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Version originale en anglais en 2è partie de l’article

Confrontation entre Shimon Pérès et Amr Moussa sur la création d’un état Palestinien

Ha’aretz et Associated Press - Dimanche, 6 septembre 2009 - 7h58 AM

dimanche 6 septembre 2009

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Le président Shimon Pérès a déclaré, vendredi 04/09/09, qu’un règlement global permettant de résoudre le différend israélo-Palestinien n’était pas actuellement réalisable, et il a appelé, à la place d’un tel règlement, à la création d’un état Palestinien dans le cadre d’un arrangement provisoire, même sans accord de paix en bonne et due forme.

« Israël a décidé de faire la paix sur la base la base de deux états – un état israélien et un état Palestinien, » a déclaré Pérès au Forum Ambrosetti, une réunion de dirigeants politiques et d’hommes d’affaires sur les bords du lac de Côme, en Italie. « J’aimerais que nous le faisions en une seule étape. Il semble cependant que nous ne puissions pas le faire en une seule étape. »

Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, qui était opposé à Pérès dans cette réunion, a exprimé son scepticisme à l’égard de l’approche graduelle et il a déclaré que le moment pour conclure un accord était " maintenant, ou jamais ".

Moussa a averti que, si Israël ne prenait pas d’initiatives à bref délai, il s’apercevrait que que la dynamique s’exerce dans une direction différente, qu’elle abandonnerait l’idée d’une solution à deux états pour un objectif avec un seul état comprenant des Palestiniens et des israéliens, et qui ne serait pas dominé par les Juifs – c’est à dire en pratique la fin de l’état d’Israël.

La nervosité de cette rencontre entre deux vétérans, représentant chacun des forces relativement modérées parmi leur peuple, a fortement souligné la distance qui sépare les deux côtés, alors même qu’ils se préparent à une initiative de la part de l’administration Obama, dans les prochaines semaines, visant à redémarrer des négociations en vue d’une paix régionale au Proche Orient.

Dans les dernières tractations, les Etats Unis ont essayé de pousser Israël vers un gel total de la construction d’implantations Juives en Cisjordanie, en contrepartie de gestes divers de la part de certaines nations Arabes dans le sens de la normalisation avec Israël. La difficulté a été rendue encore plus ardue par le fait qu’en mars 2009, un gouvernement orienté à droite a remplacé, en Israël, le gouvernement précédent, plus modéré.

Il y a plusieurs mois, le premier ministre Benyamin Netanyahou avait accepté, du bout des lèvres, le principe d’un état Palestinien – une position que ses prédécesseurs avaient déjà adoptée mais que son parti, le Likoud, n’avait pas approuvée – mais il avait souligné que les droits d’un tel état seraient restreints pour ce qui est du contrôle de ses armements et de son espace aérien.

Vendredi 04/09/09, des collaborateurs de Netanyahou ont déclaré qu’il accepterait également un gel temporaire des implantations – mais seulement après l’approbation de centaines de nouvelles unités d’habitation et l’achèvement des travaux sur 2 500 autres actuellement en cours de construction.

Ses collaborateurs, s’exprimant sous condition d’anonymité, ont déclaré que, contrairement à la position exprimées par les Etats Unis, ce gel ne concernerait pas Jérusalem Est, dont Israël a pris le contrôle au cours de la guerre des six jours en 1967 et a depuis annexé, mais que les Palestiniens considèrent comme la capitale de leur futur état.

Moussa a sévèrement condamné ces propositions, déclarant que leur mise en oeuvre aurait pour conséquence la suspension du processus de paix, et que l’interprétation que fait Netanyahou d’un état Palestinien en fait une farce, de sorte que cette offre ne peut être acceptée.

Il a déclaré que l’offre faite en 2002 à Israël par la Ligue Arabe – la paix complète dans la région en contrepartie d’un retrait total de toutes les zones occupées en 1967 et d’une solution du problèmes des réfugiés Palestiniens - était toujours d’actualité.

« Nous sommes prêts à reconnaître Israël, et à normaliser nos relations avec Israël, pour autant qu’Israël remplisse les conditions Arabes, » a déclaré Moussa.

Pérès, lauréat du Prix Nobel de la Paix et ancien premier ministre, a répliqué que la paix n’est pas basée sur des ultimatums, mais sur des compromis, et a souligné que les problèmes de Jérusalem et des réfugiés – qui, en tenant compte de leurs descendants, se comptent par millions -étaient extrêmement difficiles à résoudre.

« Si nous devons mettre cela noir sur blanc, alors nous aurons immédiatement une explosion, » a-t-il déclaré. « Nous pouvons en revanche avancer sur deux routes différentes et résoudre le problème des réfugiés en lui-même. » [ Que diable entend-il par là ? L’article ne le dit pas – ndlr ]

Moussa a déclaré que si Israël continuait à construire des implantations en Cisjordanie et persistait à faire traîner les choses, le point de non retour serait bientôt atteint.

« Le temps ne joue pas en notre faveur, et il ne joue pas non plus en faveur de la partie israélienne, » a-t-il déclaré. « L’idée de deux états est en perte de vitesse par rapport à celle d’un état unique. Il est tout à fait possible qu’un état Palestinien ne soit finalement pas stable. Dans ce cas, la seule possibilité est celle d’un état unique – pas un état Juif, ni un état Arabe...un état de ses citoyens. »

Moussa évoquait par là l’idée que la Cisjordanie et Gaza deviennent démographiquement tellement enchevêtrés avec Israël qu’ils seraient obligés de former une seule entité – et une entité où, sur la base de la tendance actuelle dans les naissances, la population Arabe pourrait excéder, à bref délai, la population Juive, qui compte aujourd’hui 5,5 millions de personnes en Israël.

« Si nous n’avançons pas, au cours des prochains mois, sur base de l’initiative d’Obama... nous serons contraints de confier l’ensemble du dossier [Israël-Palestine] à la communauté internationale, » a déclaré Moussa, qui évoquait la possibilité que les Arabes parviennent à la conclusion que deux décennies d’efforts de paix n’aient conduit finalement nulle part.

Pérès, allant au-delà des ses fonctions de président, essentiellement protocolaires et quelque peu au dessus du débat politique et diplomatique, a évoqué la possibilité que même les frontières initialement fixées pour l’état Palestinien pourraient être considérées comme provisoires avec une perspective d’expansion future.

« Comment voulez-vous que nous croyions à quoi que ce soit de ce genre ? » a répondu Moussa. « C’est encore une de vos fourberies ! »

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Et voici l’original en anglais

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Sat., September 05, 2009 Elul 16, 5769

Last update - 20:09 04/09/2009

Peres, Moussa face off over creation of Palestinian state

President Shimon Peres said Friday that a comprehensive settlement to resolving the Israeli-Palestinian dispute was not currently achievable, and he called instead for the creation of a Palestinian state under a provisional arrangement even without a formal peace deal.

"Israel has decided to make peace on the basis of two states - an Israeli state and a Palestinian state," Peres told the Ambrosetti Forum, a gathering of political and business leaders on the shores of Italy’s Lake Como. "I would like that we do it in one step. Apparently we cannot do it in one step."

Arab League Secretary-General Amr Moussa, who squared off against Peres at the meeting, expressed skepticism at the gradual approach and said the time for a deal was now or never.

Moussa warned that if Israel didn’t move quickly it would find momentum will have shifted away from the two-state idea toward a single state of Israelis and Palestinians in which Jews would not dominate - effectively ending the state of Israel.

The testiness of the encounter between two veterans, each of whom represents relatively moderate forces among their peoples, illustrated starkly how far apart the sides remain even as they brace for an expected initiative by the Obama administration in coming weeks aimed at restarting negotiations for a regional Middle East peace.

In the run-up, the U.S. has been trying to nudge Israel toward a total freeze on Jewish settlement construction in the West Bank, in exchange for various gestures from some Arab nations toward normalization with Israel. The difficulty has been compounded by the fact that in March a right-leaning government replaced the previous more moderate one in Israel.

Several months ago, Prime Minister Benjamin Netanyahu reluctantly agreed to accept the principle of a Palestinian state - a position his predecessors had already adopted but his Likud party has not - but said it would have to have limits on its rights to have a military or control its airspace.

On Friday, aides to Netanyahu said that he would also agree to a temporary settlement freeze - but only after approving hundreds of new housing units and completing 2,500 other still under construction.

The aides, speaking on condition of anonymity, said that contrary to the U.S. position the freeze would not include East Jerusalem, which Israel gained control of during the 1967 Six-Day War and has since annexed, but which the Palestinians see as the capital of their future state.

Moussa bitterly condemned these proposals, saying they would suspend the peace process if enacted, and said that Netanyahu’s interpretation of a Palestinian state makes a Palestinian state a farce therefore the offer cannot be accepted.

He said the Arab League’s 2002 offer to Israel - full regional peace in exchange for a full withdrawal from all areas occupied in 1967 and a solution to the question of Palestinian refugees - remained in effect.

"We are ready to recognize Israel, to normalize with Israel, if Israel met the Arab conditions," Moussa said.

Peres, a Nobel Peace laureate and former prime minister, countered that peace is not based on ultimatums but on compromises and noted that the issues of Jerusalem and of the refugees - who, together with their descendants, number in the millions - were extremely difficult to resolve.

"If we have to write it down on paper then we will immediately have an explosion," he said. "We can move on two different tracks [and] solve the refugee problem in itself."

Moussa said that if Israel continued building settlements in the West Bank and dragging its feet the sides may pass the point of no return.

"Time is not on our side and it is certainly not on the side of Israel," he said. "The idea of two states is losing in favor of one state. There is a possibility that a Palestinian state would not be viable. In that case the only possibility is one state - not a Jewish state, not an Arab state ... a state of its citizens."

Moussa referred to the idea that the West Bank and Gaza may become so demographically entwined with Israel that they would have to form a single entity - and one in which, by current birthrate trends, the Arab population may well soon exceed that of the Jews, who number about 5.5 million in today’s Israel.

"If we do not move in the next few months under the Obama initiative ... we will have to put the whole [Israeli-Palestinian] file before the international community," Moussa said, alluding to the possibility that the Arabs would conclude some two decades of peace efforts had simple gone nowhere.

Peres - pushing the boundaries on a role that is meant to be ceremonial and somewhat above the political and diplomatic fray - argued that even the borders initially delineated for the Palestinian state could be considered provisional and ultimately expanded.

"You want us to believe that ?" responded Moussa. "Another one of the tricks !"