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PALESTINE OCCUPEE

Chronique quotidienne de l’occupation (2ème de ce jour)

Mardi, 23 février 2010 - 17h41

mardi 23 février 2010

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Numéro : 206

nombre d’entrées : 6

001

Dans le Néguev, les Palestiniens représentent 25% de la population

Les autorités d’occupation lancent des attaques répétées contre les Palestiniens dans le Néguev, dans les territoires occupés en 1948, où elles ont donné dernièrement la légitimité aux fermes sionistes déployées au Néguev alors que les villages Palestiniens de la région ne sont pas reconnus.

Il existe plus de 30 fermes sionistes reconnues par les autorités sionistes au moment où ils démolissent les villages arabes, sous prétexte qu’ils ne sont reconnus par l’occupation.

Les palestiniens qui habitent au Néguev représentent 25% de la population de cette région, mais ils vivent sur 2% seulement de la surface de cette région, et 54 villages Palestiniens, habités par plus de 76 mille personnes, ne sont pas reconnus par l’occupation.

Les autorités d’occupation ont accentué leurs mesures agressives contre les Palestiniens dans ces régions pour les obliger de quitter leurs territoires et maisons.

Le journal El Destour jordanien – CPI - 23/02/2010 - 14:09

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7Ypo87vAk1GsQsg72Yl08nC0tcHTSrJSA%2bOg4CxjgyM00eI8y5ccnUYdzwOD74nYx25fg33gijCyCJPhuSexLWhxwSGFsfkz3RAIExRGoLac%3d

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002

Les forces d’occupation envahissent le camp de Farea et arrêtent deux frères palestiniens

Des dizaines de blindés de l’armée d’occupation ont envahi, aujourd’hui mardi 23/02/10 à l’aube, le camp de Farea, dans la ville de Toubas, au nord d’al Aghwar, en lançant une vaste campagne de fouilles et d’arrestation avant d’arrêter deux frères Palestiniens.

Des sources locales ont dit que des dizaines de soldats sionistes ont lancé une campagne de perquisitionse dans les boutiques commerciales, au milieu du camp.

Toubas – CPI - 23/02/2010 - 13:11

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s77%2bgxyG4L53Mdu4njRbCJWo3%2bmjnwX66W3MVXRiQTUz22Vt7%2bYq5uKlS%2fMm%2fC1YvS38SWA%2bNJ0%2fe035CWy5ssnIZsVSjjHXwb%2fNlMqEziy%2fY%3d

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003

Les forces de l’occupation kidnappent un étudiant sur un barrage à Jénine

Les forces d’occupation ont arrêté, ce matin mardi 23/02/10, un étudiant de la ville de Jénine, sur un barrage volant installé sur la route qui relie Jénine et Naplouse, alors qu’il se dirigeait vers l’université nationale de Najah, pour étudier dans la ville de Naplouse.

Des sources locales ont déclaré que les soldats sionistes ont enlevé l’étudiant, Moussab Thoumainat, 21 ans, en l’emmenant vers une direction inconnue.

Jénine – CPI - 23/02/2010 - 13:07

http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7gxrnQUDbDZAYlmhgWt4MzbJApJNtdWXgDWpKYu1mfYnH%2fRF4K4ZNZZgrA6hljjqKXOfxIyigXFwmYhitJI%2fT%2byXzQzdgEqBoE%2buPu1a8bV0%3d

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004

Boycott : la contre-offensive du régime sioniste et de ses amis

« Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs, politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël. Je souhaite que le parquet fasse preuve de davantage de sévérité à ce sujet. J’ai donc adressé une circulaire aux parquets généraux, leur demandant d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination. J’entends que tous les auteurs d’actes soient poursuivis dès qu’ils auront été identifiés et notamment quand les appels auront été faits sur Internet. A cet égard, je salue la détermination du parquet dans l’affaire de l’individu qui avait appelé au boycott de produits israéliens par voie d’affichettes dans un centre commercial de Mérignac (1) . » Ainsi s’exprime Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’Etat, ministre de la justice et garde des sceaux, le 18 février, dans son discours au dîner de l’antenne bordelaise du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

L’« individu » qu’elle évoque s’appelle Sakina Arnaud. Membre de la Ligue des droits de l’homme, elle participe à la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS) dans sa région. Lui reprochant d’avoir apposé des autocollants sur des produits provenant de colonies sionistes de Cisjordanie, le grand magasin Carrefour de Mérignac porte plainte contre elle pour « dégradation légère ». Le parquet requalifie toutefois la plainte en « incitation à la discrimination raciale, nationale et religieuse ». Sur cette nouvelle base, le tribunal de Bordeaux la condamne, le 13 février, à une amende pénale de 1 000 euros, plus 1 euro de dommages et intérêts pour les parties civiles (l’association Avocats sans frontières de Gilles-Wiliam Goldnadel, qui vient d’être élu à la direction du Conseil représentatif des institutions juives de France, et la Chambre de commerce France-Israël) et 500 euros de frais de justice. Carrefour, en revanche, est débouté !

Que les autorités françaises aient voulu faire un exemple, nul n’en doute. Mais il y a fort à parier qu’elles n’en resteront pas là. D’ores et déjà, des militants d’autres villes sont convoqués au commissariat ou la Préfecture pour avoir participé à telle ou telle action BDS. Pourtant, le 20 mai 2009, dans une réponse au député Eric Raoult à l’Assemblée nationale, Mme Michèle Alliot-Marie assurait : « Depuis le début du conflit « israélo »-palestinien au mois de décembre 2008, plusieurs associations de défense de la cause palestinienne sont intervenues dans des grandes surfaces en appelant au boycott des produits en provenance d’« Israël » ou de pays supposés apporter une aide à ce pays (…). Ces opérations, il faut bien le préciser, touchent des produits importés d’« Israël » et non des produits casher. » (2)

Le mouvement de solidarité aurait-il, entre-temps, changé d’orientation et de méthodes, pour s’en prendre aux produits, magasins et restaurants juifs observants ? Le ministère de l’intérieur n’a signalé aucune action de ce type. Et pour cause : l’antisémitisme et le racisme ont toujours été radicalement étrangers au mouvement français de solidarité avec la Palestine. Comment une ministre d’Etat peut-elle se contredire avec autant d’aplomb, pour proférer une contre-vérité reprise à son compte par le premier ministre lui-même (3) ? Et pourquoi cette tentative soudaine pour intimider et discréditer ceux qui dénoncent l’impunité du régime sioniste ?

La réponse se trouve peut-être dans cet aveu récent de Daniel Shek, l’ambassadeur du régime sioniste en France : « Nous encourageons des organisations à porter plainte contre les organisateurs du boycott. Nous conduisons des activités politiques à l’ambassade en liaison directe avec des ministres, des organisations, des étudiants et des consommateurs, qui se réveillent (4) ». Etrangement, cette intervention directe dans les affaires intérieures françaises n’a entraîné aucune réaction du Quai d’Orsay. On imagine comment ce dernier aurait réagi si la Déléguée générale de Palestine en France s’était targuée publiquement de se concerter avec des membres du gouvernement et des associations afin d’organiser le dépôt de plaintes contre l’importation en fraude de produits des colonies de Cisjordanie sous l’appellation frauduleuse « made in Israël »…

Mais l’ingérence de M. Daniel Shek trahit surtout l’affolement des dirigeants sionistes devant leur isolement croisant, avec l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies du rapport Goldstone (novembre 2009) et la ferme prise de position du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne sur Jérusalem (décembre), sans oublier le Dubaïgate (février 2010). Alors que la complicité de la « communauté internationale » conditionne plus que jamais la possibilité pour le régime sioniste de poursuivre sa politique anti-palestinienne, cette « série noire » a de quoi inquiéter MM. Benyamin Netanyahou, Avidgor Lieberman et Ehoud Barak.

D’autant qu’une partie de l’opinion, choquée par le massacre de Gaza et lasse de l’impunité du régime sioniste, entre à son tour dans l’arène, pour faire pression sur les responsables économiques et politiques. Avec de premiers succès. Les gouvernements britannique et irlandais exigent du régime sioniste qu’il étiquette les produits des colonies. Veolia, à qui son implication dans le tramway de Jérusalem a fait perdre des marchés juteux, envisage de s’en retirer. La banque Dexia cesse de prêter aux colonies (sauf celles de Jérusalem). Le puissant Fonds souverain norvégien désinvestit d’une société chargée de l’électronique du mur. Le Fonds de pension danois PKA et la Danske Bank boycottent la colonisation. Sans parler des « petites victoires » remportées à la base : Nouvelles Frontières modifiant son site et son catalogue, Soda-Club écarté de la Fête des vendanges à Montmartre, etc.

La contre-offensive juridique coordonnée par l’ambassade sioniste avec des associations pro-sionistes et l’appui des autorités françaises peut de surcroît se heurter à une contradiction juridique. Si le boycott de l’« état sioniste » et de sa production en tant que tel tombe notamment sous le coup des articles 225-1 et 225-2 du Code pénal et de l’article 24, alinéa 8, de la loi du 29 juillet 1881, en revanche aucune loi ne réprime celui des produits de la colonisation sionistes. Au contraire, ces derniers sont directement visés par plusieurs textes européens et français :

 l’Accord d’association Union européenne-« Israël », qui, par son article 83, exclut les produits des colonies des avantages fiscaux dont jouissent ceux « du territoire israélien ». Autrement dit, ils doivent acquitter des taxes qu’ils fraudent en se présentant comme produits d’« Israël ». Dans son avis en date du 29 octobre 2009, l’avocat général de la Cour européenne de justice, précise que « le régime préférentiel en vertu de l’accord CEE-« Israël » ne peut être appliqué à un produit originaire de Cisjordanie et, plus généralement, des territoires occupés » ;

 Code français du commerce, qui interdit la falsification des « règles d’origine » des produits (et donc la mention « made in Israël » au lieu de « made in Palestine » ou « made in Westbank », etc.) ;

 la Directive européenne 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2005 « relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs ». Cette directive est relayée dans le droit français par les articles L 211-1 et suivants du code de la consommation qui prévoient et répriment les pratiques commerciales trompeuses créant une confusion ou reposant sur des allégations ou présentations fausses ou de nature à induire le consommateur en erreur.

Si la campagne BDS choisit de se concentrer sur les productions des colonies (5), elle peut donc s’appuyer sur la loi et porter ainsi un coup d’arrêt sérieux à la contre-offensive concoctée par Daniel Shek. A moins que Mme Alliot-Marie, qualifie le législateur (européen et français) d’« antisémite » et le poursuive comme tel… Dominique Vidal

(1) « Michèle Alliot-Marie : “Ma présence parmi vous ce soir est l’occasion de réaffirmer la place de la communauté juive au sein de notre Nation” », crif.org. : http://www.crif.org/ ?page=articles_display/detail&aid=18926&returnto=accueil/main&artyd=56

(2) Séance unique du mercredi 20 mai 2009, Assemblée nationale. : http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2008-2009/20090247.asp#P301_63966

(3) Au dernier dîner du CRIF, le 4 février 2010, M. François Fillon dénonçait les « scandaleux mouvements de boycott des produits casher ou israéliens » : http://www.crif.org/ ?page=articles_display/detail&aid=18698&returnto=accueil/main&artyd=2

(4) The Marker, Tel-Aviv, 27 janvier 2010.

(5) Omar Barghouti, qui fut à l’initiative de la campagne et la coordonne du côté palestinien, précise dans un texte très récent : « La direction palestinienne collective du BDS a toujours pensé que les personnes et organisations de conscience qui soutiennent les droits humains connaissent le mieux leurs situations respectives et sont les plus capables de décider des moyens et des rythmes appropriés pour construire le mouvement BDS dans leur environnement. Quelquefois, viser tactiquement des produits faits seulement dans les colonies peut-être le meilleur moyen pour faire progresser une campagne » (« Boycott “Ariel” and the Rest ! All Israeli Academic Institutions are Complicit in Occupation and Apartheid », Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel : http://pacbi.org/etemplate.php ?id=1175).
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-02-22-Boycott-la-contre-offensive-d

CCIPPP et Dominique Vidal (Le Monde Diplomatique) - lundi 22 février 2010

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article8397

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005

Gaza maudit : témoignage d’une mission humanitaire

Reçu aujourd’hui par Sarkozy, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas cherche des soutiens pour Gaza. Terre ou le travail des ONG est rendu difficile par le pouvoir israélien. Témoignage.

« Depuis le début de la seconde Intifada en 2000, pour des « humanitaires », entrer à Gaza est une étape difficile. En vingt-cinq missions, mes équipes ont été victimes de treize incidents. Et la situation s’aggrave : assister la population palestinienne est en train de devenir une mission impossible. Il faut trois choses pour intervenir à Gaza.

Pression

D’abord, de l’argent. Il existe, puisque l’opinion mondiale reste choquée par le sort fait à ce peuple. Mais il faut être prompt à changer de sponsor car les donateurs sont eux-mêmes sous pression : telle association française (très connue) a ainsi décidé, du jour au lendemain, de cesser un programme pourtant financé. En février 2006, alors que le Hamas venait de remporter les élections législatives, le ministère français des Affaires étrangères, qui nous finançait à l’époque, a stoppé brutalement son soutien : « la Palestine n’est plus une priorité ».

C’est le consulat de France à Jérusalem-Est, issu de la même administration, celle du Quai d’Orsay, qui a pris le relais. Comprenne qui pourra ! Alors, quand l’argent français vient à manquer, c’est une organisation américano-palestinienne qui nous finance. Depuis juin 2007, et la prise du pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza, tout contact officiel est théoriquement interdit avec l’administration de la Santé locale. Peut-on pour autant s’imaginer aller enseigner et opérer des Gazaouis sans le plein accord de ceux qui, au quotidien, gèrent là-bas les médecins et les hôpitaux ? Depuis un an, l’étau se resserre. Pour travailler à Gaza, toute ONG doit maintenant être « accréditée » par le régime sioniste.

Parmi les impératifs : avoir un représentant permanent à Jérusalem, c’est-à-dire toute l’année, ce que la plupart des organisations ne peuvent évidemment pas se permettre. Exit donc, dans l’indifférence générale, un certain nombre d’organisations pourtant bien utiles. Une association américaine, qui travaille depuis plus de quinze ans en Palestine, attend depuis un an son accréditation. Aux États-Unis, ses dirigeants encourent jusqu’à soixante ans de prison pour être en contact avec le Hamas !

Dernière fantaisie sioniste : le conseil amical de modifier le nom de l’organisation en y supprimant le mot « Palestine » ! Une autre grande organisation américaine, qui fournit des équipements et de l’aide alimentaire, est, elle aussi, totalement bloquée. Deuxième impératif pour les humanitaires se rendant à Gaza, déclarer au sinistre Cogat (service de l’armée d’occupation qui délivre le permis d’entrer), un organisme « organisateur », donc responsable de la mission. Les ONG faisant défaut, le consulat de France ne souhaitant pas non plus s’impliquer en tant qu’organisateur, c’est l’Organisation mondiale de la santé qui a accepté de nous servir de prête-nom en janvier, lors de notre dernière intervention. Mais jusqu’à quand ?

Humiliation

Enfin, ultime exigence, il faut aussi une « coordination », c’est-à-dire une structure qui signale au Cogat notre passage. Jusqu’à présent, le consulat de France à Jérusalem acceptait de faire cette démarche, même si elle fut parfois sanctionnée par l’échec. Et je n’aimerais pas être à la place de ces fonctionnaires français qui se font mener en bateau pendant des semaines, voire humilier, pour permettre notre passage. Qu’ils soient tous remerciés. Notamment d’accepter de signaler le passage des membres « non français » de nos équipes, et qui sont la majorité. Ainsi, les Suisses ont-ils eu la surprise de constater, depuis que Mahmoud Zahar, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Gaza, a été reçu officiellement par les autorités helvétiques, qu’ils n’étaient plus « coordonnés » par le régime sioniste. Pour contourner ce « barrage », ils ont dû se glisser dans nos équipes. À quand notre passage par les tunnels.

http://www.bakchich.info/Gaza-maudit,10091.html

[ commentaires : le Pr Christophe Oberlin est l’un des tous premiers – dans tous les sens du terme – chirurgiens qui, depuis des années, mettent leur compétence, leur détermination, et leur coeur au service des populations écrasées par la botte sioniste. Il y a comme cela, dans notre pays, des gens dont notre « identité nationale » peut légitimement se sentir fière.

Il y a à Strasbourg une rue Oberlin. La plaque précise qu’il s’agit d’un pasteur qui vivait au XVIII ème siècle. Elle le qualifie de penseur et d’ami de l’homme. Il y a des noms, comme ça...

On n’a pas pensé à faire des plaques commémoratives pour les plus infects salopards. On pourrait presque le regretter... ]

CCIPPP et Christophe Oberlin (bakchich.info via rezo.net) - lundi 22 février 2010

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article8396

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006

Reconnaître un Etat palestinien, une « nouvelle » proposition ?

Dans un entretien donné au Journal du dimanche (« “Vite, un Etat palestinien” », 19 février), le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner répond à quelques questions concernant l’établissement sioniste et la Palestine.

Le régime sinoiste est-il un Etat voyou, qui utilise des passeports de pays amis pour exécuter ses ennemis ?

« Nous condamnons les exécutions ciblées et l’utilisation de faux. Les agents n’ont pas usurpé l’identité d’un de nos ressortissants, contrairement aux Britanniques, mais ont utilisé un faux passeport français et un faux nom. Notre condamnation est sans nuance. »

Jusqu’où peut aller cette crise avec l’établissement sioniste ?

« Ce qui doit faire dépasser cette crise, c’est l’affirmation du rôle politique de l’Europe pour imposer, vite, le chemin de la paix et la création d’un Etat palestinien. Recevoir Mahmoud Abbas, le président palestinien, avec qui je dîne dimanche, c’est soutenir l’homme qui porte la solution des deux Etats. La question qui se pose, en ce moment, c’est la construction d’une réalité : la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie… Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières. Je serais tenté par cela. Des pays européens. Je ne suis pas sûr d’être suivi, ni même d’avoir raison. »

Mais cette affaire dit-elle quelque chose sur ce que devient l’établissement sioniste ?

« Elle dit la nécessité de la paix et d’un Etat palestinien, immédiatement. Un établissement sioniste en paix retrouverait pleinement les valeurs qui l’ont fondé et pour lesquelles nous tenons à sa sécurité et à son existence – pour lesquelles nous tenons à lui. »

M. Kouchner et M. Miguel Angel Moratinos, le ministre espagnol des affaires étrangères, signent ensemble une tribune dans le quotidien Le Monde, reproduite sur le site du journal le 22 février et intitulée « A quand l’Etat palestinien ? ».

« L’Europe doit maintenant prendre ses responsabilités. Elle ne doit pas se cantonner dans une posture de rappel, nécessaire mais souvent incantatoire, des irréductibles contours du règlement final : sécurité absolue pour l’établissement sioniste, reconnaissance le moment venu d’un Etat palestinien, sur la base des lignes de 1967 avec des échanges de territoires et avec Jérusalem comme capitale des deux Etats. »

« L’Europe doit aujourd’hui avancer en proposant des garanties, politiques, sécuritaires, financières, pour aider sionistes et Palestiniens à surmonter les “risques de la paix”. Ce conflit interminable doit être réglé. L’Union européenne doit y jouer son rôle non seulement parce qu’elle est l’amie de l’établissement sioniste et de l’Autorité palestinienne, mais surtout parce qu’il en va de sa sécurité à long terme : dans cette région, d’autres menaces autrement plus préoccupantes exploitent l’impasse palestinienne à des fins de propagande et de diversion politique. »

« Le temps est donc venu de donner des assurances aux parties sur le caractère irréversible du processus que l’Europe souhaite engager. Au peuple israélien, il faut l’assurance que sa sécurité et son identité juive seront garanties ; au peuple palestinien, il faut la certitude de recouvrer la dignité en gagnant le droit de vivre dans un Etat viable, démocratique et indépendant. »

(...)

« Dès maintenant, l’Europe pourrait promouvoir, sur le terrain, des mesures de confiance audacieuses aux deux parties afin d’aider simultanément cette relance de la négociation qui doit se produire tout de suite. Elle pourrait aussi accueillir une conférence au sommet pour la paix permettant de conforter et d’encadrer cette dynamique, et d’encourager la reprise des contacts pour une paix définitive entre la Syrie et le Liban et l’établissement sioniste »

« A l’issue, l’Europe, comme elle s’y est déjà engagée, reconnaîtrait collectivement l’Etat palestinien pour que la Palestine devienne enfin un membre à part entière de la communauté des nations, vivant en paix et en sécurité à côté de l’établissement sioniste »

Notons quand même que, sans parler directement d’un "Etat juif", les deux ministre évoquent la nécessite d’assurer « au peuple sioniste que sa sécurité et son identité juive seront garanties. » Et le 1,5 million de citoyens de l’établissement sioniste qui ne sont pas juifs ?

Ces déclarations sur la reconnaissance d’un Etat palestinien ont suscité à Tel-Aviv des réactions négatives, que rapporte une dépêche de l’AFP du 21 février : « Un haut responsable sioniste, sous couvert d’anonymat, a déclaré à l’AFP que l’Etat hébreu s’opposait à la proposition de M. Kouchner.

« Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible », a prédit ce responsable.

Elle a aussi provoqué une mise au point du premier ministre français François Fillon rapportée par LeFigaro.fr (« François Fillon sur tous les fronts », par Bruno Jeudy, 21 février) :

« A Amman, il a nuancé les propos de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s’est prononcé dimanche pour la “proclamation d’un Etat palestinien avant même les négociations sur les frontières”. Le premier ministre s’est montré beaucoup plus prudent, en liant la création de cet État palestinien à la négociation sur les frontières. »

La critique la plus pertinente de cette « nouvelle » proposition a été formulée par Gilles Paris sur son blog Guerre ou paix, sous le titre « Quand Bernard Kouchner réinvente la “feuille de route” » (22 février).

« M. Kouchner est-il un intrépide en proposant la reconnaissance d’un Etat avant un accord sur des frontières ? Point du tout. Cette perspective a été esquissée très précisément dès 2002 dans la “feuille de route” publiée en 2003 et à la rédaction de laquelle avait activement participé M. Moratinos. Rappelons que cette “feuille de route” prévoyait en trois phases la création d’un Etat palestinien au plus tard en décembre 2005. »

« “Pendant la seconde phase, les efforts seront concentrés sur l’objectif consistant à créer, à titre d’étape sur la voie d’un accord sur le statut définitif, un Etat palestinien indépendant, doté de frontières provisoires et des attributs de la souveraineté et fondé sur la nouvelle constitution.” La “feuille de route” ajoute “les membres du Quartet [Etats-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies] préconisent la reconnaissance internationale de l’État palestinien, avec éventuelle adhésion à l’Organisation des Nations Unies.” »

(...)

« La “feuille de route” est le document de référence accepté par toutes les parties, même si elle a bien vieilli (la deuxième phase à laquelle on fait référence devait s’ouvrir en… juin 2003 pour s’achever en décembre de la même année.) »

« Qu’un ministre des affaires étrangères la redécouvre sans s’en apercevoir (sans être sûr “d’avoir raison”), et qu’il se trouve des responsables sionistes pour s’en indigner (“Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible”, responsable anonyme cité par l’AFP), en dit long sur sa pertinence et sur la confusion qui entoure le processus de paix. »

Effectivement, la confusion est de rigueur. Depuis des années, le Quartet avance des propositions qui ne sont jamais mises en œuvre, fixe des échéances qui ne sont jamais respectées du fait des blocages sionistes. Et, chaque fois, l’établissement sioniste sort impuni de ces violations. Pourquoi cela changerait-il maintenant ? La seule solution serait d’appliquer des sanctions contre un Etat qui viole la légalité internationale depuis plus de quarante ans.

Et si la France veut reconnaître un Etat palestinien, pourquoi faut-il que cet Etat soit sans frontières ? Paris, qui affirme se plier au droit international, pourrait reconnaître cet Etat dans ses frontières de 1967, celles fixées par toutes les résolutions des Nations unies, auxquelles la France adhère.
http://blog.mondediplo.net/2010-02-22-Reconnaitre-un-Etat-palestinien-une-nouvelle

Alain Gresh ( Blog Monde Diplomatique)

[ commentaires : je voudrais bien qu’on m’explique pourquoi on ne trouve nulle part le contenu « verbatim » des propos tenus par le premier ministre François Fillon à Amman, dimanche 21/02/10. Je les ai entendus dans un reportage diffusé (sans doute par mégarde) par Guysen TV (Eh oui !) lundi 22/02/10 en matinée.

La « citation » du Figaro les déforme. Il a dit très clairement, entre autres (a) qu’il y avait urgence car on était au bord de l’explosion après des négociation à l’issue indéfiniment reportée (b) que la question des frontières ne devait pas être reportée à plus tard mais au contraire réglée immédiatement (c) qu’il fallait créer un état Palestinien indépendant et viable sur les frontières de 1967, en conformité avec les résolutions de l’ONU et en accord avec le plan de paix Arabe (d) que la question intéressait l’ensemble des pays européens et de ceux du Proche Orient, et pas seulement les sionistes et les Palestiniens ]

Il ne s’agissait pas d’une légère précision, mais d’un recadrage très clair et très sévère du flou artistique kouchnérien. ]

CCIPPP et Alain Gresh ( Blog Monde Diplomatique) - lundi 22 février 2010

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article8398