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Version en anglais en 2è partie de l’article

« Oh les Etats Unis, arrêtez de lécher les bottes d’Israël ! »

Par Gideon Levy - Lundi, 2 novembre 2009 - 00h51 AM

lundi 2 novembre 2009

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Oh, les Etats Unis 01/10/09

Apparemment, Gidéon Lévy ne savait pas, lorsqu’il a écrit cet article, que Hillary Clinton allait se ranger au nombre des soutiens de Netanyahou, et abandonner toute idée de faire la moindre pression sur Israël. Cela ne change rien à la pertinence de son article. Parce que la perspective qui se dessine, qui est le triomphe de la colonisation de droit divin, conduira, avec Abbas ou avec d’autres, à une issue inéluctable : une lutte sans merci, dans un contexte où les peuples du Proche Orient auront compris qu’il n’ont rien à attendre d’autre que d’eux mêmes : ni d’Israël, aveuglé dans son autisme, ni de l’Union Européenne, qui a peur de son ombre, ni des Etats Unis. Et cette lutte ne peut avoir d’autre but ultime que le démantèlement de l’établissement sioniste

Le Comité de rédaction

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http://www.haaretz.com/hasen/spages/1124928.html

Barack Obama a eu beaucoup à faire : transmettre au Peuple Juif ses meilleurs voeux pour Rosh Hashanah, enregistrer une vidéo pleine d’éloges pour la Conférence du Président à Jérusalem, et une autre encore pour le rassemblement à la mémoire de Yitzhak Rabin. Il n’y a guère que le Cheikh Hassan Nasrallah qui fasse mieux pour ce qui est de la production de communications enregistrées.

Dans toutes ces vidéos, Obama rassemble un gros paquet d’éloges sucrés et liquoreux à l’égard d’Israël, alors même qu’il a passé presque un an à tenter sans succès de convaincre Israël d’avoir la bonté de faire quelque chose, n’importe quoi, ne serait-ce qu’un gel temporaire de la construction dans les implantations, afin de faire avancer le processus de paix.

L’envoyé du président pour le Proche Orient, George Mitchell, s’est lui aussi dépensé, faisant la navette entre un enterrement (celui du soldat israélien Asaf Ramon, le fils du premier astronaute israélien Ilan Ramon) et une commémoration (pour Rabin, bien qu’elle ait due être reportée à la semaine suivante à cause de la pluie), afin de gagner la faveur des israéliens. Les sondages montrent en effet qu’Obama est de plus en plus impopulaire ici, recueillant entre 6 et 10 pour cent d’opinions favorables.

Il a décidé de s’adresser aux israéliens par vidéo, mais un discours éloquent ne convaincra personne de mettre un terme à l’occupation. Il aurait dû dire au peuple israélien la vérité. La secrétaire d’état Hillary Clinton, qui est arrivée ici hier soir, va certainement exprimer des sentiments du même ordre : « engagement en faveur de la sécurité d’Israël », « alliance stratégique », « la nécessité de la paix », etc.

Il n’y a aucun pays de la planète devant lequel les Etats Unis s’agenouillent et s’excusent de la sorte. Dans d’autres zones qui connaissent des problèmes, les Etats Unis adoptent un ton bien différent. Ils bombardent l’Afghanistan, ils envahissent l’Iraq, et menacent de sanctions l’Iran et la Corée du Nord. Y a-t-il eu à Washington une seule personne qui ait songé à supplier Saddam Hussein de se retirer des territoires occupés au Koweït ?

Mais Israël, qui est l’occupant, le trublion obstiné qui persiste à se moquer des Etats Unis et du monde entier en construisant des implantations et en maltraitant les Palestiniens, Israël a droit à un traitement tout différent. Et une nouvelle dose de pommade dans une vidéo, encore davantage d’éloges excessifs dans une autre.

Il est temps de dire aux Etats Unis : en voilà assez de ces flatteries. Si vous ne changez pas de ton, rien ne va changer. Aussi longtemps qu’Israël a le sentiment que les Etats Unis sont dans sa poche, que le veto étasunien automatique le mettra à l’abri des condamnations et des sanctions, qu’il recevra une aide massive et inconditionnelle, et qu’il peut continuer à mener des campagnes punitives mortelles sans que Washington prononce le moindre mot, à tuer, à détruire, à emprisonner sans que le gendarme du monde émette un son, il va continuer de la sorte.

Des actions illégales comme l’occupation et le développement d’implantations, et des offensives qui comportent des crimes de guerre, comme à Gaza, méritent une approche toute différente. Si les Etats Unis et le monde avaient fait entendre des condamnations après l’opération Pluie d’Eté en 2006,qui a fait 400 morts Palestiniens et causé des dégâts considérables sur les infrastructures, dans la première opération de grande ampleur après le désengagement, alors l’opération Plomb Durci n’aurait jamais été lancée.

Il est vrai que, contrairement aux autres fauteurs de troubles de ce monde, Israël est considéré comme un démocratie occidentale, mais l’Israël de 2009 est un pays dont le seul langage est la force. Anouar El Sadate a sans doute été le dernier dirigeant qui ait su enflammer nos coeurs par des discours optimistes, rayonnant d’espérance. S’il faisait aujourd’hui une visite en Israël, il serait chassé de l’estrade. Le président syrien plaide pour la paix, et Israël le rejette brutalement, les Etats Unis supplient pour obtenir un gel des implantations, et Israël tourne la face. Voilà ce qui arrive quand le manque d’actions d’Israël reste sans conséquences.

Lorsque Clinton retournera à Washington ; elle devrait se prononcer en faveur d’un changement radical de politique envers Israël. Les coeurs israéliens ne sont tout simplement plus accessibles à l’espérance, aux promesses d’un avenir meilleur, ou à des paroles de douceur, car ce n’est plus là le langage d’Israël. Pour que quelque chose change, il faut qu’Israël se mette bien dans la tête que la perpétuation du statu quo coûtera un prix très élevé.

L’Israël de 2009 est un pays enfant gâté, arrogant et condescendant, convaincu qu’il mérite de recevoir tout ce qu’il désire et qu’il a la capacité de ridiculiser les Etats Unis et le monde. Ce sont les Etats Unis qui ont engendré cette situation, qui met en péril tout le Proche Orient et Israël lui-même. C’est pourquoi il faut qu’il y ait un changement dans l’année qui vient : Washington doit, définitivement, dire non à Israël et à l’occupation.

Un non sans ambiguïté, présidentiel.

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et voici l’original en anglais :

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Sun., November 01, 2009 Cheshvan 14, 5770

America, stop sucking up to Israel

By Gideon Levy

Barack Obama has been busy - offering the Jewish People blessings for Rosh Hashanah, and recording a flattering video for the President’s Conference in Jerusalem and another for Yitzhak Rabin’s memorial rally. Only Sheikh Hassan Nasrallah surpasses him in terms of sheer output of recorded remarks.

In all the videos, Obama heaps sticky-sweet praise on Israel, even though he has spent nearly a year fruitlessly lobbying for Israel to be so kind as to do something, anything - even just a temporary freeze on settlement building - to advance the peace process.

The president’s Mideast envoy, George Mitchell, has also been busy, shuttling between a funeral (for IDF soldier Asaf Ramon, the son of Israel’s first astronaut Ilan Ramon) and a memorial (for Rabin, though it was postponed until next week due to rain), in order to find favor with Israelis. Polls have shown that Obama is increasingly unpopular here, with an approval rating of only 6 to 10 percent.

He decided to address Israelis by video, but a persuasive speech won’t persuade anyone to end the occupation. He simply should have told the Israeli people the truth. Secretary of State Hillary Clinton, who arrived here last night, will certainly express similar sentiments : "commitment to Israel’s security," "strategic alliance," "the need for peace," and so on .

Before no other country on the planet does the United States kneel and plead like this. In other trouble spots, America takes a different tone. It bombs in Afghanistan, invades Iraq and threatens sanctions against Iran and North Korea. Did anyone in Washington consider begging Saddam Hussein to withdraw from occupied territory in Kuwait ?

But Israel the occupier, the stubborn contrarian that continues to mock America and the world by building settlements and abusing the Palestinians, receives different treatment. Another massage to the national ego in one video, more embarrassing praise in another.

Now is the time to say to the United States : Enough flattery. If you don’t change the tone, nothing will change. As long as Israel feels the United States is in its pocket, and that America’s automatic veto will save it from condemnations and sanctions, that it will receive massive aid unconditionally, and that it can continue waging punitive, lethal campaigns without a word from Washington, killing, destroying and imprisoning without the world’s policeman making a sound, it will continue in its ways.

Illegal acts like the occupation and settlement expansion, and offensives that may have involved war crimes, as in Gaza, deserve a different approach. If America and the world had issued condemnations after Operation Summer Rains in 2006 - which left 400 Palestinians dead and severe infrastructure damage in the first major operation in Gaza since the disengagement - then Operation Cast Lead never would have been launched.

It is true that unlike all the world’s other troublemakers, Israel is viewed as a Western democracy, but Israel of 2009 is a country whose language is force. Anwar Sadat may have been the last leader to win our hearts with optimistic, hope-igniting speeches. If he were to visit Israel today, he would be jeered off the stage. The Syrian president pleads for peace and Israel callously dismisses him, the United States begs for a settlement free ze and Israel turns up its nose. This is what happens when there are no consequences for Israel’s inaction.

When Clinton returns to Washington, she should advocate a sharp policy change toward Israel. Israeli hearts can no longer be won with hope, promises of a better future or sweet talk, for this is no longer Israel’s language. For something to change, Israel must understand that perpetuating the status quo will exact a painful price.

Israel of 2009 is a spoiled country, arrogant and condescending, convinced that it deserves everything and that it has the power to make a fool of America and the world. The United States has engendered this situation, which endangers the entire Mideast and Israel itself. That is why there needs to be a turning point in the coming year - Washington needs to finally say no to Israel and the occupation. An unambiguous, presidential no.