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Commentaires de la rédaction en fin de l’article en français. Anglais en 2è partie.

« Commencez par les avant postes »

Source : Ha’aretz et Yoel Marcus - Mercredi, 22 juillet 2009 - 11h32

mercredi 22 juillet 2009

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Le comportement de l’administration des Etats Unis envers Israël est en train de changer. Et pas dans le bon sens. La considération, la sympathie, l’estime que montraient les présidents des Etats Unis à l’égard d’Israël ne sont plus ce quelles étaient, tout au moins depuis l’élection d’Obama. Même lorsque leurs présidents et nos premiers ministres se détestaient, comme Menachem Begin et Jimmy Carter par exemple, cela ne les empêchait pas de travailler ensemble pour réaliser un traité de paix.

Les relations entre les présidents des Etats Unis et les premiers ministres israéliens ont connu des hauts et des bas, pour ne rien dire des accords mort-nés. Le sommet entre Ehud Barak, Yasser Arafat, et Bill Clinton à Camp David n’était pas convenablement préparé et a conduit à l’Intifada la plus sanglante de toutes. George H.W. Bush [ le père – ndlr ] a refusé de nous donner des garanties financières en raison du refus de Yitzhak Shamir de participer à une conférence internationale avec les Palestiniens.

George W. Bush admirait Ariel Sharon et était très peu exigeant pour s’entendre avec Israël. Nous avions la vision de Bush, nous avions la feuille de route et même Annapolis, et rien n’est sorti de tout cela.

Et il y avait aussi cette dispute entre Menachem Begin et le plus populaire des ambassadeurs des Etats Unis à Tel Aviv, Samuel Lewis, à qui Begin avait posé la fameuse question, certes toute rhétorique « Sommes-nous un état vassal ? » Cela s’est produit lorsque l’ambassadeur a annoncé la suspension du mémorandum d’ coordination stratégique entre les deux pays à la suite du vote par la Knesset de la « loi du Golan » [ décision de la Knesset du 11 novembre 1991 – ndlr ] sans consultation des Etats Unis.

Qui se serait attendu à voir Binyamin Netanyahu jouer le rôle du Begin du pauvre ? A l’ouverture d’une réunion de cabinet cette semaine, répondant à la protestation de l’administration des Etats Unis à propos du plan de construction à Jérusalem Est, il a déclaré « Notre souveraineté sur la vile n’est pas susceptible d’appel. »

Obama a rendu un fier service à Bibi en sautant du gel de la construction dans les implantations directement à Jérusalem.

Cette altercation ne laisse rien présager de bon.

Nous ne nous attendions pas à une querelle publique après le discours d’Obama au Caire et la réponse de Bibi à Bar-Ilan. Aucun de ces deux discours n’a d’ailleurs changé quoi que ce soit. Les Palestiniens restent calmes ; pas un seul buisson n’a été déraciné dans les territoires occupés [ Faux. Curieux, ce manque d’informations ! – ndlr ] et pas un seul balcon n’est resté inachevé en raison d’un gel des constructions.

A ce stade, alors que le prestige d’Obama est en jeu, l’administration va vraisemblablement produire son propre plan, avec ou sans coordination avec Israël, et peut-être même un plan qui consiste en un règlement forcé. Pour autant que je sache, Ehud Barak est au travail -avec l’accord de Bibi – pour élaborer un partenariat qui s’accorde avec un plan des Etats Unis. Allez donc voir si sa semaine de vacances en Irlande est vraiment en Irlande et est véritablement consacrée à des vacances.

Et voyez donc si les envoyés d’Obama ne parlent que d’un gel du problème Palestinien ou s’il est également question d’un arrangement avec la Syrie. Il y a peut-être des discussions entre Israël et les Etats-Unis, et peut-être qu’il n’y en a pas.

De toutes façons, ceux qui pensent que nous aurons les Etats Unis à l’usure font erreur. Pourquoi ? Parce que ce conflit impose aux Etats Unis de choisir leur camp. Et chaque option a un prix à payer.

« L’intérêt stratégique des Etats-Unis résulte, entre autres, du fait qu’ils ne sont pas intéressé par la nécessité de payer un prix pour choisir leur camp, » déclare Dan Halperin, un expert sur les relations Etats Unis – Israël.

L’attitude de l’administration Obama à notre égard devient de plus en plus formelle. Ils ont concentré le conflit sur les implantations, comme si la résolution de ce problème allait apporte une solution à l’ensemble du conflit et que 100 années de haine allaient disparaître en un clin d’oeil. Comme si la construction d’une pièce supplémentaire pour un famille qui vient d’avoir des jumeaux allait décider qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas la paix.

Une situation inextricable au Proche Orient conduit à la terreur. Un blocage politique dans cette région affaiblit également Obama, qui doit résoudre la menace Iranienne [ quelle menace ? - ndlr ]. Il n’est pas bon pour nous que Mahmoud Ahmadinejad parvienne à la conclusion qu’Obama n’est après tout qu’un président-microphone – quelqu’un dont les mots parlent plus fort que les actes.

Notre réputation nous précède, et elle est celle d’arnaqueurs qui refusent de comprendre les suggestions. Cette fois-ci, la suggestion concerne le danger d’une confrontation avec les Etats-Unis. Il est certainement vraisemblable qu’ils ne feront rien qui puisse mettre en danger la sécurité d’Israël, comme le pense le général Mendy Meron, mais notre statut supérieur dans le monde, qui est dû à nos relations spéciales avec les Etats-Unis, pourrait bien être mis en péril.

On pense qu’Obama présentera son plan en septembre prochain. Avant d’avancer toutes nos conditions et nos exigences à l’égard des Palestiniens, il : est important qu’Israël fasse les quelques gestes qu’il a entrepris. Un beau jour, il devra bien démanteler les 23 avant poste illégaux. Non pas pour Jérusalem, ni pour les Palestiniens, ni pour Obama.

Mais pour notre image d’état respectueux de la loi.

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Commentaires de la rédaction :

Quel plaisir, au fond, de lire un article qui laisse l’hypocrisie au vestiaire. Enfin presque. Car nous sommes lassés des pleurnicheries habituelles du journalisme sioniste, et le cynisme qui est le fond de cet article a quelque chose de salutaire.

Cela dit, il nous fait bien encourager les chroniqueurs entitesques à aller jusqu’au bout de leur effort, et à sortir toute leur tête du sable chaud où il fait si bon dormir à l’abri des criailleries de ces sauvages d’arabes grâce au parapluie déployé par le bras étasunien contrôlé par l’AIPAC et consorts.

Car enfin, il faut un certain aplomb pour écrire « Ils ont concentré le conflit sur les implantations, comme si la résolution de ce problème allait apporte une solution à l’ensemble du conflit et que 100 années de haine allaient disparaître en un clin d’oeil. Comme si la construction d’une pièce supplémentaire pour un famille qui vient d’avoir des jumeaux allait décider qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas la paix. »

Est-ce qu’il a une idée de ce que c’est d’avoir les trois quarts de son pays volés par des étrangers aux prétentions loufoques (un décret du Tout Puissant !), sans même avoir le droit de vivre autrement que sous occupation militaire dans le petit morceau qu’ils n’ont pas encore formellement annexé.

Et donc cela a quelque chose d’outrageant de présenter la construction « d’une chambre supplémentaire pour les jumeaux » comme un épisode insignifiant auquel on veut bien renoncer si Obama y tient tant que ça ;

Nous trouvons par ailleurs fort suspecte l’expression de ce journaliste, qui parle des « 23 avant-postes illégaux. ». Comme si les autres, tous les autres, ne l’étaient pas eux aussi, illégaux. Comme si l’entité sioniste avait le droit d’édicter des lois en dehors du territoire que lui a reconnu la lâcheté de la communauté internationale, celui qui est délimité par la Ligne Verte.

Messieurs les sionistes, il faudra bien un jour vous résoudre à regarder la réalité en face : vous n’êtes pas plus les petits chéris du Bon Dieu que les autres hommes !

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et voici le texte en anglais :

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Tue., July 21, 2009 Tamuz 29, 5769

Start with the outposts

By Yoel Marcus

The American administration’s body language toward Israel is changing for the worse. The consideration, sympathy and esteem American presidents have toward Israel are not what they used to be, at least not since Obama’s election. Even when their presidents and our prime ministers loathed each other, like Menachem Begin and Jimmy Carter for example, it did not stop them from working together to achieve a peace treaty.

Relations between American presidents and Israeli prime ministers have had their ups and downs, not to mention abortive agreements. The Ehud Barak, Yasser Arafat and Bill Clinton summit at Camp David was not properly prepared for and led to the deadliest intifada of all. George H.W. Bush revoked our guarantees because of Yitzhak Shamir’s refusal to participate in an international conference with the Palestinians.

George W. Bush admired Ariel Sharon and was very easy for Israel to get along with. We had Bush’s vision, we had the road map and even Annapolis, and nothing has come out of any of them.

And there was also a quarrel between Menachem Begin and the most popular American ambassador to Israel, Samuel Lewis, toward whom Begin asked the famous rhetorical question "Are we a vassal state ?" It happened when the ambassador announced the suspension of the strategic memorandum of understanding between the two countries following the Knesset’s passing of the Golan Law without consulting America.

Who would have believed we’d see Benjamin Netanyahu in the role of a poor man’s Begin ? At the open part of the cabinet session this week, in response to the American administration’s protest of the plan to build in East Jerusalem, he said, "Our sovereignty over the city is not subject to appeal."

Obama played into Bibi’s hands when he jumped from the construction freeze in the settlements directly to Jerusalem.

This altercation does not bode well. We did not expect a public quarrel after Obama’s Cairo speech and Bibi’s answer at Bar-Ilan. Both those speeches didn’t move anything anyway. The Palestinians are keeping quiet ; not a single bush has been uprooted in the territories and not one balcony has been frozen out of construction.

In this state of affairs, with Obama’s prestige in the balance, the administration will likely initiate its own plan, with or without coordination with Israel, perhaps even one consisting of a forced arrangement. To the best of my knowledge, Ehud Barak is acting - with Bibi’s agreement - to forge a partnership with an agreed upon American plan. Go see if the one-week vacation Barak has taken in Ireland is really in Ireland and is indeed a vacation.

And see if Obama’s envoys are talking only about the standstill vis-a-vis the Palestinian issue or also about an arrangement with Syria. Perhaps there are talks between Israel and the Americans and perhaps there aren’t.

In any case, anyone who thinks we’ll exhaust the Americans is wrong. Why ? Because the conflict requires the Americans to choose sides. Each choice has a price tag.

"The United States’ strategic interest derives, among other things, from having no interest in paying the price for choosing sides," says Dan Halperin, an expert on U.S.-Israeli relations.

The Obama administration’s attitude toward us is becoming increasingly formal. They focused the conflict mainly on the settlements, as though if this problem were solved the entire conflict would be solved and 100 years of hatred would disappear in a blink of an eye. As though the building of one additional room for a family who had twins will determine whether or not there is peace.

Political deadlock in the Middle East produces terror. A political standstill here also weakens Obama, who must solve the Iranian threat. It is also not good for us should Mahmoud Ahmadinejad reach the conclusion that Obama is nothing more than a microphone president - one whose words speak louder than his actions.

Our reputation precedes us as tricksters who don’t understand hints. This time it’s the hints about the danger in a confrontation with the United States. It may not do anything to harm Israel’s security, as Brig. Gen. (res.) Mendy Meron believes, but our superior status in the world, due to special relations with the United States, could be seriously impaired.

Obama is expected to present his plan in September. Before we submit all our conditions and demands from the Palestinians, it’s important for Israel to implement all the things it has undertaken to do. One fine day it must dismantle all 23 illegal outposts forcibly. Not for Jerusalem, not for the Palestinians and not for Obama - but for our image as a law-abiding state.

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