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Dans les coulisses de la honte (ndlr)

Que s’est-il réellement passé aux élections du Fatah ?

Par Esam Al-Amin - ISM - Lundi, 17 août 2009 - 11h22 AM

lundi 17 août 2009

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Les chefs de la sécurité formés par la CIA élus à la direction palestinienne. Que s’est-il réellement passé aux élections du Fatah ?

En clair, les Etats-Unis veulent une direction palestinienne qui répondra à ces questions d’une manière qui soit satisfaisante pour Israël. Comme l’avait dit un responsable du Département d’État à Vanity Fair au sujet des objectifs des Américains dans le conflit israélo-palestinien, « Nous voulons des résultats, et [nous soutiendrons] n’importe quel fils de pute nous devrons soutenir. Dahlan était le fils de pute que nous connaissions le mieux."

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Le gouvernement américain s’est ingéré dans les affaires intérieures palestiniennes depuis au moins 2003. Son objectif est de transformer le mouvement national palestinien pour la libération et l’indépendance en un gouvernement de collaborateurs plus complaisant, prêt à accepter les demandes politiques et sécuritaires d’Israël.

Les stratégies employées par les États-Unis incluent des éléments militaires, sécuritaires, diplomatiques et politiques. Avec l’ascension du Hamas après les élections législatives de 2006, la stratégie américaine a été de se débarrasser des résultats de l’élection. Son objectif d’un retour politique du camp pro-américain parmi le corps politique palestinien a été amorcé avec la convocation de la conférence nationale du Fatah la semaine dernière.

Au cours de la semaine du 4 août 2009, le Mouvement de Libération Nationale Palestinienne, le Fatah, a tenu sa sixième conférence nationale de ses 44 ans d’histoire. Le Fatah était historiquement considéré comme la plus importante faction palestinienne, mais cette perception a changé quand il a perdu les élections législatives face au Hamas en Janvier 2006.

Alors que le groupe terminait sa conférence au bout de huit jours, il a annoncé les résultats de ses élections. Les médias internationaux, en particulier les journaux occidentaux, ont présenté l’élection en disant que des "nouveaux" visages "frais" avaient accédé au pouvoir dans le mouvement. Mais que s’est-il réellement passé lors du vote ?

La structure interne du Fatah est différente de la plupart des partis politiques ou des mouvements de résistance. Elle est non hiérarchique et la loyauté de ses membres suit un système de népotisme et de factionnalisme incarné par le Comité Central de 23 membres.

Le Comité central est techniquement censé refléter un système de direction collective et le programme politique d’un mouvement de libération nationale. Même son fondateur, le défunt Yasser Arafat, qui a dirigé l’organisation depuis sa création en 1965 jusqu’à sa mort en 2004, n’avait pas de titre officiel au-delà de celui de membre du Comité et de commandant en chef de sa branche militaire. Mais au fil du temps, aux yeux de nombreux Palestiniens, la direction du Fatah a symbolisé un système de copinage, de corruption, de collaboration avec Israël, et les échecs politiques, en particulier depuis le processus d’Oslo.

Bien que sa charte interne demande une conférence nationale tous les quatre ans pour élire ses dirigeants, les principales questions à la veille de cette conférence ont été :
Pourquoi a-t-il fallu deux décennies au Fatah pour convoquer celle-ci ?
L’élection des nouveaux dirigeants du Fatah reflète-t’elle les aspirations des Palestiniens et une nouvelle approche du processus politique ?
Et, enfin, qui sont les bailleurs de fonds des principales personnes qui ont été récemment élues pour le diriger ?

Le Comité central du Fatah dirigé par Arafat avait pris la décision stratégique en 1988 de négocier un règlement politique avec Israël, et d’accepter le gouvernement américain comme principal médiateur.

Depuis deux décennies, en particulier à la suite des Accords d’Oslo en 1993, la question palestinienne a progressivement reculé de l’agenda international, pour devenir une affaire quasiment exclusive entre les États-Unis, Israël et la direction palestinienne, que ce soit l’OLP ou après 1994, l’Autorité Palestinienne.

La plupart des analystes neutres au Moyen-Orient, tels que Robert Malley, le directeur du programme Moyen-Orient à l’International Crisis Group et ancien membre de l’équipe du Conseil de Sécurité Nationale (NSC) sous l’administration Clinton, remarquent que les négociateurs américains des diverses administrations (aussi bien Démocrate que Républicaine) ont pour la plupart adopté le point de vue israélien et placé la majorité de la pression sur les dirigeants palestiniens (que ce soit Bill Clinton avec Yitzhak Rabin et Ehud Barak, ou George W. Bush avec Ariel Sharon et Ehud Olmert.)

Pendant le premier mandat de l’administration Bush, Arafat, le chef de l’Autorité palestinienne, a été isolé, tandis que Washington favorisait des dirigeants palestiniens comme Mahmoud Abbas (imposé à Arafat comme premier ministre en 2003), et l’ancien chef de la sécurité, Mohammed Dahlan, qui avaient adopté la stratégie américaine dans la région. En 2005, Bush a déclaré de son ordre du jour de liberté et de démocratie, en exigeant des élections dans les territoires palestiniens, et en espérant une victoire du Fatah pour mettre en œuvre sa vision.

Toutefois, l’administration a abandonné son programme de promotion de la démocratie dans le monde arabe, quand le Hamas a remporté une victoire dans les élections législatives de Janvier 2006. Le Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, a exprimé sa surprise au sujet des élections en disant : "Personne ne l’a vu venir."
Un responsable du département de la Défense a déclaré à David Rose de Vanity Fair en 2008, "Tout le monde blâme tout le monde", "Nous nous sommes assis là au Pentagone et nous nous sommes demandés : « Qui est le con qui a recommandé cela ??"

Depuis cette élection, l’administration américaine a utilisé trois stratégies différentes mais qui se recoupent pour annuler les résultats. Les efforts déployés par le Département d’Etat, la Maison Blanche et le Département de la Défense, ont été planifiés de façon légère et ont été mal coordonnés.

En 2006 et pendant la première partie de 2007, le Département d’Etat a utilisé ses ressources diplomatiques et politiques pour renverser le gouvernement palestinien élu démocratiquement dirigé par le Hamas.

Dans un reportage paru en avril 2008, Vanity Fair a révélé qu’une note de discussion américaine a fait son apparition après qu’un diplomate américain l’ait accidentellement laissée dans un immeuble de l’Autorité palestinienne à Ramallah. Le document reprenait la demande de Rice qu’Abbas dissolve le gouvernement d’unité nationale et qu’il se charge du Hamas.

Pendant ce temps, comme l’a expliqué en détail Vanity Fair, le néoconservateur et directeur adjoint du NSC, Elliot Abrams fomentait un coup d’Etat contre le Hamas dans la bande de Gaza avec l’ancien chef de la sécurité de la bande de Gaza, Mohammed Dahlan, au printemps 2007. Cela incluait une coordination avec Israël, plusieurs pays arabes tels que les Émirats Arabes Unis et la Jordanie, le versement à Dahlan de 30 millions de dollars, la formation de 500 personnels de sécurité, une campagne pour déstabiliser Gaza, et un programme de torture contre des membres du Hamas et d’autres islamistes.

Dahlan avait aussi admis au journaliste du magazine, David Rose, qu’il avait dit à son homologue américain qui le poussait à une confrontation avec le Hamas, « Si je dois les affronter, j’ai besoin de ressources importantes. À l’heure actuelle, nous n’en avons pas la capacité."

Le journal israélien Haaretz a signalé le 7 Juin 2007, que l’administration américaine avait demandé à Israël d’autoriser une importante livraison d’armes égyptiennes, dont des dizaines de véhicules blindés, des centaines de roquettes antichars, des milliers de grenades à main, et des millions de munitions.
Rose explique que le plan d’Abrams soulignait la nécessité de renforcer les forces du Fatah pour "décourager" le Hamas. Selon un haut responsable de l’administration, le "résultat escompté" était de donner à Abbas « la capacité de prendre les décisions politiques stratégiques (c’est-à-dire remplissant les conditions israéliennes pour un règlement politique) et le limogeage du gouvernement (dirigé par le Hamas), la création d’un gouvernement d’urgence. "

Mais le conseiller pour le Moyen-Orient de Dick Cheney, David Wurmser, a admis l’échec de la tentative quand il a dit au magazine, « Il m’a semblé que ce qui s’est passé n’était pas vraiment un coup d’état du Hamas, mais une tentative de coup d’Etat du Fatah qui a été contrecarrée (par le Hamas) avant qu’il ne puisse se produire."

La troisième action fût principalement contrôlée par le Pentagone et dirigée par le Général Keith Dayton. Dans un discours prononcé devant le groupe de réflexion pro-israélien, le Washington Institute on Near East Policy (WINEP) en Mai 2009, il a déclaré que le Bureau du Coordonnateur de la Sécurité des États-Unis, qu’il dirigeait depuis Décembre 2005, avait "pour but d’aider les Palestiniens à réformer leurs services de sécurité."
Mais, selon les notes d’une réunion entre Dayton et un chef de la sécurité palestinienne à Ramallah, début 2007, le véritable objectif de la mission a été révélé quand Dayton a dit :« Nous devons également renforcer vos forces en vue de s’occuper du Hamas. "

Depuis 2007, le Congrès a donné à Dayton 161 millions de dollars pour mettre en œuvre son plan. En outre, cette année, le Congrès a accordé 209 millions de dollars supplémentaires à Dayton pour les années fiscales de 2009 et 2010, afin d’accélérer son programme après avoir reçu des bonnes notes des chefs de la sécurité israélienne.
Au cours de la dernière année seulement, plus de 1000 membres du Hamas et du Jihad Islamique ont été arrêtés et détenus sans procès, et beaucoup ont été tués et torturés pendant les interrogatoires, par le personnel de sécurité palestinien formé par les États-Unis en Cisjordanie.
Amnesty International et de nombreuses autres organisations des droits de l’homme ont condamné ces actions et appelé à un arrêt immédiat des violations des droits de l’homme des détenus palestiniens dans les prisons de l’Autorité Palestinienne.

Dans son discours à WINEP, Dayton a reconnu cette répression, quand il dit, "Je ne sais pas combien d’entre vous le savent, mais depuis un an et demi, les Palestiniens se sont engagés dans une série de ce qu’ils appellent des offensives de sécurité dans l’ensemble de la Cisjordanie, étonnamment bien coordonnées avec l’armée israélienne. "
Il a en outre admis que, pendant les 22 jours de guerre à Gaza, l’hiver dernier, les forces de sécurité palestiniennes formées par les Etats-Unis ont empêché les Palestiniens de Cisjordanie d’organiser des protestations de masse contre l’armée israélienne, ce qui, ironiquement, a permis la réduction de la présence militaire israélienne en Cisjordanie en vue de redéployer ces troupes de la bande de Gaza.
Dayton a ajouté : « En fait, une bonne partie de l’armée israélienne qui est allée à Gaza venait de Cisjordanie. Pensez-y un instant et le commandant (de l’armée israélienne) a été absent (de Cisjordanie) pendant huit jours consécutifs".

Après une tentative de coup d’état raté et offensive militaire brutale qui n’a pas réussi à déloger le Hamas de la bande de Gaza, la stratégie israélienne et américaine a cherché à intensifier sa pression contre le Hamas par le biais d’un siège économique étouffant dans la bande de Gaza, des détentions de sécurité massives en Cisjordanie, une pression financière et un isolement politique international. Pendant ce temps, selon plusieurs porte-parole du Hamas, dont le Premier ministre limogé, Ismael Haniyya dans la bande de Gaza et le chef politique à Damas, Khaled Mechaal, le principal obstacle à une réconciliation nationale avec le Fatah a été la détention de centaines de membres du Hamas et la collaboration des services de sécurité de l’Autorité Palestinienne avec l’armée d’occupation sou la supervision de Dayton.

La phase suivante de cette initiative est de réinventer le Fatah et de le présenter comme une alternative viable à la politique du Hamas et des autres mouvements de résistance en améliorant les conditions de vie en Cisjordanie, contrairement aux effets dévastateurs du siège dans la bande de Gaza. Mais plus grave, le plan prévoit un nouveau Fatah qui serait considéré comme un partenaire fiable, prêt à s’accommoder des conditions d’Israël pour un règlement politique. La sixième conférence du Fatah et les élections qui en ont découlé ont donc été organisées pour se débarrasser de son image de groupe corrompu et plein de problèmes.

Depuis plus d’un an, le Comité central, l’organe suprême de par sa structure, n’a pas pu s’entendre sur de nombreuses questions importantes, dont l’endroit de la tenue de la conférence (la décision finale a été de l’organiser dans les territoires palestiniens occupés, ce qui voulait dire qu’Israël a un droit de veto sur quels délégués de l’étranger seraient autorisés à participer). Ils se sont également querellés à propos de quels délégués seraient nommés à la conférence, ce qui permettrait de déterminer la composition de la nouvelle direction, ainsi que le programme politique et le rôle de la résistance armée contre l’occupation. Abbas et son entourage ont opposé leur veto à la décision du Comité et ont décidé de tenir la conférence à Bethléem, en sélectionnant avec soin pratiquement tous les participants pour garantir le résultat des élections.

Historiquement, les délégués à la conférence nationale du Fatah étaient élus ou nommés par le Comité central, mais au moins 51% venaient de l’appareil militaire. Étant donné que la plupart de la branche armée a été dissoute ou est recherchée par les Israéliens, un grand nombre de délégués à cette conférence étaient des membres du personnel de sécurité afin de remplacer les délégués de la branche armée. Cela garantissait que les résultats de l’élection avantageraient les chefs de la sécurité et leurs partisans.

À l’origine, le nombre de délégués était censé être de l’ordre de 700. Puis il est passé à 1250 mais il s’est finalement multiplié à 2355. Moins de dix pour cent ont été élus indirectement en raison de leurs positions, alors que l’écrasante majorité a été nommée par un petit groupe de Ramallah dirigé principalement par Abbas et d’autres éminences grises telles que Dahlan et l’ancien chef de la sécurité en Cisjordanie, Jibreel Rajoub, qui avait l’habitude d’accrocher la photo de l’ancien directeur de la CIA, George Tenet, au-dessus de son bureau, à côté de celui d’Arafat.

Le nombre de membres du Comité Central a également été augmenté, passant de 21 à 23, avec 19 élus directement par les délégués. Abbas devait nommer plus tard quatre membres, et il a lui-même été choisi par acclamation, pour éviter l’embarras, s’il n’obtenait pas la première place dans une élection directe. Les 18 personnes qui ont été élues à la fin de la conférence d’une semaine ont été quatre membres de la "vieille garde", qui sont considérés comme des proches d’Abbas, et 14 nouveaux membres, dont trois sont d’anciens chefs de sécurité qui étaient proches de la CIA. Il s’agit notamment de Dahlan, Rajoub et Tawfiq Tirawi, un ancien chef des services de renseignements, qui est actuellement à la tête d’une école de formation des services de sécurité à Jéricho sous la supervision du général Dayton.

D’emblée, cette conférence a fortement bénéficié aux délégués de la Cisjordanie. Contrairement aux conférences précédentes, les Palestiniens de la diaspora ne sont guère représentés puisqu’Israël n’a autorisé l’entrée qu’à quelques personnes. Alors que la population de Gaza est égale à celle de la Cisjordanie, moins de 400 personnes ont été choisies comme délégués pour la bande de Gaza, alors qu’il y avait plus de trois fois plus de délégués de Cisjordanie.

Mais la plupart des délégués de la bande de Gaza n’y ont même pas participé parce que le Hamas les a empêchés de quitter la bande de Gaza, en exigeant en contrepartie la libération de centaines de ses membres détenus en Cisjordanie par l’Autorité Palestinienne, ce qu’elle a tout simplement rejeté. En bref, en dehors de Dahlan qui ne vit plus dans la bande de Gaza, aucune des personnes élues ne viennent ou vivent dans la bande de Gaza. Cette situation a incité l’ensemble de la direction du Fatah dans la bande de Gaza, dont l’ancien membre du Comité central, Zakariya Al-Agha, à démissionner en masse un jour après la conférence, non seulement pour protester contre les résultats, mais aussi contre l’ensemble du processus électoral.

De la même façon, les membres du Fatah à l’étranger n’ont pas mieux réussi. Seules deux personnes ont été élues au Comité Central, bien que plus des deux tiers des Palestiniens (huit millions) vivent à l’extérieur des territoires palestiniens, la plupart dans des sordides camps de réfugiés, avec dans l’air, le dossier du "droit au retour », considéré comme un dossier chaud lors des futures négociations. D’autre part, l’écrasante majorité des nouveaux membres venaient soit de Cisjordanie, soit vivaient déjà à Ramallah, en tant que proches collaborateurs d’Abbas, confirmant ainsi la stratégie des Américains : "la Cisjordanie d’abord".

Certains de la vieille garde qui s’opposent au programme politique d’Abbas comme le secrétaire du Comité Central, Farouk Kaddoumi, ou Hani Al-Hassan n’ont même pas assisté ou ne se sont pas présentés comme candidats. Kaddoumi a condamné la conférence, mis en doute sa légitimité, et a même été jusqu’à accuser Abbas et Dahlan de comploter avec les Israéliens pour empoisonner Arafat, et éventuellement avoir causé sa mort.

D’autres anciens membres qui se sont portés candidats et ont été battus et se sont fâchés. L’ancien premier ministre et négociateur Ahmad Qurai (Abou Alaa) a mis en doute les références des délégués et l’intégrité de la procédure électorale. Quand le chef d’état-major d’Abbas, Tayeb Abdel-Rahim a perdu, il a exigé un recomptage et a finalement été déclaré gagnant, après que le Comité électoral ait affirmé qu’il était en fait à égalité avec le dernier.

De nombreux délégués, notamment des femmes candidates, qui ont toutes perdu, ont critiqué ce népotisme flagrant. Néanmoins, plusieurs candidats populaires et « propres » ont réussi à gagner un siège, tels que Marwan Barghouthi, qui purge cinq peines d’emprisonnement à vie en Israël, et Mahmoud Al-Aloul, un ancien maire de Naplouse.

Alors que les Palestiniens regardaient se dérouler cette conférence, beaucoup espéraient que ce serait le début d’une réconciliation nationale et la mise en place d’un gouvernement d’unité. Toutefois, il semble qu’à la suite de cette conférence, le Fatah va se désintégrer de plus en plus, puisque ses dirigeants à Gaza et Abou Alaa menacent de lancer une nouvelle faction appelée le "Réveil du Fatah », augmentant encore plus la division et les tensions entre les Palestiniens.

La prochaine étape dans la stratégie du camp pro-américain est de tenir des élections présidentielles et législatives dans les territoires palestiniens en Janvier prochain, dans l’espoir de présenter un Fatah rajeuni comme une alternative au Hamas et aux autres mouvements de résistance.

Jonathan Steele du Guardian a dévoilé, le 22 Juin 2007, le "coup d’Etat" des Etats-Unis de Juin 2007, ainsi que sa stratégie politique. Il a détaillé les conversations des responsables américains avec plusieurs régimes arabes. Il s’agissait, entre autres, « de maintenir le président Abbas et le Fatah, comme centre de gravité sur la scène palestinienne », « d’éviter de perdre du temps en tenant compte du Hamas", "d’ébranler le statut politique du Hamas" et "d’appeler à des élections anticipées."

Selon les termes du Général Dayton, le personnel palestinien formé par les États-Unis promet, après l’obtention de leur diplôme, qu’ils "n’ont pas été envoyés ici pour savoir comment lutter contre Israël, mais plutôt qu’ils ont été envoyés ici pour apprendre comment maintenir la loi et l’ordre ».
Les principaux objectifs de ces bataillons de sécurité sont de mettre fin à toute résistance ou à tout rejet de l’occupation, y compris les moyens non-violents. Il a ensuite ajouté que les hauts commandants militaires israéliens lui demandent souvent : "Combien d’autres de ces nouveaux Palestiniens pouvez-vous produire et à quelle vitesse ?"

Beaucoup des questions posées par les Palestiniens ordinaires avant la conférence restent sans réponse. C’est quoi le programme politique du Fatah étant donné l’intransigeance actuelle et les conditions préalables des Israéliens ?
Qu’en est-il de la réconciliation nationale avec les autres factions palestiniennes et la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale ?
Quel est le rôle de la résistance contre l’occupation, le siège suffocant imposé à Gaza, et surtout, la collaboration permanente avec les agences de sécurité et l’armée israéliennes contre leurs propres citoyens ?

Ces questions persistent alors que l’occupation israélienne et sa politique brutale, l’expansion des colonies, le mur de séparation, la détention de plus de 11.000 Palestiniens, l’expropriation de terres, l’expulsion des résidents palestiniens de Jérusalem-Est et le refus du droit au retour des réfugiés palestiniens se poursuivent sans relâche.

En clair, les Etats-Unis veulent une direction palestinienne qui répondra à ces questions d’une manière qui soit satisfaisante pour Israël. Comme l’avait dit un responsable du Département d’État à Vanity Fair au sujet des objectifs des Américains dans le conflit israélo-palestinien, « Nous voulons des résultats, et [nous soutiendrons] n’importe quel fils de pute nous devrons soutenir. Dahlan était le fils de pute que nous connaissions le mieux."