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De retour de Syrie

Un peuple de plus, et ceux qu’il accueille, sous la menace

Mouvements de troupes US à la frontière Irako-Syrienne

samedi 12 novembre 2005

Depuis fort longtemps, sur la quasi totalité des sites ou supports média s’intéressant à la Palestine, le sort des réfugiés est relégué en queue de liste des préoccupations prioritaires ; comme si, pour cette partie importante de la population palestinienne, une sorte de statu-quo pouvait lui permettre indéfiniment d’attendre que ses droits soient mieux reconnus.

Certes, la violence au quotidien dans les Territoires occupés, ou soi-disant récemment « libérés », est un élément important de l’ensemble de la problématique israélo-palestiniene, certes, la construction inique d’un mur de l’apartheid est une arme de destruction massive de l’unité territoriale d’une nation naissante, certes, le renforcement de la colonisation en Cisjordanie, toujours occupée, témoigne, si besoin est, de la volonté colonialiste de l’Etat agresseur qui peut par ailleurs se prévaloir d’avoir créé la plus grande prison du monde, certes, le « tir au Palestinien » devient un épouvantable acte quotidien presque banalisé, MAIS, il n’en demeure pas moins que, de l’extérieur, les réfugiés palestiniens contemplent, avec tous les sentiments qu’il est facile d’imagner,le traitement odieux dont sont victimes leurs compatriotes de l’intérieur.

Il est important de ne pas négliger cette composante de la société palestinienne à qui des sorts divers sont réservés suivant qu’ils se trouvent au Liban, en Syrie, en Jordanie ou......ailleurs.

Des membres de la Coordination de l’Appel de Strasbourg viennent de faire un second séjour en Syrie et plus particulièrement dans deux camps de réfugiés palestiniens de Damas et dans un camp près d’Alep dans le nord du pays .Visite, engagement à long terme concret dans des actions concrètes et résultats concrets immédiats à la clé.

Dans ce pays de vieille civilisation, on a su garder les coutumes séculaires d’accueil et les réfugiés, intégrés dans les villes ou isolés de celles-ci, ont la chance de ne faire, de la part du peuple syrien, l’objet d’aucun ostracisme, d’aucune ségrégation ; il en résulte une cohabitation bien agréable à contempler et bien loin des clichés falsifiés que d’aucuns répandent, tentant de persuader leurs lecteurs ou leurs auditeurs du total désintérêt des autres peuples arabes pour le sort des Palestiniens.

La rencontre de plusieurs générations de réfugiés, dont certains connaissent ce sort depuis plus de 50 ans, est édifiante et permet de mieux saisir le contexte dans lequel ces millions de Palestiniens forcés à l’exil, évoluent, réfléchissent et préparent leur avenir et celui de leurs enfants.

En résumé, pas un ne renonce à se battre pour son inaliénable Droit au retour, pas un ne songe à changer de nationalité, pas un ne baisse les bras. La culture, sous tous ses aspects, est en frontal et c’est avec une profonde émotion que, dans une maternelle d’un camp, il nous a été donné de rencontrer quelques enfants dont un de 5 ans qui.............savait lire et qui, au milieu de ses 115 petits camarades entassés dans deux pièces de 20 m2 chacune, nous chantait, en leur compagnie, une chanson de bienvenue longue de plusieurs strophes.

Ou cet autre jeune homme d’une vingtaine d’année qui nous citait Molière, Baudelaire et Lamartine, sans oublier bien sûr Darwich et Edward Saïd.

Hors de Palestine occupée, une population est prête à venir grossir les rangs des prisonniers à ciel ouvert de Gaza, à venir réchauffer, par leur présence, le coeur meurtri des prisonniers du Mur circulaire de Qualandia, à aider les habitants d’Hébron à oublier qu’une poignée de colons extrémistes, soutenus par des soldats trois fois plus nombreux qu’eux, sème la terreur dans une population qui ne souhaite que vivre en paix.

La convivialité dont fait preuve le peuple syrien vis à vis de ces réfugiés témoigne que ce pays, tant décrié, tant montré du doigt par les va-t’en guerre de l’hégémonique coalition colonialiste, peut être fier de ses citoyens et que toute atteinte à ceux-ci, au nom du père puis du fils qui, de Droit divin, se permettent de désigner les composantes de l’axe du mal, constituerait un crime de guerre supplémentaire à porter à leur passif déjà si pesant.

Réintégrer les réfugiés dans nos préoccupations est un devoir sans l’accomplissement duquel nous n’aurions que bien imparfaitement participé à aider le peuple palestinien dans son entier à recouvrer ses droits, rien que ses droits mais tous ses droits.

(à suivre)