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Original en anglais en 2è partie de l’article

Les nuées d’orage se rassemblent au loin

par Ari Shavit– Ha’aretz - Vendredi, 9 janvier 2010 - 16h29

samedi 9 janvier 2010

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Deux remarques.

La première est que, lorsqu’il écrivait dans les forums du Monde, il y a 4 ou 5 ans, la seule à faire pour les sionistes, était de se rendre, et vite à Damas, il se faisait bien mal traiter par les sionistes de ce forum.

La seconde est que Bachar el Assad n’est peut-être pas un lunatique dangereux, mais tout simplement un patriote syrien .

Le Comité de rédaction

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Les investisseurs de la Bourse de Tel Aviv ont pris une décision stratégique : tout va aller le mieux du monde. Il en va de même pour les acheteurs d’appartements de luxe dans les tours haut de gamme. Lorsque l’index des actions grimpe de 33 pour cent en six mois, lorsqu’un mètre carré Boulevard Rothschild se vend 20 000 $, lorsqu’il est impossible de trouver une table dans un restaurant de luxe pour la Saint Sylvestre, il est facile de comprendre dans quel état d’esprit on se trouve. Contrairement à 2009, c’est un état d’esprit optimiste. Tout va aller très bien, c’est parfait.

Cette satisfaction est née du soulagement. Contrairement à toutes les prédictions les plus sombres, il n’y a pas eu d’holocauste économique. En Israël, à l’heure actuelle, on ne discerne aucune apocalypse, qu’elle soit économique ou diplomatique. Le calme qui règne sur le front sécuritaire joue également son rôle. Au cours des 11 derniers mois, un seul israélien a été tué à l’intérieur de la Ligne Verte dans une attaque terroriste. Aussi bien les frontières du nord que celles du sud sont tranquilles. Il n’y a pas de guerre à l’horizon. L’économie est florissante, même avec le gouvernement mal fichu de Benjamin Netanyahu.

Mais, si vous parvenez à porter votre regard loin de la fête, par exemple avec un télescope, vous allez voir, dans le lointain, un banc de nuages.

Oui, le Pakistan, c’est loin, mais cela nous concerne. Oui, l’Afghanistan, c’est éloigné, mais ce qui s’y passe a des répercussions locales, et l’Afghanistan est dans une situation terrible. L’Iraq approche du moment de vérité où les forces des Etats Unis en partiront. Au Yémen, Al Qaïda fait sentir son influence. Bien plus près de chez nous, en Egypte, on se rapproche de la fin de l’ère Moubarrak, et il y a toujours le Hezbollah. Jusqu’à la Turquie qui joue avec le feu. Si tout cela ne suffisait pas, au cours des trois dernières années, en cachette, la sécurité nationale d’Israël a été diminuée dans trois domaines différents.

En Iran pour commencer. En 2007, l’Iran n’avait que quelques centrifugeuses en activité pour l’enrichissement de l’uranium. En 2008, leur nombre a augmenté, mais leur efficacité restait encore limitée. Au début de 2010, l’Iran possède 8 000 centrifugeuses, dont 4 000 fonctionnent bien. Cela ne signifie pas que la fin est proche, mais cela veut bien dire qu’Israël a échoué à empêcher l’Iran de franchir le seuil de l’armement nucléaire. Avec 1 800 kilos d’uranium enrichi déjà stockés dans des bunkers souterrains, l’Iran a la capacité d’assembler une bombe atomique en moins d’un an.

Les missiles, ensuite. En 2006, le Hezbollah possédait environ 15 000 roquettes, la plupart d’une portée de 20 à 40 km. En 2010, la milice chi’ite dispose de 40 000 missiles, dont certains avec une portée de plusieurs centaines de kilomètres. Le prochaine confrontation avec Hassan Nasrallah ne se limitera pas au sud du Liban et au nord d’Israël, mais concernera des zones situées en profondeur dans les deux pays. L’arsenal du Hezbollah, à plus grande portée, avec une plus grande puissance de feu, et une plus grande précision, a apporté des changements fondamentaux à la situation stratégique. Et lorsque les roquettes du Hamas et les missiles Iraniens se mettent de la partie, le tableau devient préoccupant. Jamais depuis 1948 le front local d’Israël n’a été aussi menacé qu’aujourd’hui.

La légitimité, enfin. A la fois en 2006 et à la fin de 2008, la communauté internationale a fait preuve d’une grande patience devant l’emploi de la force par Israël. En 2009, cela a radicalement changé. Les réactions à l’Opération Plomb Durci ont montré que le monde en a assez d’Israël, et qu’il a maintenant une tolérance zéro pour tout emploi de la force. Le résultat est que même dans des zones où Israël est en situation de supériorité militaire, il est difficile d’évaluer jusqu’à quel point il sera en mesure de l’utiliser. L’assaut sur le droits d’Israël à se défendre lui-même a porté des coups à sa capacité de dissuasion, à sa sécurité, et à sa stabilité.

Les implications sont claires : Israël doit se préparer sérieusement à la possibilité qu’un nouvel épisode de combat lui soit imposé, alors qu’il doit faire tout son possible pour empêcher une explosion. De ce point de vue, l’offre de discussions avec le « président » [ les guillemets sont du traducteur – NdT ] Palestinien Mahmoud Abbas est un point positif.

Mais cela ne sera pas suffisant. L’expérience a montré qu’il est très douteux qu’un résultat clair et net puisse être obtenu avec Abbas. Cela souligne la nécessité de relancer les discussions avec la Syrie. Une fin du conflit entre Jérusalem [ euh, pardon, vous voulez dire Tel Aviv... - NdT ] capable de constituer un rempart contre les tendances régionales négatives qui encerclent Israël. Seul un traité de paix israélo-syrien peut conduire à un tournant stratégique positif et immédiat au Proche Orient.

Il est vrai que cela n’est pas facile. Bachar El Assad mène une double vie. Dans la journée, il regarde vers l’Ouest, mais, la nuit, il se livre à des jeux interdits avec l’Est. Il a un oeil tourné vers les signaux de paix, avec l’autre il fait signe aux terroristes. Aucun service de renseignements ne peut prédire de quel côté il ira à la fin, lorsqu’il devra choisir.

Mais, avec un horizon aussi chargé que le nôtre, il faut qu’Israël fasse un effort.

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et voici l’original en anglais :

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Fri., January 08, 2010 Tevet 22, 5770

Storm clouds on the far horizon

By Ari Shavit

Investors on the Tel Aviv Stock Exchange have made a strategic decision : Things are going to be just fine. The same goes for buyers of luxury apartments in upscale towers. When share indexes soar 33 percent in half a year, when one square meter on Rothschild Boulevard costs $20,000, when you can’t get a table at a posh restaurant on New Year’s Eve, it’s clear what kind of mood we’re in. Unlike early 2009, it’s an optimistic mood. Everything’s going to be just fine, just great.

The exhilaration springs from relief. Against all the gloomy forecasts, a global economic holocaust never happened. In Israel at the moment, neither an economic nor a diplomatic apocalypse is discernible. The calm on the security front plays its part, too. In the past 11 months, only one Israeli has been killed inside the Green Line in a terror attack. Both the northern and southern borders are quiet. There’s no war in the offing. The economy is flourishing, even under Benjamin Netanyahu’s unwieldy government.

But if you can take your gaze away from the partying, with the help of a telescope, you’ll see a distant bank of clouds. Yes, Pakistan is far away, but it’s relevant. Afghanistan is remote, but what happens there has local repercussions, and Afghanistan is in deep trouble. Iraq is nearing the moment of truth when the American forces leave. In Yemen, Al-Qaida is making itself felt. Much closer to home, in Egypt, the end of the Mubarak era is nearing, and there’s always Hezbollah. Even Turkey is playing with fire. If all this isn’t enough, for the last three years, out of sight, Israel’s national security has undergone attrition in three different spheres.

Iran : In 2007, Iran had only a few active centrifuges for enriching uranium. In 2008, the number increased, but their efficacy was still limited. Early in 2010, Iran has 8,000 centrifuges, of which 4,000 are operating well. This does not mean that the end is nigh, but it does mean that Israel has failed to keep Iran from the nuclear-weapons threshold. With 1,800 kilograms of enriched uranium already stockpiled in underground bunkers, Iran has the capability of putting an atomic bomb together within one year.

Missiles : In 2006, Hezbollah had around 15,000 rockets, most of them with a range of 20 to 40 kilometers. In 2010, the Shi’ite militia has around 40,000 missiles, some with ranges of hundreds of kilometers. The next confrontation with Hassan Nasrallah will not involve only southern Lebanon and northern Israel, but also areas deep inside both countries. The longer-range, greater firepower and accuracy of Hezbollah’s arsenal have fundamentally changed the strategic situation. And when Hamas’ rockets and Syrian and Iranian missiles are factored in, a worrying picture emerges. Not since 1948 has the Israeli home front been menaced as today.

Legitimacy : Both in 2006 and in late 2008, the international community displayed far-reaching patience for Israeli use of force. In 2009, this changed radically. The belated response to Operation Cast Lead showed that the world is sick of Israel, for whom it now has zero tolerance for any use of force. As a result, even in areas where Israel enjoys military superiority, it’s not clear to what extent it will be able to use it. The assault on Israel’s right to defend itself has damaged its deterrence, security and stability.

The implications are clear : Israel must prepare seriously for the possibility that another round of fighting will be forced on it, while it must do everything it can to avoid a flare-up. Seen from this angle, the bid to get talks going with Palestinian President Mahmoud Abbas is positive.

But this won’t be enough. Experience has shown that it is very doubtful a clear-cut outcome can be reached with Abbas. This highlights the need to relaunch talks with Syria. An end to the conflict between Jerusalem and Damascus is the sole diplomatic move that could provide a bulwark against the negative regional trends encircling Israel. Only an Israeli-Syrian peace treaty can spur an immediate, positive strategic turn in the Middle East.

It’s hard to say if this is feasible. Bashar Assad leads a double life. In the daytime he faces west, but at night he plays forbidden games with the East. With one eye he puts out peace signals, with the other he winks at the terrorists. No intelligence agency can predict which way he’ll go in the end, when he has to choose. But when the horizon is as cloudy as it is, Israel has no choice but to make an effort.