Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Chronique de l’occupation

Palestine occupée

Chronique de l’occupation

Jeudi, 10 septembre 2009 - 20h42

jeudi 10 septembre 2009

===================================================

Numéro : 148

nombre d’entrées : 5

001

Marwan Barghouti, paroles du fond de la prison

La Promesse, écrits de prison 2002-2009, du dirigeant du Fatah emprisonné à vie par le régime sioniste, sera en vente au village du livre. Pour Fadwa Barghouti, son mari est le « symbole d’une cause et non pas d’un individu ». Elle sera présente, ce week-end, à la Fête de l’Humanité.

Invitée d’honneur de la ville de Stains (Seine-Saint-Denis), jumelée avec le camp de réfugiés d’Al-Amari en Cisjordanie, Fadwa Barghouti a tenu une conférence de presse en compagnie du maire, Michel Beaumal et de Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF et députée, était présente.

Quelle est la situation du peuple palestinien ?

Fadwa Barghouti. Le peuple palestinien vit aujourd’hui une des phases les plus dures de son histoire. D’abord à cause de l’agression sioniste continue, la colonisation, la construction du mur, les assassinats, l’étranglement du peuple palestinien. Il faut ajouter à cela la division au sein du peuple palestinien. Les Palestiniens ont toujours connu la colonisation, mais les gens ont été habitués à l’unité nationale. Aujourd’hui, il y a la colonisation, l’occupation et les Palestiniens sont désunis. Les droits de l’homme sont dans une situation très difficile, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie. Les droits de l’homme ne sont pas pris en considération. Le fait qu’il y ait occupation explique l’absence de respect des droits de l’homme, mais la division des Palestiniens a aggravé les choses, en particuliers à Gaza. C’est sans doute ce qui, maintenant, est le plus difficile pour les Palestiniens° : la désunion, qui génère beaucoup de problèmes. Dans ce cadre, ce qu’on appelle le document des prisonniers (document élaboré sous l’égide de Marwan Barghouti et paraphé par les représentants, en prison, de toutes les factions palestiniennes-NDLR) pourrait aider à rapprocher les points de vue.

Le congrès du Fatah s’est tenu il y a quelques semaines. Le nom de Marwan Barghouti est revenu très fortement, il a été élu au comité central. Comment va Marwan ? Quelles sont ses propositions ?

Fadwa Barghouti. Marwan va très bien. Il a un très bon moral. Mais ce qui le désole le plus est cette division au sein des Palestiniens. Il œuvre, à l’intérieur de sa cellule, pour dépasser ces divisions. Il est au courant de ma visite en France. Il envoie ses salutations au peuple français. Il salue également tous ceux qui se mobilisent pour le droit des Palestiniens. Il est conscient que la solidarité française est très importante. Il connaît toutes les initiatives entreprises par les parlementaires, les avocats, les organisations dont le Parti communiste français et aussi par l’Humanité. Vous avez compris, depuis le début, la symbolique de la question de Marwan Barghouti. Il s’agit du symbole d’une cause et non pas d’un individu. Marwan envoie ses salutations à tous les lecteurs de l’Humanité à l’occasion de la Fête. Espérons que, lors de la prochaine Fête de l’Humanité, Marwan Barghouti sera à vos côtés, ici, en France. Il essaie d’apprendre le français.

Concernant le Fatah, Marwan a œuvré depuis vingt ans pour l’organisation d’un congrès. Le manque de démocratie est d’ailleurs la raison fondamentale de l’affaiblissement du Fatah. Les leaders actuels ont près de soixante-dix ans et les générations suivantes n’ont pas accédé aux postes à responsabilités. Le congrès a eu lieu. La contribution de Marwan Barghouti a été l’une de celles adoptées. Il a lui-même été élu à la majorité par les délégués et non pas nommé dans le contingent des prisonniers, comme a cherché à le faire, avec des pressions, la direction sortante du Fatah. Les différents sondages menés dans les territoires palestiniens montrent d’ailleurs la popularité dont bénéficie Marwan Barghouti au sein de l’opinion publique palestinienne, y compris dans le cas d’élections, bien qu’il soit emprisonné depuis plus de sept ans maintenant.

C’est la deuxième fois que vous venez à la Fête de l’Humanité. Quelle est l’importance de ce rendez-vous à vos yeux ?

Fadwa Barghouti. L’Humanité est un journal qui a toujours été aux côtés du combat des Palestiniens. J’étais venue à l’occasion du centenaire de votre journal. J’espère qu’à l’avenir, Marwan sera ici avec nous pour partager les combats avec ce journal, qui a souvent mis son portrait en une. Pour tous ceux qui se battent pour les droits du peuple palestinien, la Fête de l’Humanité est un grand rendez-vous.

Entretien réalisé par Pierre Barbancey

http://www.humanite.fr/Marwan-Barghouti-paroles-du-fond-de-la-prison

Pierre Barbancey - l’Humanité

CCIPPP et Pierre Barbancey - l’Humanité - mercredi 9 septembre 2009

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7752

********************
002

Quinze minutes de haine à Silwan

Les sentiments anti-arabes dégoulinant dans les rues de ce quartier de Jérusalem sont un choc pour les sens.

Il fait une chaleur de gril, mais la voie pavée qui monte depuis le centre de Silwan, à Jérusalem, n’est pas désagréable. C’est peut-être la brise, ou les maisons de pierres qui répandent la fraicheur dans l’air, ou peut-être le paysage ouvert de montagne. On est trois – Ilan, le réalisateur, Michael, le caméraman, et moi, l’interviewé. Nous faisons un film sur la discrimination institutionnelle flagrante contre les habitants de ce quartier palestinien de Jérusalem Est ; les autorités favorisent les colons Juifs qui ne cachent pas leur désir de judaïser le quartier, de le vider de son caractère palestinien.

Avant même qu’on ait placé la caméra, un groupe de gamines juives orthodoxes, dans les 10 ans, arrivent, montant le passage dans leurs jupes aux chevilles, mignonnes, bavardes, insoucientes. L’une d’elles ralentit, et nous demande aimablement si nous voulons la filmer. Que voudrais-tu nous dire, nous demandons. Je veux dire que Jérusalem appartient à nous les Juifs, dit-elle tout en marchant, mais c’est dommage qu’il y ait des Arabes ici. Le messie ne viendra que quand il n’y aura plus un seul Arabe ici. Elle s’éloigne, et ses copines ricanent et la rejoignent.

Deux minutes plus tard un jeune homme bien constitué arrive, avec une arme et une radio, sans uniforme ni insigne sur lui. Avant qu’il ouvre la bouche je devine déjà que c’est un agent de sécurité, un employé de la société de sécurité privée utilisée par les colons mais financée par le ministère du logement à hauteur de 40 millions de shekels (7 millions d’euros). Cette compagnie de sécurité est devenue depuis longtemps une milice privée qui maintient l’ordre dans le quartier et intimide sans aucune base légale les habitants Palestiniens. Un comité constitué par un ministre du logement a conclu que cet arrangement devait cesser, et que la sécurité des habitants Palestiniens comme Juifs doit revenir à la police nationale sioniste [1]. Le gouvernement approuva les conclusions du comité en 2006, mais s’est rétracté six mois plus tard sous la pression des colons. La société de sécurité privée a continué d’opérer.

Qu’est-ce que vous faites ici, le type demande. Qu’est-ce que vous faites ici, je répond. Je suis de la sécurité, maintenant dites-moi ce que vous faites ici, dit-il, d’un ton plus coléreux. Ça ne vous regarde pas, je réponds. Quel est votre nom, il demande. Quel est votre nom, je réponds. C’est pas important, je suis un garde de sécurité. Alors mon nom n’a pas plus d’importance, je réponds. Le type de la sécurité, visiblement ennuyé, a recours à des appels radio. Si on avait été Palestiniens, on aurait dégagé de la rue au premier signe. C’est la règle non-écrite. Mais nous sommes des sionistes parlant hébreu. Ça fait problème. Le centre opérationnel explique apparemment à notre homme qu’on est dans un espace public et qu’il ne peut pas y faire grand-chose. Il se range à proximité avec son fusil, pour nous coller aux fesses par la suite.

On avance. Quelques minutes plus tard deux filles, de 17 ou 18 ans, arrivent par la montée. Elles ne sont pas Orthodoxes, et on peut voir qu’elles ne sont pas du coin. Une d’elles stoppe devant la caméra. Filme-moi, demande t-elle. Voudrais-tu être interviewée, on demande. Elle dit oui. Elle est de Gan Yavne et visite Jérusalem, la « Ville de David ». Pourquoi ici, on demande. Parce que le roi David était ici, dit-elle. C’est un lieu très important pour le peuple juif. C’est vraiment une honte que des Arabes soient ici. Mais très bientôt tous les Arabes seront morts, avec l’aide de Dieu, et tout Jérusalem sera à nous. Elle part.

Deux minutes s’écoulent, et une famille juive ultra-orthodoxe monte par le chemin. Le mari, tout en noir, demande à Ilan : dites-moi, y a-t-il à la fois des Juifs et des Arabes qui vivent dans ce quartier ? Des Palestiniens comme des Juifs, répond Ilan, mais la plupart des habitants sont Palestiniens. Ce n’est que temporaire, le rassure l’ultra-orthodoxe, bientôt il ne restera plus un seul Palestinien ici.

J’ai échangé des regards avec Ilan et Michael. On a été ici moins de 15 minutes, nous n’avons demandé à personne ce qu’ils pensent des Arabes ou du futur de Jérusalem, on n’a été qu’un court moment dans la rue. La haine s’est déversée sur nous comme une rivière dans la mer, librement, naturellement. Penses-tu, Ilan – j’ai demandé – qu’on va croiser quelqu’un qui dira quelque chose de positif, d’humain, de chaleureux sur les êtres humains ? Laisse tomber les humains, me répond Ilan, je me demande si on rencontrera quelqu’un qui se contentera de dire un mot aimable sur le ciel clair de Jérusalem.

Silwan – Siloé : Retenez le nom. Sa violence fera bientôt de l’ombre à celle d’Hébron.

Cet article a été publié originellement en hébreu sur le blog israélien Haokets http://www.haokets.org/. Traduction anglaise par Dimi Reider retraduit en français par JPB.
[1]. Et la fin de l’occupation !? (ndt JPB)

CCIPPP et Haokets.org et Meron Rapoport - lundi 7 septembre 2009

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7748

********************
003

Un puits détruit par les bulldozers de l’occupation près d’Hébron

Des bulldozers militaires ont démoli un puits, jeudi 03/09/09, dans la région d’Al-Beqa’a, à l’est de la ville d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.

Un témoin a déclaré que le puits appartenait à Badawi Al-Rajabi.

13 soldats des forces coloniales étaient présents dans la zone du village, situé près de la colonie israélienne illégale de Kiryat Arba ; ils ont remis des notifications à plusieurs résidents.

Deux paysans ont été placés en détention par les forces coloniales alors que l’opération était en cours.

D’après l’administration civile coloniale, le système des puits volait l’eau du réseau officiel. Le porte-parole a ajouté que l’opération a été approuvée par le ministère de la Défense. (PNN)

[ commentaires : ils ne manquent pas d’aplomb ! eux, ce n’est pas quelques gouttes d’eau qu’ils volent, c’est la terre et le pays tout entier. Ça ne vous rappelle pas une histoire de paille et de poutre ? ]

PNN – Hébron - Leyla Jad - 03/09/2009

http://french.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=4377

********************
004

Un responsable Palestinien déclare qu’il est grand temps que la Communauté Internationale fasse sérieusement pression sur le régime sioniste

Le porte parole de la présidence de l’AP, Nabil Abou Rudeineh a déclaré, mercredi 09/09/09 en soirée, que les prochaines semaines seraient cruciales pour ce que beaucoup appellent encore les « processus de paix ».

Le premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahou, a clairement montré, à la fois en actes et en paroles, qu’il ne va respecter ni le droit international , ni la diplomatie Palestinienne, ni le mouvement de la résistance non violente, ni l’administration des Etats Unis.

La Communauté Internationale et l’administration des Etats Unis insistent pour que les sionistes respectent la légitimité internationale, l’initiative de paix Arabe et l’initiative du président Ohama. « Sans cela, » a déclaré Abou Rudeineh, « la région va entrer dans un cycle d’instabilité accentuée ».

La question se pose, comme depuis des années d’ailleurs, de savoir pourquoi les Etats Unis et la Communauté Internationale continue à appeler à des négociations tout en finançant les sionistes. Le reste du monde appelle à des sanctions complètes.

Le porte parole de la présidence a déclaré aujourd’hui 10/09/09 que, si la nouvelle administration Obama veut maintenir sa crédibilité dans la région, elle doit exercer une pression sérieuse sur l’administration sioniste pour que celle-ci respecte le droit international.

Abou Rudeineh a déclaré aux journalistes à Ramallah que, compte tenu de tous les manquements des sionistes au respect du doit international, ce qui avait rendu impossible la poursuite de cette situation était la politique des implantations.

Les sionistes sont en train de développer les implantations, qui sont, toutes, illégales au regard du droit international et des résolutions des Nations Unies.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé, aujourd’hui, les sionistes à cesser l’expansion des implantations, mais sa prise de position a semblé bien molle au vu des dizaines de résolutions de l’ONU qui ont déclaré illégales les implantations, et qui sont toutes restées lettre morte.

Les sionistes continuent à ne tenir aucun compte du mécontentement des Palestiniens et des Arabes concernant les implantations, et cependant utilisent cette question pour négocier des faveurs, comme la normalisation des relations, l’ouverture des espaces aériens, et l’autorisation des activités d’affaires.

Le président (de l’AP) Abbas rencontrera peut-être le premier ministre sioniste et le président des Etats Unis Barack Obama à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ONU plus tard ce mois-ci. Les détails devraient être arrêtés lors de la prochaine visite de l’envoyé étasunien George Mitchell.

Les responsables Palestiniens se réuniront après avoir pris connaissance des propositions étasuniennes, pour décider de leurs prochaines actions.

[ commentaires : il serait grand temps, comme dit Abou Rudeineh, que les Palestiniens, tous les Palestiniens, s’entraînent à prononcer un petit mot tout simple. En français, c’est « non ». En arabe, c’est encore plus facile : « laa » ]

PNN – Ramallah - 10.09.09 - 06:52

http://english.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=6898

********************
005

La résistance non-violente tient bon à Na’lin lors des manifestations qui se sont terminées avec trois blessés graves

Des centaines d’habitants de la ville de Na’lin, près de Ramallah, ont récité les prières du vendredi 04/09/09, sur leurs terres voisines du Mur d’Annexion.

Le Cheikh Mourad Amira a conduit les prières, dont il a souligné qu’elles constituaient une forme de résistance à l’occupation, et de rejet de l’injustice.

Des militants internationaux s’étaient joints aux Palestiniens pour cette action hebdomadaire, au cours de laquelle ils ont marché vers le Mur de béton qui remplace les barrières provisoires mises en place il y a trois ans.

Des dizaines d’hectares d’oliveraies ont été détruits et les récoltes ont été brûlées par le soleil, les agriculteurs n’ayant pas la possibilité de s’y rendre.

Des jeunes agitaient des drapeaux Palestiniens, vendredi, en direction des tours de tir installées dans le Mur, qui s’élèvent à 12 mètres. Les propriétaires Palestiniens demandent justice, mais cet appel, repris chaque semaine, n’a rencontré que des oreilles sourdes.

Malgré la présence de militants venus cette semaine du Canada, de Suède, d’Espagne, des Etats Unis, et d’Italie, et malgré l’opinion formulée par la Cour Internationale de Justice contre le Mur, les sionistes n’en ont cure et poursuivent leur politique de conquête de la Cisjordanie.

Vendredi 04/09/09, les forces coloniales ont tiré des dizaines de lacrymogènes, tout en aspergeant les manifestants d’un liquide contaminé et pestilentiel. Au milieu des nuages de fumée, avec beaucoup de personnes suffocant sur le sol, les soldats ont alors commencé à tirer à balles réelles. Le photographe Hamoud Amira est l’une des trois personnes blessées par ces tirs.

Le leader de l’Initiative Nationale, Salah Al Khawaja, qui est également membre du comité de résistance de Na’lin contre le Mur, a déclaré « la stratégie nationale de la résistance Populaire doit prendre toute sa place dans la lutte nationale Palestinienne, et nous appelons toutes les forces, toutes les organisations et les comités à activer et renforcer la résistance populaire. Nous restaurons la première Intifada, qui est le modèle de la résistance qui doit être employée pour ouvrir le champ à tous les Palestiniens. »

Après la manifestation, les sionistes ont imposé un checkpoint additionnel pour quitter la ville.

[ commentaires : on ne sait pas ce qu’on en pense à Ramallah, mais nous n’avons pas l’impression que le peuple Palestinien est prêt à céder. ]

PNN – Na’lin - 06.09.09 - 04:34

http://english.pnn.ps/index.php?option=com_content&task=view&id=6833