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Un sac de noeuds nauséabond

Comprendre en lisant entre les lignes

Stratégie au jour le jour

vendredi 25 novembre 2005

9 11 et 11 9 , les terroristes sont coquets et précieux, ils cultivent
les palindromes.

La semaine qui a suivi les attentats à Amman, la presse internationale
, et l’étasunienne n’en est pas la moindre, a fait état des liens
étroits entre l’ administration de Bush et le régime hashémite.
Le Times en particulier a détaillé combien les services secrets
jordaniens, la JGID est en passe de devenir le relais principal de la
CIA dans la région, position qu’ils ont ravie au traditionnel
Mossad.
Mark Scheuer, auteur de l’Imperial Hubris, ancien responsable de la
dite agence CIA qui a remis sa démission en novembre 2004 en raison de
ses désaccords avec la politique-fiction qui amené l’occupation de
l’Irak , explique l’intérêt de travailler avec une équipe arabe capable
d’infiltrer plus efficacement les milieux militants arabes et sur un
rayon géographique plus élargi.
La GID est entraînée et financée comme il se doit par son partenaire
américain qui lui fournit, outre l’intéressement aux affaires ; toutes
sortes de gadgets qui feraient rêver un James Bond. Elle a en charge ,
au travers de l’accord d’association des « extraordinaries renditions » ,
d’assouplir les suspects de terrorisme amenés là par frets spéciaux et
rendus une fois la besogne de torture et d’extraction d’aveux accomplis
à l’expéditeur étasunien.
Juste au lendemain du 11 septembre 2001, le budget alloué aux services
de renseignement hors territoire national a été plus que doublé et
s’est alors organisé le tissage de la toile des CITC (Conterterrorist
Intelligence Centers ). Près de 90% des informations recueillies par la
CIA via les CITC le seraient grâce à des technologies d’écoute
électronique clandestine. C’est la National Security Agency qui assure
le contrôle et l’analyse de ce flot de données émanant de 40 pays
différents. Parmi eux, le Yemen et l’Indonésie figurent parmi les
grands succès de la politique de ralliement au concept et à la pratique
de la lutte anti-terrorisme.
La Jordanie occupe le centre au sein de cette organisation au
Moyen-Orient , et, en effet, il a semblé plus confortable d’ y localiser
y compris de nouvelles bases militaires étasuniennes au dépens de
celles sises au Qatar, Bahrein , Omman , pour des raisons de proximité
géographique immédiate avec la Syrie et l’Irak et pour la loyauté sans
faille du petit-fils de Abdullah.
Et survint le 9 novembre, au coeur même de ce dispositif « Grandes
Oreilles » .
S’en suivirent des déclarations incohérentes des prétendus auteurs du
massacre des civils dans les trois hôtels à propos de la cible visée.
Les victimes ne comptaient qu’un seul Israelien ( un Palestinien de
48) et trois Américains . Il y a eu hécatombe en revanche dans la
direction des services secrets palestiniens.
L’arrestation immédiate de l’épouse de l’un des trois suicidés irakiens
avec ses aveux obtenus sans délai a permis de désigner à tout un
peuple choqué par une telle horreur l’ennemi à honnir.

La GID ne pouvait ignorer la pénétration de terroristes , de surcroît
irakiens, dans le territoire jordanien.
Certains de ses éléments acquis à la cause islamiste qui revendique le
terrorisme comme moyen d’expression politique auraient-ils laissé
faire ? La CIA , qui est leur employeur , ferait alors figure de piètre
agent recruteur .
Il est permis d’en douter...
Le résultat de cette manoeuvre est le renforcement du régime
autocratique et l’instauration de l’état d’exception , celui de la peur
et du sacrifice de toute liberté , qui devient la norme et d’actualité
sous toutes les latitudes.
Voici façonné le nouveau principal allié des USA au Proche-Orient.

La grenouille palestinienne (1) ne subit pas de choc thermique et
l’opinion publique israelienne s’accoutume peut-être graduellement aux
atrocités de la dépossession du peuple occupé.
Mais la pauvreté qui se répand et s’aggrave en Israel , le spectacle
des fraudes et prévarications des dirigeants, l’évidente collusion
entre les colons profiteurs du système et l’armée apparue au grand jour
dans la mascarade du timing des pleurs et de la pathétique fausse
résistance à l’évacuation de Gaza, les privatisations de tous les
secteurs clés vont faire émerger la question des problèmes internes à
la société au détriment de la question purement sécuritaire et
militaire.
Amri Peretz s’il reste fidèle à son engagement travailliste va
reconstruire une opposition dans ce pays dont la vie politique est
depuis plus de vingt ans totalement monolithique.
Il n’aura pas le pouvoir, et ce sera Sharon qui dirigera le prochain
gouvernement , malgré la culpabilité assurée de son fils dans les
montages financiers qui ont détourné des centaines de millions d’euros
.
En effet la droite a les moyens de fomenter les troubles qu’il faut
dans les Territoires Occupés pour faire échouer Peretz , et le lobby
juif américain pro-israelien apprécie peu Netanyahou.
Le petit état raciste et démocratique est en disgrâce relative , et la
mesure en est la pression faite pour l’ouverture du terminal de Rafah ,
avec discours fermes du président de la Banque Mondiale Wolfensohn à
l’appui.
Barak se permet de conseiller publiquement une présence moins
importante des armées de la « Coalition » en Irak , au cours d’un jeu où
chaque partie souligne la fragilité du partenaire « allié ».

Rien n’est compréhensible dans les agissements des uns et des autres si
n’est pas gardé à l’esprit l’exploit de la résistance irakienne qui
tient en échec et embourbe la première puissance du monde.
Hugo Chavez exploite médiatiquement la situation en la défiant là où il
le peut .
Coup sur coup Bush essuie de sa part des camouflets. Le chef d’état
qui tutoie Dieu lors de ses entretiens avec lui est revenu sans accord
de libre échange avec l’Amérique Latine, et le Pentagone vient de céder
sur les pièces de rechange des F16 à livrer au Vénézuela , honorant ses
obligations commerciales et surtout court-circuitant les velléités
d’Israel de proposer ses bons offices de revendeur non « agréé » de
matériel militaire américain .

Badia Benjelloun

(1) métaphore employée par Amira Hass dans son dernier article