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BDS ( Boycott, Désinvestissement, Sanctions)

Pourquoi je soutiens les sanctions contre Israël

Udi Aloni – YnetNews et CCIPPP - Mardi, 2/02/2010 - 8h12 AM

mardi 2 février 2010

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Les actions du mouvement BDS veulent atteindre des objectifs de justice, de paix et d’égalité.

Je trouve opportun que l’opinion israélienne soit informée de ce mouvement naissant en faveur du boycott, des désinvestissements et des sanctions contre Israël (BDS), qui se développe à un rythme stupéfiant.

Après les articles du journaliste Sever Plocker, publiés étonnamment par le Yedioth Ahronoth, où il fait remarquer que BDS s’est étendu des sphères de la gauche radicale occidentale vers celles du centre bourgeois, je puis ajouter que ceci, désormais, est également vrai pour des juifs qui aiment Israël.

De toute évidence, cette évolution intervient avec comme toile de fond, la guerre d’Israël contre Gaza déclenchée il y a un an, la publication du rapport Goldstone et les tensions locales dues à la politique d’apartheid appliquée par Israël, apartheid qui diffère sous certains aspects de celui de l’ancienne Afrique du Sud.

Cette politique est de conception et de marque locales. Ce n’est pas seulement une Haute Cour de justice israélienne qui décide d’expulser de chez eux les Palestiniens de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-est, appliquant un « droit au retour pour les seuls juifs », alors que les Palestiniens, au contraire, se voient refuser ce droit.

Il s’agit aussi du déni d’un droit pour les Palestiniens d’envoyer des policiers palestiniens commettre un « assassinat ciblé » sur le terroriste juif, Yaakof Teitel (il convient de préciser que nous sommes contre toute exécution extrajudiciaire), tandis que les assassins palestiniens présumés d’un rabbin juif en Samarie ont pu être exécutés extrajudiciairement, alors même que l’examen balistique de l’arme qui prouverait leur culpabilité a été effectué a posteriori et par les exécuteurs, au lieu de l’être par une cour de justice (l’instance compétente en l’espèce étant une cour internationale puisque la plupart des Palestiniens sont sûrs qu’au moins deux des trois exécutés n’avaient rien à voir avec le meurtre).

J’évoque ces cas pour illustrer l’extrême inégalité dans notre vie commune, sur cette terre, et pour souligner les raisons poussant à l’émergence d’un mouvement populaire mondial en solidarité avec le peuple palestinien. Et, s’il vous plaît, ne vous mettez pas à protester et à psalmodier : « Le monde entier est contre nous, qu’importe, nous vaincrons ! », parce que nous ne vaincrons pas.
Les violations des droits de l’homme citées plus haut constituent justement la raison pour laquelle beaucoup de juifs du monde entier ont rejoint la campagne BDS, une question clé pour ceux d’entre nous qui, à la fois, veulent empêcher toute violence contre Israël et s’opposent à sa politique arrogante et agressive contre les Palestiniens qui vivent sous sa domination.

Une violence nécessaire

Le directeur du département philosophie de la Nouvelle Ecole (à New-York) soutient que « la violence n’est jamais justifiée même si, parfois, elle est nécessaire ». Cette déclaration fait peser une lourde charge de culpabilité sur de nombreux mouvements de résistance à travers le monde, des mouvements qui furent contraints de recourir à la violence contre des forces occupantes.

Quand les enfants du village palestinien de Bil’in, dont la terre est saisie au vu de tous par Israël qui invoque une « conduite légitime » et se sert de ses soldats puissamment armés des Forces de défense israéliennes, quand ces enfants lancent des pierres sur les soldats, les anciens du village leur disent : « Votre action de jeter des pierres est une résistance totalement justifiée, mais nous avons choisi la résistance non violente pour ce village, par conséquent la violence n’est pas nécessaire ici ». C’est par notre soutien à ce type d’actions non violentes qui se déroulent dans des endroits comme Bil’in, et suite aux actions vigoureuses, violentes des FDI contre les habitants de ces villages, que nous, militants israéliens, avons pris position en faveur du BDS.
Quand l’Etat étouffe la résistance non violente, quoique efficace, d’une minorité de sans-droit avec des moyens violents et illicites, alors la résistance violente à ces forces armées qui renforcent cette répression est justifiée. En effet, une telle résistance peut ne pas toujours être nécessaire, peut ne pas toujours servir les objectifs de son combat et ses inconvénients peuvent l’emporter sur ses avantages, mais elle est toujours justifiée dans son principe.

A fortiori, la résistance non violente dans de tels cas est également toujours justifiée, et aussi toujours nécessaire. Malheureusement, une telle résistance n’est pas toujours possible.

Par conséquent, nous devons essayer de créer les conditions pour que germe une résistance non violente, afin de rendre la résistance violente superflue.

La forme de pression dont l’efficacité est la mieux démontrée à notre connaissance est de loin le BDS. Ainsi, l’action BDS n’est en rien, comme beaucoup de propagandistes essaient de la présenter, une action négative, contreproductive. Bien au contraire, l’action BDS est un antidote de secours à la violence. C’est une action de solidarité, de partenariat, pour évoluer ensemble. L’action BDS sert à contrecarrer, de façon non violente, une résistance violente justifiée, avec les mêmes objectifs de justice, de paix et d’égalité.

Si un grand nombre critique de citoyens israéliens privilégiés se joint à ce combat non violent depuis l’intérieur, se tenant au coude à coude avec les privés de droit, alors peut-être que la pression extérieure ne sera plus nécessaire. Les trois principes les plus fondamentaux de BDS sont :

un arrêt immédiat de l’occupation ; la pleine égalité pour tous les citoyens palestiniens de l’Etat d’Israël ; la reconnaissance juridique et morale du droit au retour des réfugiés palestiniens.

(Evidemment, la position de chaque communauté sera prise en considération pendant les négociations désirées).

Aucun lobby de droite, pas même le lobby messianique évangélique, et aucun avocat de l’école d’Alan Dershowitz, sont capables de tenir tête longtemps à un mouvement populaire mondial qui veut voir une fin à notre conflit régional et la paix dans la région, dans le respect des principes du droit international, au profit des deux peuples.

source : http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3829694,00.html traduction : JPP pour la CCIPPP