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Par Steven Hurst - Relayé par Associated Press

Colonisation israélienne : une pilule difficile à avaler pour les Etats-Unis

Jeudi, 11 mars 2010 - 18h24

jeudi 11 mars 2010

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Il y a un an, le président Barack Obama demandait sans équivoque à Israël l’arrêt des constructions des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Aujourd’hui, le chef de la Maison Blanche n’a pas beaucoup d’autre choix que d’avaler tout rond un rejet net du plus proche allié des Etats-Unis au Proche-Orient.

La mairie de Jérusalem envisagerait de bâtir 50 000 logements à Jérusalem-Est

La raison tient à l’importance de l’enjeu. L’administration américaine a investi beaucoup trop de temps, de crédibilité et de capital politique pour jeter l’éponge et abandonner ses efforts destinés à ramener Israël et les Palestiniens sur la voie des pourparlers de paix.

Un conflit ouvert avec Israël est la dernière chose dont Barack Obama ait besoin à l’heure où ses ambitions présidentielles visant notamment à réformer le système de santé sont malmenées sur la scène politique intérieure. La Maison Blanche a cependant manifesté une profonde colère et ne pardonnera ou n’oubliera probablement pas l’attitude d’Israël.

Après une année très difficile dans les relations américano-israéliennes, le vice-président Joe Biden s’est rendu cette semaine en Israël et dans les territoires palestiniens à la fois pour assurer le gouvernement Nétanyahou du large soutien des Etats-Unis et saluer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour avoir accepté de reprendre des négociations de paix indirectes, sous l’égide de Washington, après 14 mois d’impasse.

M. Biden est le plus haut responsable américain dans la région depuis l’investiture de Barack Obama en janvier 2009. Mais Israël a parasité ce déplacement en annonçant mardi soir, par le biais de son ministère de l’Intérieur, la construction de 1.600 logements à Jérusalem-Est.

Apparemment furieux, le vice-président américain est arrivé très en retard à un dîner avec le Premier ministre Benyamin Nétanyahou le soir même. Puis il a condamné la décision israélienne, l’accusant de saper la confiance à un moment crucial.

L’administration Obama a choisi de signifier son désaccord en employant le terme « condamner », mot le plus fort en langage diplomatique, après une heure et demie de débat entre Joe Biden et ses collaborateurs, le Conseil de sécurité nationale et le Département d’Etat (Affaires étrangères). Le lendemain, un porte-parole du Département d’Etat P. J Crowley exprimait sa perplexité. « Nous parlons au gouvernement et tentons de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi », expliquait-il, tandis que le ministre israélien de l’Intérieur Eli Yishai se déclarait « désolé » pour l’"embarras" causé à Joe Biden, sans pour autant envisager de renoncer au projet immobilier.

En l’espace d’une année, l’administration Obama a ainsi ravalé ses prétentions. Elle a d’abord franchement demandé l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, puis salué le gouvernement Nétanyahou pour avoir accepté une suspension de dix mois des activités d’implantation, sauf à Jérusalem-Est.

Barack Obama est devenu le dernier président américain à se heurter à un mur et à des positions inflexibles qui ont chaque fois bloqué le processus de paix au Proche-Orient.

L’objectif que le chef de la Maison Blanche s’était fixé n’était pas seulement une paix durable après des décennies de guerre et d’antagonisme mais la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie. Pour y parvenir, Israël et les Palestiniens devaient surmonter de profonds différends liés au contrôle du territoire.

Le problème le plus épineux reste cependant Jérusalem. Les Palestiniens exigent que la Cisjordanie et la Bande de Gaza composent leur Etat, avec Jérusalem-Est pour capitale. Mais les Israéliens, qui ont annexé les quartiers Est traditionnellement arabes après les avoir capturés en 1967, considèrent Jérusalem comme la capitale éternelle et indivisible de l’Etat hébreu.

Barack Obama n’avait peut-être pas entrevu, en lançant sa première stratégie, les profondes divisions politiques qu’il aurait à affronter un peu plus d’un an après son entrée en fonctions.

« Il ne peut pas gagner sur Jérusalem tout de suite. Quelle que soit l’humiliation, il doit l’avaler », observe Aaron David Miller, du Woodrow Wilson International Center for Scholars, qui a officié pendant une vingtaine d’années comme haut conseiller à la politique au Proche-Orient au Département d’Etat. AP