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OPINION ( La Liberté - Algérie)

L émissaire au Moyen-Orient rentre de nouveau à Washington bredouille

Mardi, 26 janvier 2010 - 6h51 - AM

mardi 26 janvier 2010

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Par : Djamel Bouatta

Netanyahu se sent assez libre pour jouer le gendarme avec l’absence de règlement de la question du nucléaire en Iran, les tensions internes dans ce pays et ses répercussions, selon Israël et les Occidentaux, sur ce qu’ils nomment les alliés régionaux de Téhéran (Hamas, Hezbollah et Syrie).

L’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a quitté la région sur un constat d’échec. Ce n’est pas aujourd’hui ni demain que les pourparlers israélo-palestiniens seront relancés. Ils sont bloqués depuis plus d’un an et les promesses d’Obama se sont envolées sans qu’il ne puisse réagir, les lobbys juifs lui ayant rappelé les lignes rouges à ne pas transgresser.

Alors, le prix Nobel de la paix version 2009 tourne en rond, perdant chaque jour qui passe l’estime qu’avait suscitée chez les peuples du Moyen-Orient sa venue à la Maison-Blanche. Obama, qui avait promis de rétablir un tant soit peu la justice aux Palestiniens s’est couché aux pieds de la droite israélienne. D’ailleurs, il a renvoyé Mitchell dans la région sans conviction aucune. La veille du énième périple de son diplomate, Obama avait avoué “qu’il ne s’attendait pas à des divergences de cette ampleur entre Palestiniens et Israéliens”, soulignant “être allé vite en besogne lorsqu’il avait affirmé avoir de grandes attentes” malgré son parrainage. Aussi, les observateurs sérieux de la scène moyen-orientale n’ont pas arrêté de s’interroger sur le pourquoi des missions de Mitchell dès lors qu’Israël a clairement annoncé ne pas accepter le plan Obama fut-il minimaliste. Netanyahu ne veut pas d’État palestinien, tout au plus concédera-t-il un rattachement du mouchoir cisjordanien à la Jordanie et de l’enclave de Gaza à l’Égypte.

Un retour à la situation d’avant la guerre de 1967 ! Pour ces mêmes observateurs, il ne reste plus au président américain qu’à revoir la mission de son envoyé spécial et l’opportunité ou non de la poursuivre. La décision, selon des sources proches de Mitchell, serait prise dès son retour à Washington, cette semaine, une fois qu’il aura transmis son rapport à Obama sur les résultats des discussions tenues au Liban, en Syrie, en Palestine, Israël et en Jordanie. Reliées à l’aveu d’échec d’Obama qui, nous l’avons écrit plus haut, a constaté en personne qu’un an après le début de ses initiatives, aucun progrès n’a encore été enregistré, que c’est toujours le statu quo au niveau des trois processus palestinien, syrien et libanais, l’annonce de l’entourage de Mitchell laisse déduire que Washington allait à l’avenir sensiblement baisser ses prétentions dans le Moyen-Orient, c’est-à-dire s’aligner derrière les désirs d’Israël, lequel menace aujourd’hui d’envahir le Liban, exacerbant de plusieurs crans la tension dans la région. Israël mène des manœuvres militaires à la frontière libanaise et plusieurs sources israéliennes s’accordent sur la possibilité d’une guerre dans les mois prochains. Netanyahu se sent assez libre pour jouer le gendarme avec l’absence de règlement de la question du nucléaire en Iran, les tensions internes dans ce pays et ses répercussions, selon Israël et les Occidentaux, sur ce qu’ils nomment les alliés régionaux de Téhéran (Hamas, Hezbollah et Syrie). Paris a pour ainsi dire d’ores et déjà donné son feu vert à Netanyahu. Le ministre français des AE a affirmé que l’Iran pourrait exporter sa crise intérieure vers le Liban à travers le Hezbollah.

Pour les Libanais, Kouchner tente d’innocenter l’ennemi israélien, cela équivaut à protéger l’occupant israélien et à l’encourager à poursuivre ses agressions. Le Premier ministre libanais, Saâd Hariri, avait affirmé le 20 janvier craindre une intervention israélienne dans son pays, après la multiplication de survols du territoire libanais par l’aviation israélienne.

Pour boucler le piège israélien, l’émissaire américain a quitté Amman où il devait à nouveau rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas avec en tête l’affirmation de Netanyahu qu’il n’y aura plus de concessions supplémentaires de la part d’Israël pour obtenir l’ouverture de négociations.

Tout au plus, le responsable israélien se dit prêt à accepter un moratoire de dix mois dans la construction de nouveaux logements à l’intérieur des colonies en Cisjordanie occupée. Cette mesure ne concerne pas Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël en juin 1967, où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur État. L’Autorité palestinienne d’Abbas exige, pour sa part, qu’Israël gèle totalement la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, au prix d’une relance des discussions de paix. Israël ne s’est pas empêché d’avertir leur allié.

Alors que Mitchell étaient leur hôte, le porte-parole des AE israéliennes a dressé un bilan très négatif d’un an de diplomatie d’Obama, estimant que “sa vision n’a réussi ni avec les Palestiniens, ni avec les pays arabes, et cela n’a pas non plus marché avec l’Iran, la Russie et la Chine”. Jusqu’ici, aucun membre du gouvernement israélien ne s’était permis de critiquer aussi sévèrement la diplomatie des États-Unis, le grand allié stratégique de l’État hébreu.