout dans les médias. Mais les sionistes rentrent dans nos communautés, avec des jeeps, des chars d’assaut et des bulldozers, ils prennent nos enfants et les jettent en prison, et personne ne s’en soucie. »

Jamal, de DCI-PS, redonne son opinion sur le droit international qui est fait pour protéger les enfants sous occupation militaire, et qui est ignoré par le régime sioniste depuis le début de l’occupation en 1967. « La plupart du temps, nous utilisons, autant que nous le pouvons, la loi, les Conventions de Genève, la Convention des Nations-Unies pour les droits de l’Enfance contre cette violence, » dit Jamal. « Toutes ces lois existent, mais le régime sioniste se sert de ses propres lois militaires comme excuses pour défier le droit international. Nous, Palestiniens, devons travailler ensemble à la création d’une solidarité contre cette brutalité. En oeuvrant ainsi, nous disons à la communauté internationale, voilà ce qui se passe avec les enfants palestiniens, ceci afin d’acquérir une large base de soutien contre cette situation. Nous croyons que la seule façon d’arrêter cela, c’est par le soutien de la communauté internationale. »

Amir commence doucement à parler, 36 heures après les coups des soldats. Selon Zahira Meshaal, travailleuse sociale à Bethléhem, spécialisée dans les effets du traumatisme chez l’enfant, « le mutisme électif » d’Amir, symptôme d’un choc psychologique extrême et provoqué par les coups et sa détention, est une réaction courante, mais le fait qu’il ait commencé à parler est un bon signe. « Il s’agit d’une réaction de peur à beaucoup de niveaux. La maison d’Amir et sa famille représentent sa seule source de sécurité, » dit Meshaal. « Tout cela lui a été enlevé quand les soldats ont envahi sa maison. Il est aisé de suivre son trauma immédiat, mais les conséquences à long terme seront sans aucun doute difficiles à traiter. Il aura besoin de beaucoup de soins psychologiques, en commençant maintenant. »

Meshaal commente la nature de cette agression dans le contexte de la situation telle qu’elle se développe dans Hébron. « Nous parlons d’un endroit qui se trouve en première ligne pour le traumatisme, » dit-elle. « C’est un mal permanent et qui empire pour la communauté tout entière. Les parents doivent être au centre de la sécurité pour leurs enfants, mais cela leur est ôté. Spécialement à Hébron, et les colons et les soldats le savent, ils se servent de cette tactique pour obliger les gens à partir d’ici. C’est une guerre psychologique. Il s’agit d’un acte délibéré pour effrayer les enfants et obliger les gens à partir ailleurs, où leurs enfants se sentiront plus en sécurité. »

Au terme de notre entretien du jeudi 5 mars, Amir avait envoyé un message aux enfants d’Amérique. « Nous sommes des enfants, tout comme vous. Nous avons le droit de jouer, d’aller librement. Je veux dire au monde qu’il y a tant d’enfants dans les prisons israéliennes. Nous voulons juste la liberté de bouger, la liberté de jouer. »

Amir a dit qu’il sera cardiologue plus tard, quand il aura grandi. Sa mère et son père, eux, espèrent que le propre cœur d’Amir - et le leur - guérira du trauma répétitif et cumulatif de la semaine dernière, aux mains d’une occupation interminable.

* Nora Barrows-Friedman est co-animatrice et principale productrice de Flashpoints, magasine quotidien d’investigations sur Radio Pacifique. Elle est aussi correspondante d’Inter Press Service. Elle écrit régulièrement depuis la Palestine où elle dirige aussi des ateliers de communication pour les jeunes du camp de réfugiés de Deishé, près de Betléhem, en Cisjordanie occupée.

Info-Palestine - Nora Barrows-Friedman - The Electronic Intifada – jeudi 11 mars 2010

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=8317

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005

Bloqué par l’apartheid

Palestine Festival of Literature,
le 2 juin 2009

Il y a environ une semaine, j’ai visité la zone sioniste et la Palestine. Je faisais partie d’une délégation d’écrivains avec des représentants de diverses parties du monde. Nous venions participer au Festival Littéraire Palestinien. La cérémonie d’ouverture devait se tenir au Théâtre National Palestinien à Jérusalem. Nous venions juste de nous rassembler quand des soldats et des policiers sonistes lourdement armés sont arrivés et ont annoncé qu’ils allaient interrompre la cérémonie. Quand nous avons demandé pourquoi, ils ont répondu : vous êtes un risque pour la sécurité.

Prétendre que nous posions à ce moment une menace terroriste réelle pour l’établissement sioniste est absolument dépourvu de sens. Mais en même temps, ils avaient raison : nous représentons une menace quand nous venons en zone sioniste et exprimons ouvertement nos points de vue sur l’oppression de la population palestinienne par le régime sioniste. Elle peut se comparer à la menace que moi-même ainsi que des milliers d’autres avaient autrefois représenté pour le système d’apartheid en Afrique du Sud. Les mots sont dangereux.

C’est ce que j’ai dit aussi quand les organisateurs de la conférence se sont débrouillés pour transférer toute la cérémonie d’ouverture au Centre Culturel Français : - Ce que nous vivons en ce moment est une répétition du système honteux d’apartheid qui traitait à une époque les Africains et les gens de couleur comme des citoyens de deuxième classe dans leur propre pays. Mais n’oublions pas que ce même système d’apartheid n’existe plus. Ce système a été aboli par l’action des hommes au début des années 1990. Il y a une relation directe entre Soweto, Sharpeville et ce qui s’est passé récemment à Gaza.

Pendant les jours qui ont suivi, nous avons visité Hébron, Bethléem, Jénine et Ramallah. Un jour, nous marchions dans les collines en compagnie de l’écrivain palestinien Raja Shehadeh qui nous a montré comment les colonies s’étendaient, confisquant des terres palestiniennes, détruisant des routes pour en aménager de nouvelles réservées aux colons. Aux différents checkpoints, le harcèlement était monnaie courante. Pour mon épouse Eva et moi, c’était bien sûr plus simple de passer. Les membres de la délégation munis de passeports syriens ou d’origine palestiniennes étaient tous bien plus exposés. Sortez votre sac du bus, videz-le, rangez-le, ressortez-le une fois de plus.

En Cisjordanie, l’aggravation est une affaire de degré. Le pire de tout, c’était à Hébron. Au milieu d’une ville peuplée de 40 000 Palestiniens, 400 colons Juifs ont confisqué une partie du centre de la ville. Les colons sont brutaux et n’hésitent pas à attaquer leurs voisins palestiniens. Pourquoi ne pas uriner sur eux depuis les fenêtres des étages supérieurs ? Nous avons vu des documents où des femmes colons et leurs enfants donnent des coups de pied et frappent une femme palestinienne. Les soldats qui voyaient ce qui se passait ne faisaient rien pour les en empêcher. C’est la raison pour laquelle il y a des gens à Hébron qui, au nom de la solidarité, se portent volontaires pour suivre des enfants palestiniens sur le chemin de l’école et du retour à la maison. 1 500 soldats protègent ces 400 colons, nuit et jour ! Chaque colon est protégé en permanence par 4 ou 5 gardes du corps.

De plus, les colons ont le droit de porter des armes. Quand nous nous trouvions à un des check-points les plus exécrables à l’intérieur d’Hébron, un colon extrêmement agressif nous a filmés. A la vue de quoi que ce soit de Palestinien, ce pouvait être chose la plus insignifiante, un bracelet, une broche, il se précipitait directement vers les soldats pour faire un rapport.

Naturellement, rien de ce que nous avons subi ne peut être comparé avec la situation des Palestiniens. Nous les avons rencontrés dans des taxis et dans la rue, à des conférences, dans des universités et des théâtres. Nous avons discuté avec eux et écouté leurs récits.

Est-il étrange que certains d’entre eux, par pur désespoir, quand ils ne voient pas d’autre issue, décident de commettre des attentats-suicide ? Pas vraiment ? Il est peut-être étrange qu’ils n’y en aient pas plus. Le mur qui divise actuellement le pays préviendra de nouveaux attentats, dans le court terme. Mais le mur est une manifestation évidente du désarroi du pouvoir militaire sioniste. A la fin, il connaîtra le même sort que celui qui a divisé Berlin à une époque.

Ce que j’ai vu pendant mon voyage était évident : l’ « Etat d’Israël » dans sa forme actuelle n’a pas d’avenir. Qui plus est, ceux qui plaident pour une solution à deux Etats sont dans l’erreur.

En 1948, l’année de ma naissance, l’« Etat d’Israël » proclamait son indépendance sur un territoire occupé. Il n’existe aucune raison d’aucune sorte de la qualifier de légitime selon le droit international. Ce qui s’est passé, c’est que l’entité sioniste a tout simplement occupé un territoire palestinien. Et la dimension de ce territoire s’accroît constamment, avec la guerre de 1967 et avec les colonies de plus en plus nombreuses aujourd’hui. Parfois une colonie est démantelée. Mais c’est seulement pour le spectacle. Très vite, il ressurgit quelque part ailleurs. Une solution à deux Etats ne marquera pas la fin de l’occupation historique.

Il arrivera à l’établissement sioniste la même chose que ce qui s’est produit en Afrique du Sud pendant le régime d’apartheid. La question est de savoir s’il est possible de parler le langage de la raison avec les sionistes afin qu’ils acceptent volontairement la fin de leur propre Etat d’apartheid. Où si cela doit se produire contre leur propre volonté. Personne ne peut nous dire quand cela se produira. L’insurrection finale démarrera bien entendu à l’intérieur [de la Palestine occupée]. Mais des changements politiques se déroulant en Syrie et en Egypte y contribueront. Aussi important est que, probablement plus tôt qu’on ne le pense, les Etats-Unis ne se trouveront plus en mesure de financer cette horrible force militaire qui empêche les jeunes lanceurs de pierres de vivre normalement dans la liberté.

Quand ce changement arrivera, chaque sioniste devra décider pour lui (ou elle)-même s’il ou elle est disposé(e) à abandonner ses privilèges et à vivre dans un Etat palestinien. Pendant mon voyage, je n’ai rencontré nul antisémitisme. Ce que j’ai vu était de la haine contre les occupants, ce qui est tout à fait normal et compréhensible. Distinguer entre ces deux choses est crucial.

La dernière nuit de notre séjour était supposée se terminer de la même manière que nous avions essayé de commencer notre voyage à Jérusalem. Mais l’armée et la police ont une fois encore bouclé le théâtre. Il nous a fallu nous réunir ailleurs.

L’établissement sioniste ne peut s’attendre qu’à être vaincu, comme toutes les puissances occupantes. Les sionistes détruisent les vies. Mais ils ne détruisent pas les rêves. La chute de de ce scandaleux système d’apartheid est le seule chose concevable, car elle est impérative.

La question n’est donc pas si mais quand elle se produira. Et comment.

* Henning Mankell, homme de lettres et de théâtre, est un auteur suédois né le 3 février 1948 à Härjedalen, au centre de la Suède. Il est connu internationalement grâce à la série policière des enquêtes de Kurt Wallander ayant pour cadre la petite ville d’Ystad, à l’extrémité méridionale de la Suède.

[ commentaires : enfin ! Un témoin qui parvient exactement aux mêmes conclusions que votre serviteur : « En 1948, l’« Etat d’Israël » proclamait son indépendance sur un territoire occupé. Il n’existe aucune raison d’aucune sorte de la qualifier de légitime selon le droit international. » et donc, « L’établissement sioniste ne peut s’attendre qu’à être vaincu, comme toutes les puissances occupantes. » ]

Info-Palestine - Henning Mankell – vendredi 12 mars 2010

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=8315

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006

L’Autorité de Ramallah est-elle tout simplement en train de capituler devant Israël ?

Ce mardi, alors que le vice président américain Joe Biden arrosait Israël avec les habituelles louanges excessives, le ministère sioniste de l’Intérieur, dirigé par Eli Yeshai, a annoncé ses plans pour construire 1600 unités de logements pour les colons juifs à Jérusalem-Est.

Un peu plus tôt, le ministre sioniste de la défense, Ehud Barak, avait déjà approuvé la construction de 112 unités supplémentaires pour colons en Cisjordanie, mettant de fait un terme à la demi-décision prise antérieurement de geler partiellement l’expansion des colonies juives durant une période huit mois.

L’agrandissement continue des colonies juives de peuplement en Cisjordanie est destiné à décapiter une bonne fois pour toutes les perspectives de création d’un Etat palestinien viable.

En fait, il est plus que clair que la stratégie sioniste de saper la perspective d’un État palestinien est en train de réussir, malgré les faibles objections américaines et les dérisoires protestations palestiniennes et arabes.

En dernière analyse, les États-Unis lancent des paroles sans contenu et font des promesses peu crédibles à propos de leurs efforts pour la paix, alors que le régime sioniste met la Cisjordanie en pièces et transforme en rêve inaccessible l’idée d’un Etat palestinien.

Les dernières mesures sionistes devraient aussi être considérées comme une profonde insulte vis à vis des dirigeants arabes qui ont décidé de « donner une chance à la paix » en avalisant la reprise de pourparlers indirects mais apparemment tout à fait futiles entre un régime sioniste insolent — gouverné par les éléments les plus fascistes et vindicatifs de son histoire — et une direction palestinienne impuissante, en faillite, ayant presque totalement abandonné ses responsabilités nationales.

Que peut-on dire d’une entité montée de toutes pièces qui empêche de lutter contre les ennemis du peuple palestinien, comme si sa servilité honteuse amènerait le régime sioniste à reconsidérer ses noirs desseins et permettrait au peuple palestinien de recouvrir ses droits et sa dignité ?

Les dernières provocations israéliennes mettent aussi en pleine lumière la faillite totale de l’approche politique arabe officielle défendue par les régimes égyptien, saoudien et jordanien. Ces régimes sont d’avis que plus les Palestiniens feront de concessions et de sacrifices pour faire « la paix avec Israël, » plus le régime sioniste montrera de bonne volonté envers les Palestiniens.

De toute évidence, les despotes arabes, qui se distinguent surtout en tourmentant et opprimant leurs propres peuples pour le plus grand bénéfice du régime sioniste et des Etats-Unis, ne savent pas que le régime sioniste est très semblable à une crocodile vicieux : plus de viande vous lui donnez, plus il en exigera.

Il est vraiment triste pour les Palestiniens que leur cause si juste soit confiée à une direction si faible, qui elle-même dépend de dictatures arabes totalement impuissantes et en faillite qui iront jusqu’à n’importe quelle extrémité pour apaiser le régime sioniste et son allié et tuteur, à savoir les États-Unis.

La direction palestinienne a finalement obtenu ce qu’elle demandait des soi-disant dirigeants arabes : une approbation arabe de sa reculade par rapport à sa posture initiale qui était de refuser de reprendre les pourparlers moribonds avec le régime sioniste, les enfants des rues eux-mêmes sachant bien que cela ne mènerait nulle part, si ce n’est à plus de frustration et de capitulation.

En effet, les faibles réactions de l’AP [de Ramallah] aux récentes provocations israéliennes soulignent l’état pathétique d’un « leadership » qui a perdu tout contact avec la réalité après avoir perdu contact avec le peuple.

Une telle direction, non seulement ne parviendra à gagner quoi que ce soit pour la cause palestinienne, mais continuera à aller d’un désastre à l’autre, tout cela au nom du réalisme, du pragmatisme et de la paix ... !

L’extension prévue de nouvelles colonies juives, de façon à coïncider avec la visite en Palestine occupée du vice-président Biden, sert aussi de message de défi à Obama, apparemment complètement paralysé par le lobby juif américain qui est prêt à affronter son administration pour le compte du régime sioniste.

En fait, le comportement sioniste est très révélateur. Il signifie aux Américains que peu importe leurs éloges et leur engouement affiché pour Israël, l’Etat juif fera ce qu’il veut, et sans tenir compte des caprices du goy « noir » qui habite la Maison Blanche.

Biden, un vieil inconditionnel du régime sioniste, est allé aussi loin que possible dans la prostitution politique américaine en louant et glorifiant ce régime, un état qui se nourrit des assassinats, des vols de terres et des agressions, le tout dans l’espoir que ces étreintes dépravées avec le fascisme sioniste ouvriront une brèche dans l’attitude sioniste.

Biden a déclaré : « la pierre angulaire de nos relations est notre absolu, total, sincère engagement envers la sécurité du régime sioniste. » Biden a également dit à Shimon Peres, le héros impuni du massacre de Qana, que « C’est bon d’être à la maison ! ».

Eh bien ... Avec des hommes politiques en totale faillite morale, prêts à vendre et à prostituer leur pays en cédant face à un état qui l’année dernière s’est lancé dans une série de crimes de guerre néo-nazis dans la bande de Gaza, le régime sioniste n’est soumis à aucune pression ni aucune obligation d’afficher le moindre respect pour les dirigeants des Etats-Unis.

Ce sont ces dirigeants-là qui ont, après tout, vendu leur pays, et le régime sioniste ne fait que suivre l’ordre normal des choses.

Je ne sais vraiment pas quand l’Autorité palestinienne et ses alliés arabes despotiques se rendront compte que la paix avec le régime sioniste est impossible, étant donné que ce régime n’a pour réels objectifs que le nettoyage ethnique et le colonialisme au détriment des droits nationaux du peuple palestinien.

De même, je ne sais pas combien de temps encore les officiels de l’AP [de Ramallah] vont continuer à produire le même genre de communiqués insipides à propos des dégâts produits par les provocations sionistes sur le fameux processus de paix, un processus basé sur la tromperie et le mensonge.

Ce qui est clair, c’est que l’Autorité Palestinienne et les tyrans arabes ont atteint un nouveau niveau de dépravation et de dégringolade morale et qu’absolument rien de bon ni de positif ne peut être attendu d’eux.

Le poète arabe a dit : « Celui qui se déshonore lui-même se rendra plus vulnérable à la honte. Une blessure infligée à un corps mort ne cause pas de douleur. »

Du même auteur :
Falsifier l’histoire - 9 mars 2010
Aucune lumière en vue - 8 mars 2010
Palestine occupée : toujours plus de crimes... - 21 décembre 2009
Irrémédiables criminels de guerre - 15 novembre 2009
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Chapeau à Erdogan, chapeau à la Turquie - 21 octobre 2009
Israël vise Al-Aqsa - 7 octobre 2009
Assassiner des Palestiniens pour leurs organes - 31 août 2009
11 mars 2010 - The Palestinian Information Center - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestine-info.co.uk/en/...
Traduction de l’anglais : Al Mukhtar

[ commentaires : les pires aveugles sont ceux qui refusent de voir ]

Info-Palestine - Khalid Amayreh - The Palestinian Information Center – vendredi 12 mars 2010

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=8335