Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Le revirement de Djoumblatt modifie la donne politique au Liban

Saad Hariri : victoire « à la Pyrrhus » (ndlr)

Le revirement de Djoumblatt modifie la donne politique au Liban

Mercredi, 5 août 2009 - 7h58 AM

mercredi 5 août 2009

===================================================

Reuters - La décision du leader druze Walid Djoumblatt de quitter l’alliance pro-occidentale reconduite aux élections de juin au Liban, sans pour autant s’aligner sur l’opposition soutenue par la Syrie, prive de sa majorité absolue le camp du Premier ministre pressenti Saad Hariri.
BEYROUTH (Reuters) - La décision du leader druze Walid Djoumblatt de quitter l’alliance pro-occidentale reconduite aux élections de juin au Liban, sans pour autant s’aligner sur l’opposition soutenue par la Syrie, prive de sa majorité absolue le camp du Premier ministre pressenti Saad Hariri.

Elle risque en outre de retarder la formation d’un cabinet d’unité nationale, Saad Hariri étant parti en vacances lundi soir en France, alors qu’il pensait avoir bouclé dès la semaine dernière la répartition des portefeuilles.

Ce contretemps politique a entraîné une chute de la Bourse de Beyrouth, pour la seconde journée consécutive, et poussé le président chiite de la Chambre des députés, Nabih Berri, proche de la Syrie, a réclamé une intensification des consultations.

Mais, selon un communiqué publié après une réunion des députés de son Courant du futur, Saad Hariri entend « réfléchir au calme » et « prendre une certaine distance par rapport à la chaleur du débat » politique.

L’initiative de Walid Djoumblatt, chef d’un Parti socialiste progressiste qui compte 11 députés et peut prétendre à trois portefeuilles, chamboule la donne politique dans un pays coupé en deux depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad, en février 2005.

Aux termes des accords conclus l’an dernier pour mettre fin à la crise politique, le cabinet devait compter 30 membres, dont une poignée seraient choisis par le président Michel Souleïmane pour éviter que la majorité ne dicte sa loi à l’opposition et que celle-ci ne bloque le fonctionnement du gouvernement.

« CELA NE PEUT PLUS DURER »

Walid Djoumblatt a confié à la chaîne de télévision MTV qu’il ferait alliance avec Michel Souleïmane, président de consensus dont l’élection a mis fin à la crise politique, et que ses ministres comptaient se positionner entre ceux du camp Hariri et ceux de l’opposition.

Le leader druze, qui était une des figures de proue de la coalition anti-syrienne de Hariri, semble avoir tiré les conclusions du rapprochement intervenu entre Damas et Ryad et de la fin de l’isolement de la Syrie par l’Occident.

Walid Djoumblatt avait déjà édulcoré ses positions depuis que le Hezbollah et ses alliés pro-syriens avaient défait ses miliciens lors d’affrontements en mai 2008.

En juin, il avait rencontré pour la première fois le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, amorçant ainsi un dégel avec le dirigeant chiite qu’il accusait auparavant de jeter de l’huile sur le feu dans la crise politique.

Ce rapprochement s’est accompagné d’une critique croissante de ses partenaires chrétiens, les Forces libanaises de Samir Geagea et le Parti phalangiste de l’ex-président Amin Gemayel, deux milices qu’il avait combattues lors de la guerre civile de 1975-90.

« Nous nous sommes alliés, durant une certaine période, sous l’étendard du 14 mars, par nécessité. Mais cela ne peut plus durer », a dit Djoumblatt dimanche aux cadres de son parti.

Il s’est prononcé en outre pour une nouvelle page dans les relations avec la Syrie, dont il était aussi un proche allié durant la guerre civile, et il a renié ses contacts avec les dirigeants néo-conservateurs de l’administration de George Bush.

Version française Marc Delteil